La Web-bataille des européennes

Guerre des vidéos, invasion des réseaux sociaux et des commentaires des sites d'info... La bataille pour les européennes se déploie sur le Net. Mais si la course à la viralité est engagée, l'interaction avec les internautes a du mal à s'installer. Décryptage avec les blogueurs Palpitt et Arnault Coulet.

Entre pizzas et notebooks, une poignée de blogueurs et gourous du Web ont rencontré lundi soir le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand. Objectif: faire le point sur le portail du parti pour les européennes. Un site que le dirigeant de l'UMP avoue ne pas consulter régulièrement. Mais l'ancien ministre en est certain: une campagne politique "ne peut plus se faire sans Internet". Alors, comme tous les lundis, le monsieur Web 2.0 du gouvernement, Vincent Ducrey, conseiller de Luc Chatel, décrypte la campagne numérique.
Ce soir-là, la conversation s'attarde sur une faiblesse du site UMP: le programme du parti est en ligne, mais sa présentation est jugée trop lourde, trop peu interactive.

Facebook Connect, ou FB Connect, est un module qui permet de lier votre profil Facebook avec un autre site. Vous vous connectez sur le site en question avec vos identifiants Facebook. Les actions que vous y effectuez (commentaires, articles..) s'affichent alors sur votre profil Facebook.



A l'instar du parti présidentiel, toutes les listes en présence pour ces Européennes entendent marcher dans les traces de la campagne en ligne d'Obama. Enjeu: maîtriser le Net pour diffuser leurs messages et occuper les nouveaux espaces numériques. Tous misent naturellement sur le levier du réseau social Facebook. L'UMP a même créé une cellule dédiée de trois personnes. Comme le site du PS ou celui d'Europe Ecologie, la plateforme de la majorité présidentielle propose de se connecter sur le site avec son profil facebook via le module FB Connect. Tous les partis ont également une page sur le site du réseau social. Elle est parfois propre à la campagne, comme celle d'Europe Ecologie - la plus populaire, avec ses 2100 amis. D'autres groupes politiques préfèrent animer la page du parti avec des notes ou des vidéos de la campagne, à l'image du Front National.
Des outils plus originaux font également leur apparition, comme la tract machine socialistes. Et pour annoncer leurs apparitions médiatiques, beaucoup de politiques se sont installés (sans pourtant bien l'appréhender) sur le dernier outil de micro-blogging à la mode, Twitter.







Le parti socialiste propose à ses militants une tract machine pour les élections européennes


Du Web 2.0, les politiques se sont approprié la viralité. La campagne européenne a ouvert le champ à une guerre des vidéos. Toutes ne sont pas du meilleur goût, mais le libdub participatif d'Europe Ecologie, les vrais-faux doublages cinéma de Libertas ou les parodies des publicités Apple par le Parti Socialiste, voire les productions du Parlement européen, se sont largement échangés entre les internautes.




Les militants sont également mobilisés pour faire la promotion des partis dans les commentaires des principaux sites d'information. Le guide du Cybermilitant de Libertas explique en détail où et comment diffuser la bonne parole. Quant aux jeunes socialistes du MJS, leur militantisme en ligne est récompensé avec l'opération Cinq Etoiles, qui distingue les régions les plus actives sur le Web.
Mini-portraits des militants en home du site, ouverture des articles aux internautes... La plupart des groupes politiques ont voulu laisser une place au participatif. Parmi les sites, le plus interactif reste celui des démocrates, avec ses blogs et ses forums. Problème: le lien avec le site officiel des européennes reste trop ténu pour être vu de tous. Europe Ecologie propose également des groupes, des blogs collectifs et des google maps. Autre plateforme star de la campagne, le réseau Ma Libertas. L'internaute peut s'y faire des cyber-amis, reçoit régulièrement des mails pour lui proposer des rendez-vous, des tests de mini-jeux ou la diffusion d'une vidéo.

Sur le réseau Ma Libertas, les militants rejoignent des groupes, s'envoient des messages et montent en grade selon leur implication

Connectés entre eux, hyper-réactifs, les militants sont les cibles et les animateurs des plateformes, qui coordonnent également leurs actions hors ligne - au risque de délaisser les internautes moins impliqués. Europe Ecologie et l'UMP tentent timidement de permettre à chacun de poser ses questions aux élus. Mais la fonction, peu valorisée, n'est que rarement utilisée. Et certaines remarques des internautes restent sans réponse plusieurs jours après leur publication...
Un web campagne faite par les militants et pour les militants? Arnault Coulet, blogueur sur Netpolitique, décrypte : "Obama a ouvert sa campagne à TOUS les internautes, ce qui contraste fondamentalement avec la tradition française. [...] En France, il n'y a pas de logique d'ouverture aux sympathisants, de conquête."
"C'est le modèle du réseau social à la Facebook qui semble s'être imposé, conclut le blogueur Palpitt. On se connecte, on ajoute quelques amis et on rejoint un groupe ou on créé un évènement. On multiplie les points d'accroche mais la présence des élus s'en retrouve diluée: plusieurs de leurs profils ne sont pas ou peu mis à jour en dehors des activités automatisées (comme la mise à jour d'un blog). Et les équipes de campagne masquent mal l'absence de leurs têtes de liste sur des médias éminemment personnels.