Obama lance la bataille de l'assurance-maladie
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Obama lance la bataille de l'assurance-maladie
Obama lance la bataille de l'assurance-maladie
Laure Mandeville, correspondante à Washington
05/03/2009 | Mise à jour : 20:08 |
Un vaste dossier !
Mais qui nous prouve combien il est important pour nous , de tout mettre en oeuvre pour que notre SS ne sombre pas et redresse sa situation budgetaire .
Laure Mandeville, correspondante à Washington
05/03/2009 | Mise à jour : 20:08 |
Barack Obama, qui a nommé jeudi Khathleen Sebelius à la tête du département de la Santé, veut faire de la réforme du système social américain l'un des grands chantiers de son mandat. Crédits photo : AP
Si 45 millions d'Américains n'ont aucune couverture médicale, le système n'en est pas moins ruineux pour le Trésor fédéral. Un argument qui pourrait convaincre l'opposition.
Les Américains ignorent les charmes de l'État providence. En matière de santé, plus de 45 millions de citoyens sont livrés à eux-mêmes : sans couverture médicale, ils en sont réduits à prier le ciel de ne pas tomber malades. Dans un CD préparé par la Maison-Blanche, qui va servir à mobiliser l'opinion en faveur de la réforme du système, un pompier raconte comment nombre d'habitants de la petite ville où il travaille ne peuvent être transportés en ambulance en cas d'urgence, car ils n'ont pas les moyens de payer. Le nombre de personnes mortes dans les couloirs des hôpitaux, où elles ne sont pas traitées faute d'assurance, est aussi honteusement élevé.
Réduire les coûts
Jugeant cet état de fait «indigne» des standards américains, Barack Obama a promis de faire de la réforme du système l'un des dossiers phares de son mandat. Dans son allocution récente devant le Congrès, il a promis de régler le problème «cette année», échéance ambitieuse en pleine tempête financière, qui devrait se heurter à l'opposition virulente du camp républicain et des lobbies antiréforme. «Je sais qu'ils se préparent à la bataille, mais voici mon message à leur intention. Moi aussi», a-t-il averti, résolu à étendre la couverture maladie à toute la population.
Mais, pour le président, cette extension de la protection médicale doit absolument aller de pair avec la réduction urgente des coûts du système actuel, selon lui obsolète. Lors d'un grand forum consacré hier à ce dossier à la Maison-Blanche, Obama a insisté sur l'urgence non seulement sociale, mais budgétaire de sa réforme, affirmant qu'il ne s'agissait pas seulement «d'alléger les coûts grandissants qui pèsent sur les familles, mais de sauver les entreprises et le budget de l'État», «dévorés par l'envolée des coûts», qui ont augmenté 4 fois plus vite que les salaires ces dix dernières années. «La plus grande menace pour la santé budgétaire de l'Amérique est le coût exorbitant de l'assurance médicale », a martelé Obama.
Dans la présentation de son budget, le président a fait figurer un fonds de 634 milliards de dollars sur dix ans pour financer son projet de santé. C'est Kathleen Sebelius, gouverneur démocrate du Kansas qui a été choisie par Obama comme secrétaire à la Santé, après le désistement de Thomas Daschle pour une affaire d'impôts impayés. Elle sera épaulée par Nancy-Ann DeParle, ancienne de l'Administration Clinton, nommée à la Maison-Blanche comme directrice du Bureau de la réforme de la santé.
Lors du premier mandat de Bill Clinton, la réforme de l'assurance-maladie, battue en brèche par un front de puissants lobbies structurés par l'opposition républicaine, s'était lamentablement ensablée, portant un coup très dur au premier mandat du président démocrate et à sa femme, Hillary, en charge du dossier.
Mais la situation a changé, affirment aujourd'hui les défenseurs de la réforme, persuadés de pouvoir constituer un front beaucoup plus puissant qu'à l'époque Clinton. Les démocrates disent avoir tiré les leçons de leurs échecs passés pendant leur traversée du désert et cristallisé autour d'eux nombre d'ONG, de lobbyistes et d'intérêts économiques capables de les soutenir dans la bataille.
S'inspirant de la méthode du gourou de l'équipe Bush, Karl Rove, ils ont mis sur pied toute une série de structures comme Media Matters for America ou le Center for American Progress, capables de mobiliser l'opinion publique. Ralph Neas, un lobbyiste influent a été embauché pour superviser une grande partie de la stratégie d'attaque, par la National Coalition on Health, qui a pris date avec d'influents bloggeurs. Le combat ne va pas consister à «laisser Barack Obama se faire clouer au pilori en solitaire par les intérêts spéciaux comme cela fut le cas dans les années 1990», avertit John Podesta, ex-pilier de l'équipe Clinton, aux commandes du Center For American Progress.
La grande force du projet Obama est qu'il répond aux angoisses de nombreuses entreprises privées, incapables d'assurer plus longtemps le financement de l'assurance de leurs salariés, et donc forcées de licencier massivement. Wall Mart ou ATT ont déjà rejoint les rangs de la coalition proréforme. Le pari d'Obama est que beaucoup d'autres devraient suivre. «Toutes les options sont sur la table, a-t-il lancé hier pour tenter de rallier aussi des républicains à sa cause. La seule option qui n'y est pas est le statu quo.»
Un vaste dossier !
Mais qui nous prouve combien il est important pour nous , de tout mettre en oeuvre pour que notre SS ne sombre pas et redresse sa situation budgetaire .
Re: Obama lance la bataille de l'assurance-maladie
ÉTATS-UNIS • Obama résiste mal à la tentation française
A force de trop s'inspirer de la France, le président des Etats-Unis finit par oublier les valeurs américaines. Une erreur grossière, estime le chroniqueur Roger Cohen.
Roger Cohen
The New York Times
http://www.courrierinternational.com/article.asp?prec=0&suiv=4820&page=2&obj_id=95344
A force de trop s'inspirer de la France, le président des Etats-Unis finit par oublier les valeurs américaines. Une erreur grossière, estime le chroniqueur Roger Cohen.
L'écrivain français François Mauriac a dit un jour, pendant la guerre froide, qu'il aimait tant l'Allemagne qu'il était ravi qu'il y en ait deux. Après ce que l'Allemagne avait infligé à la France avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, c'était compréhensible. Pour paraphraser Mauriac, j'aime la France, mais je ne tiens pas à ce qu'il y en ait deux, surtout si la deuxième se trouve aux Etats-Unis. Comprenez-moi bien, je pense que la contre-révolution du président Obama va dans le bon sens. Après les excès de la déréglementation reaganienne et le désastre dont ont accouché des marchés livrés à eux-mêmes, il était temps que la balance penche de l'autre côté.
Malgré tout, le budget de 3 600 milliards de dollars [2 860 milliards d'euros] de Barack Obama me met un rien mal à l'aise. Cet "étatisme"* – où l'Etat, loin d'être un problème, est la solution à tout – a un petit côté français. Pas si petit que ça d'ailleurs, quand le nouveau président joue les moralistes en s'en prenant aux riches et présente ses projets comme "une menace pour le statu quo à Washington". Il est évident que cette proposition de budget incarne une position maximaliste que le Congrès va essayer de dégonfler. Obama en est conscient. Mais les objectifs et les ambitions du président restent d'une portée époustouflante. Pour tout le monde, du secteur du gaz et du pétrole aux compagnies pharmaceutiques, le message est clair : qu'on leur coupe la tête !
J'avais tendance à considérer Obama comme un Talleyrand plutôt que comme un Robespierre. Je continue de croire qu'il est plus centriste et rassembleur que révolutionnaire. Il le faut. L'argent n'a jamais été plus instable qu'aujourd'hui. Si l'on châtie le capital, il se vengera, en nous disant "Hasta la vista !" Il y a un peu plus d'un quart de siècle, l'ancien président français François Mitterrand l'a appris à ses dépens quand, après une première vague de nationalisations, il a fait marche arrière. Obama sera aussi obligé de s'adapter et de faire des concessions, tout en gardant à l'esprit ses objectifs clés, comme le fait d'offrir une couverture santé aux 45 millions d'Américains qui ne sont pas assurés. Mais ce faisant, il devra veiller à préserver l'esprit de l'Amérique, sans lequel la reprise finira par s'enliser.
J'ai vécu pendant une dizaine d'années en France, avant de revenir aux Etats-Unis. Personne de sensé n'abandonnerait les multiples plaisirs sensuels, esthétiques et gastronomiques du savoir-vivre* français pour l'impitoyable champ de bataille de l'ambition américaine, sauf pour un unique facteur : l'idée que tout est possible. La possibilité, on la reconnaît dès qu'on la voit. Pour un immigré, elle se trouve dans la souplesse de l'identité américaine, dans l'infini des horizons américains, après l'étroitesse du nationalisme européen et les attentions étouffantes de l'Etat-providence européen, qui donne souvent plus envie de ne pas travailler que le contraire. Le fort taux de chômage que connaît la France n'a d'ailleurs jamais été véritablement un mystère. Les Américains, du moins dans leurs rêves, ont toujours vécu sur la nouvelle frontière. Les frontières françaises, elles, n'ont pas beaucoup changé depuis des siècles. L'Amérique produit, c'est comme ça qu'elle vit. Des entreprises naissent, croissent, chutent et disparaissent, et d'autres les remplacent. La remarquable capacité d'innovation, de réinvention des Etats-Unis est liée à cette façon d'accepter l'échec. Ou, du moins, l'a toujours été. Sans échec, la culture du risque s'étiole. Sans risque, c'est la créativité qui s'estompe. Sauvez les zombies, et vous saboterez ce qui est vital. Que l'Amérique perde contact avec ces réalités, et elle cessera d'être elle-même.
Si les "Big Three" [les trois grands constructeurs automobiles américains], la tête dans le sable, ont fabriqué les mauvais modèles avec les mauvaises technologies pendant des années tandis que leurs concurrents s'adaptaient, il est selon moi inévitable que l'un d'entre eux, Chrysler, probablement, paie les pots cassés. Qui dit faillite ne dit pas forcément liquidation.
Je sais, nous vivons des moments exceptionnels. C'est incontestable, le "Décideur" [surnom de George W. Bush] nous a laissés avec une débâcle sur les bras. Le président Obama, qui en a hérité, est un peu le patron des administrateurs fiduciaires chargés de gérer la banqueroute nationale. Le temps n'est plus à l'espoir. Aujourd'hui, on ne parle plus en milliards, mais en milliers de milliards, on vit jusqu'à 80 ans plutôt que jusqu'à 70, du moins c'est ce que l'on nous dit. Vous vivrez donc suffisamment longtemps pour voir où toutes ces dettes accumulées après avoir déversé des tombereaux d'argent dans le puits sans fond d'AIG, et des autres spécialistes des escroqueries à leviers, ont conduit le pays.
On nous assure que l'effondrement de l'assureur AIG représenterait un "risque systémique", mais si quelqu'un, au sein de l'équipe Obama, pouvait m'expliquer pourquoi dans un langage simple, cela me ferait un bien fou. Chacun, désormais, choisit son camp. "Puisqu'ils tentent de nous entraîner dans la direction de l'Europe où l'Etat est omniprésent, nous allons devoir nous battre comme jamais auparavant pour garantir que l'Amérique reste l'Amérique", a ainsi déclaré Mitt Romney, l'ex-candidat républicain à la présidentielle. Il a tout compris de travers. Ce sont les républicains sous Bush qui ont détruit l'économie américaine et ce que l'Amérique représentait aux yeux du monde. Mais cela ne change rien au fait qu'Obama, dans sa contre-révolution destinée à restaurer l'Amérique, doit prendre garde à ne pas succomber à la tentation française.
Dans toute tragédie grecque qui se respecte, l'orgueil, ou l'excès d'arrogance, aboutit inexorablement au châtiment, au jugement divin et même, au bout du compte, à une destruction totale. Les Etats-Unis subissent de plein fouet un châtiment post-Bush. C'est par leurs valeurs fondamentales, non francisées, que passe le long chemin vers la rédemption.
Roger Cohen
The New York Times
http://www.courrierinternational.com/article.asp?prec=0&suiv=4820&page=2&obj_id=95344
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