La moitié des salariés en télétravail d'ici à 2015

La menace d'une pandémie de grippe A a certes récemment mis le télétravail au goût du jour dans les entreprises, la France n'en accuse pas moins un retard très conséquent dans ce domaine. C'est la première conclusion du rapport du conseil d'analyse stratégique (CAS) publié cette semaine à la demande de la secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet, et qui classe la France au 13e rang des pays de l'OCDE pour le développement de cette pratique. Tandis que plus de 20% des travailleurs sont concernés par le télétravail dans les pays du Nord de l'Europe (aux Pays-Bas, en Finlande et au Danemark), la France n'atteint que la faible proportion de 7%.

Les obstacles pointés du doigt par le CAS sont avant tout de nature culturelle : l'attachement particulier des Français à leur travail, duquel ils attendent plus qu'ailleurs reconnaissance et épanouissement, des structures organisationnelles favorisant encore peu l'autonomie et le fonctionnement en réseau, la méfiance des partenaires sociaux… autant de facteurs qui ont pu favoriser un développement anémique.

Les abus restent rares
Pourtant, le rapport du CAS se montre optimiste quant à ses perspectives. Se fondant sur la «télétravaillabilité» des futurs emplois, l'institut entrevoit la possibilité d'une proportion de 40 à 50% de la population active gagnée à cette pratique d'ici dix ans. Plusieurs grosses entreprises en France s'y sont récemment ralliées : Michelin depuis mai dernier, Renault depuis 2007, Microsoft France à l'occasion du déménagement du siège à Issy-les-Moulineaux en début d'année… Le fournisseur d'équipements informatiques Cisco remarque de son côté depuis quatre ans une hausse régulière de la demande d'outils favorisant le télétravail - applications permettant conférences téléphoniques, visiophonie ou partage de documents -.

Quel bienfait peut-on en attendre ? Si le rapport souligne qu'il ne faut guère compter sur le télétravail pour accroître le taux d'emploi des séniors, il est un incontestable moyen d'améliorer le confort des salariés en permettant une meilleure conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée.

Chez Alcaltel-Lucent France, où 25% des 7.000 salariés travaillent partiellement à distance, on en est convaincu. Au point que le nombre de télétravailleurs a été doublé entre 2008 et 2009. Alors que la moitié des salariés du d'Alcatel-Lucent France ont moins de 45 ans, leur offrir la possibilité de faire plus facilement face à leurs obligations familiales, ou de s'épargner de longues heures de transport, constitue «un réel avantage concurrentiel» explique Didier Baichère, DRH d'Alcatel-Lucent France. Plus encore, le télétravail partiel deux jours par semaine maximum, afin de ne pas rompre le lien social avec l'entreprise a permis à l'entreprise de télécommunication d'accroître la qualité du travail fourni par ces salariés moins soumis au stress. Si l'on ajoute à ces avantages celui du constat dressé par le rapport d'un faible taux d'abus, on obtient vraisemblablement tous les ingrédients d'un système amené à se développer.

Bertolt_Brecht a écrit:Et une autre qualité de vie

Je n'ai pas un pimpin qui rentre dans mon bureau

ou le téléphone qui sonne toutes les 10 mn

et je peux dépoter beaucoup plus rapidement et en toute détente