et ça continue aux USA

La Bourse de New York a continué sa chute mardi, terminant en baisse pour la cinquième séance consécutive, sans trouver le moindre réconfort dans les multiples initiatives de la Réserve fédérale américaine (Fed): le Dow Jones a lâché 5,11% et le Nasdaq 5,80%.

En deux jours, l'indice vedette Dow Jones a ainsi chuté de 8,5%.


L'indice élargi Standard & Poor's 500 est passé sous la barre des 1 000 points, un niveau inédit depuis cinq ans. «Ca n'a plus de sens», a reconnu Art Hogan, stratège de Jefferies.

Après avoir ouvert sur une hausse fragile, le marché a pourtant bien réagi dans un premier temps à l'annonce de mesures de soutien de la banque centrale au marché des billets de trésorerie, ces instruments financiers qui permettent aux entreprises de faire face à leurs besoins imprévus de liquidités.


«Ca n'a plus de sens»


Mais les sombres commentaires du président de la Fed Ben Bernanke sur la situation de l'économie américaine ont contribué à déprimer les investisseurs, alors même qu'il semblait leur annoncer une prochaine baisse des taux. «Les craintes sur la crise du crédit et les inquiétude sur la santé de l'économie ont été exacerbées par les commentaires de Ben Bernanke», ont souligné les analystes de Charles Schwab. «Les valeurs financières ont particulièrement baissé, les banques ont toujours du mal à se financer», a expliqué Art Hogan, ajoutant que les rumeurs se sont multipliées sur des accords intervenus antérieurement, comme celui entre Morgan Stanley et le japonais Mitsubishi UFJ.

La banque a subi les assauts des vendeurs alors qu'une rumeur circulait sur le fait que l'accord ne se ferait pas finalement. Les deux établissements ont eu beau démentir, le titre Morgan Stanley a perdu un quart de sa valeur. «On est dans une humeur très particulière qui consiste à vendre les titres et à poser des questions ensuite», a conclu M. Hogan.

Les investisseurs désepèrent en Europe. (AP)
Le calcul de l'indice phare de la bourse de Paris a été un temps suspendu, suite à un afflux massif d'ordres de vente. Les bourses européennes s'effondrent.

Débacle à la bourse de Paris. La cotation de l'indice CAC 40 a dû être suspendue pendant 15 minutes, suite à un afflux d'ordre de ventes. Euronext a dû interrompre le calcul de l'indice, une procédure d'urgence ayant été appliquée. «Plus de 35% de la capitalisation de marché de l'indice avait en effet été réservée à la baisse», nous a-t-on précisé chez Euronext. L'indice des principales capitalisations parisiennes abandonnait alors plus de 8%. La cotation du CAC 40 a néanmoins repris vers 10h30. A la mi-séance, vers 12h15, l'indice baisse de 4,79% à 3553.56 points.

Les investisseurs restent inquiets sur les conséquences de la crise financière dans l'économie réelle aux Etats-Unis et en Europe. Alistair Darling, le ministre des finances britannique, a précisé ce matin les montants alloués au plan de sauvetage des banques britanniques défini hier soir: jusqu'à 50 milliards de livres, soit 65 milliards d'euros, seront injectés dans les banques, et un fonds spécial de 200 milliards de livres, soit 260 milliards d'euros, doit permettre d'assurer la liquidité des marchés. Vers 12h15, la bourse de Londres perd 4,31% à 4406,56 points, et celle de Francfort recule de 6,15% à 4999,26 points. L'Eurostoxx 50 s'affiche en baisse de 5,83% à 2711,59 points.

Hier, la Fed a annoncé qu'elle achèterait des billets de trésorerie pour enrayer la crise du crédit en donnant des liquidités aux entreprises. Cette annonce, tout comme les déclarations du patron de la Fed sur une possible révision de sa politique monétaire, n'a pas eu l'effet escompté, et tous les indices asiatiques plongaient ce mercredi pour la troisième journée consécutive.

Aucun indice n'a été épargné par cette panique. L'indice Nikkei a chuté de 9,38%, soit sa pire séance depuis le «lundi noir» de 1987, après avoir frôlé les 10% de perte en une séance. Hong Kong perdait de son côté 7%, Séoul 4,80%, Sydney 4,97%, Shanghai 3,08%, Singapour 4,98%, Bombay 8,16%, Bangkok 5,62%, Taipei 5,76%, Manille 4,80%, Kuala Lumpur 2,19% et la Nouvelle-Zélande 1,90%.


Toutes les valeurs du CAC 40 se replient

Vers 12h, seules trois valeurs du CAC 40 s'affichent en hausse. Alstom gagne 4,96%. Malgré le contexte de crise financière, le groupe confirme ses objectifs pour mars 2010 et affirme ne pas avoir de problème de liquidités.

A sa suite, Lafarge s'octroie 1,27% et Bouygues progresse de 0,54%.

Parmi les grandes capitalisations parisiennes les plus impactées par la baisse, ArcelorMittal perd 11,24% et Veolia Environnement recule de 8,42%.

Lanterne rouge du CAC 40, Dexia cède 15,31%. Société générale (-8,16%), BNP Paribas (-4,54%), Crédit agricole (-5,4%)et parmi les valeurs moyennes, de Natixis (-7,27%), s'inscrivent dans la même tendance.

France Télécom recule de 3,16%. Sa filiale Orange aurait remporté mardi un appel d'offres en Arménie pour la troisième licence mobile, en offrant 51,5 millions d'euros.

Areva cède 1,84%, après avoir annoncé qu'il va s'implanter en Chine en créant une entreprise de production de réacteurs nucléaires nouvelle génération.

L'assureur AIG, fraîchement nationalisé pour lui éviter la faillite, se révèle un tonneau des Danaïdes pour la Réserve fédérale qui va lui apporter 37,8 milliards de dollars de plus, après qu'il eut consommé en trois semaines l'essentiel d'une première avance de 85 milliards.

Ces liquidités lui seront octroyées contre remise de titres obligataires de bonne qualité, jusqu'ici prêtés par certaines de ses filiales à des tiers, a indiqué mercredi la banque centrale américaine dans un communiqué.

L'opération sera effectuée par la banque de réserve fédérale de New York, intermédiaire traditionnel entre la banque centrale et les marchés.

"Comme prévu, les tirages sur la facilité existante de 85 milliards de dollars de la Fed de New York ont été en partie utilisés pour régler des transactions avec les contreparties qui restituent ces titres", a-t-elle dit.

La nouvelle facilité ouverte par la Fed va lui permettre de restaurer une trésorerie mise à mal par le dénouement forcé de ces contrats.

Dans un communiqué, AIG a précisé que le montant des titres prêtés par ses filiales et désormais rapatriés dans son bilan atteignaient 37,2 milliards.

Les titres apportés par AIG en garantie pour obtenir cette nouvelle aide financière, tous classés en catégorie "investissement", serviront une rémunération à la Fed, permettant de garantir les intérêts de la banque centrale comme ceux du contribuable, a assuré la Fed.

Les assureurs n'entrent normalement pas dans le champ de compétence de la banque centrale. Mais la Fed justifie cette nouvelle aide par le paragraphe 13(3) de ses statuts qui lui permet de soutenir tout individu ou entreprise dans les circonstances "inhabituelles et exigeantes". C'est la disposition qu'elle avait invoquée pour sauver la banque d'affaires Bear Stearns.

Le 16 septembre, la banque centrale américaine avait déjà apporté un prêt relais de 85 milliards de dollars à AIG qui était menacé de faillite. En échange, l'Etat américain a reçu 79,9% du capital du groupe newyorkais.

Un porte-parole d'AIG a précisé à l'AFP que l'assureur avait tiré à ce jour 61 milliards de dollars sur ce prêt, un montant inchangé par rapport à la semaine dernière.

Si ses activités traditionnelles dans l'assurance continuaient à bien se porter, AIG a été entraîné à la ruine par une petite filiale londonienne qui a souscrit massivement des contrats d'assurances contre le risque de non-remboursement d'émissions obligataires ("Credit Default Swaps").

Le prêt relais de la Fed lui a été octroyé pour lui permettre de vendre, sans les brader, certaines de ses activités, pour faire face à l'escalade des pertes engendrée par son exposition au marché des CDS.

La semaine dernière, son nouveau PDG Edward Liddy avait indiqué que le groupe allait se recentrer sur ses activités d'assurance dommages (IARD), ouvrir le capital de ses activités étrangères dans l'assurance-vie et céder le solde de ses activités.

AIG s'est par ailleurs défendu des critiques venues de toutes parts, de la Maison Blanche au Capitole, l'accusant d'avoir dépensé des sommes folles pour payer à ses dirigeants un séjour dans un hotel de luxe quelques jours seulement après sa nationalisation.

"Ce (séjour), présenté à tort comme une +retraite pour cadres dirigeants+, a été organisé par une filiale d'AIG, pour des courtiers indépendants en assurance-vie, et non pour des employés d'AIG", a affirmé le groupe.

Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a constaté mercredi que la pression restait très forte sur les marchés financiers mondiaux, ce qui selon lui confirme la nécessité d'une mise en oeuvre rapide du plan de sauvetage bancaire de 700 milliards de dollars élaboré par les autorités politiques et monétaires américaines . Reconnaissant que la crise affecte gravement l'économie américaine, Henry Paulson a assuré que l'administration agissait d'une manière responsable pour que soit engagée la plus importante opération de renflouement bancaire de l'histoire des États-Unis.


Il a toutefois ajouté que ce plan d'assainissement du secteur financier ne sera pas nécessairement en mesure de secourir toutes les sociétés financières. "Même avec les nouveaux outils du Trésor, certaines institutions financières vont faire faillite", a reconnu Henry Paulson, qui a souligné que la patience était nécessaire face à des turbulences sur les marchés "qui ne vont pas se terminer rapidement". "Des défis significatifs demeurent devant nous", a-t-il averti. Le passage du plan de sauvetage des banques qui porte son nom et la mise en oeuvre de ses mesures "n'entraîneront pas une fin immédiate des difficultés".

"Renforcer (les) efforts collectifs" face à la crise

D'autre part, les grands argentiers du G7 qui se réunissent vendredi à Washington, discuteront des moyens de "renforcer (leurs) efforts collectifs" face à la crise, a indiqué le secrétaire américain au Trésor. "Ce week-end, je vais rencontrer mes collègues du G7 pour discuter des démarches entreprises par chacun pour faire face à cette crise et des moyens de renforcer nos efforts collectifs", a indiqué Henry Paulson dans une allocution. Le G7 comprend l'Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et le Japon.





Une réunion du G20, rassemblant les ministres et banquiers centraux des principaux pays riches et émergents, aura également lieu samedi à Washington en marge des réunions d'automne du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, conformément au souhait formulé par Henry Paulson. Cette réunion "discutera de la manière dont nous pouvons nous coordonner pour réduire les effets des turbulences des marchés mondiaux et le ralentissement économique dans tous nos pays", a expliqué le secrétaire américain au Trésor.



Le G20 rassemble les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des sept pays aux économies les plus avancées - Allemagne, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon - plus l'Afrique du Sud, l'Arabie saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, la Russie et la Turquie. Le 20e membre est l'Union européenne, représentée par le pays qui en assure la présidence tournante. Ce groupe a pour but d'améliorer la coopération internationale afin d'assurer la stabilité économique de la planète. Le directeur général du FMI et le président de la Banque mondiale participent normalement à ces réunions.