Le pelerinage de Ste Ingrid continue

Elle devrait être reçue par le Pape... dès que celui-ci aura le temps. La sénatrice appelle aussi à un rassemblement au Trocadéro à Paris, le 20 juillet, en soutien à «ceux qui sont toujours otages des Farc en Colombie».
Liberation.fr (avec source AFP)
LIBERATION.FR : mercredi 9 juillet 2008
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Ingrid Betancourt est ressortie de ses six ans et demi de captivité encore plus croyante, au point de vouloir rencontrer le Pape... pour lui parler de ce qui la gêne dans la religion catholique.

«Je me sens catholique, mais il y a des choses qui me gênent dans cette religion», déclare Ingrid Betancourt dans un entretien à l'hebdomadaire La Vie à paraître demain. «Par exemple, dit-elle, pourquoi l'Église catholique s'arroge le droit d'excommunier des gens alors que Jésus n'a jamais excommunié personne?» Le pape Benoît XVI, qui a envoyé un télégramme à la sénatrice franco-colombienne après sa libération, lui a fait savoir qu'il recevrait l'ex-otage dès que son emploi du temps le lui permettrait. En clair, aucune date n'est encore fixée.

Reçue par les députés...

En attendant une éventuelle rencontre papale, l'ex-otage était aujourd’hui à l’Assemblée nationale pour une réception en son honneur. Elle a appelé à un rassemblement de soutien aux otages, dans dix jours. «Le 20 juillet, j'aimerais crier, avec vous, pour l'indépendance et la liberté de ceux qui sont encore là-bas otages des Farc en Colombie», a lancé Ingrid Betancourt devant plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux députés, réunies dans la galerie des fêtes du Palais Bourbon. Immédiatement applaudie, elle a ensuite «pris au mot» les députés en les incitant à participer, leur disant qu'elle avait déjà prévu le «lieu et l'heure», provoquant les rires de l'auditoire.

«L'idée, c'est un rassemblement dimanche 20 juillet à partir de 14 heures place du Trocadéro», a ajouté Ingrid Betancourt. «Il faut que nous puissions nous relayer pour un direct entre la Colombie et la France. Il y aura un grand écran sur la place emblématique de Bogota, pour donner un message à ces Colombiens qui ont une peur atroce que, du fait de ma libération, plus rien ne se produise.»

La présence de plusieurs artistes est déjà prévue, comme le chanteur colombien Juanes, l'espagnol Miguel Bosé et éventuellement Manu Chao, a indiqué Ingrid Betancourt, qui s'exprimait au côté du président de l'Assemblée Bernard Accoyer.

... et par Chirac

Ingrid Betancourt n’arrête pas, puisqu'après les députés, c’est Jacques Chirac qui l’a reçue cet après-midi. Accueillie dans les bureaux parisiens de l’ancien Président, elle a l'remercié chaleureusement pour ses efforts en faveur de sa libération: «Je suis trop consciente de ce que je vous dois», lui a-t-elle dit. «Vous avez protégé ma famille alors qu'ils étaient complètement abandonnés», a-t-elle ajouté, accompagnée notamment de sa mère et de sa soeur Astrid. «Je tenais absolument à vous embrasser.»

La remerciant pour sa «présentation très généreuse» de son rôle durant sa captivité, Jacques Chirac lui a répondu : «Vous avez profondément touché le cœur des Français.» Il y a eu «une unanimité du coeur et de l'esprit pour vous aimer». «Et c'est difficile de faire l'unanimité des Français», a-t-il ajouté en riant.

Elle se coupera les cheveux quand tous les otages seront libres
Ingrid Betancourt affirme qu'elle ne se coupera les cheveux qu'une fois libérés tous les otages détenus par les Farc, dans une interview sur la chaîne privée Caracol. "Je ne vais pas me couper les cheveux avant que le dernier de mes compagnons séquestrés soit rentré à la maison", a déclaré Ingrid Betancourt mardi soir depuis l'hôtel parisien où elle séjourne, alors que ses cheveux lui arrivent à présent selon elle au niveau de la ceinture. "Ce n'est pas commode. C'est compliqué à entretenir, cela m'oblige à me faire des tresses (...) mais c'est comme cela que je suis restée durant toutes ces années parce que je voulais que ce soit comme une preuve visuelle du temps passé dans la jungle", ajoute-t-elle. "Chaque centimètre de plus représentait des mois de captivité", dit encore Mme Betancourt.

Plus d'une semaine après sa libération, Ingrid Betancourt s'est rendue samedi à la grotte de Lourdes. Devant plusieurs milliers de pèlerins, l'ex-otage a remercié avec émotion la Vierge Marie. "Merci Marie, merci pour ma liberté, merci pour la vie", a-t-elle déclaré, aux côtés de Mgr Jacques Perrier, archevêque de Tarbes et de Lourdes. "Je te supplie ma Marie chérie, je t'aime tellement, prends soin de ceux qui sont restés derrière moi, ils ont besoin de toi, ils ont besoin de ta force, de ton espérance et de ta lumière", a-t-elle ajouté, le visage radieux, un chapelet entre les doigts.

Elle a écouté la prière de l'Angelus, lue par Mgr Perrier, puis a récité avec les milliers de pèlerins rassemblés sous une pluie diluvienne le "Je vous salue Marie", fermant les yeux ou regardant intensément la statue de la Vierge placée à l'entrée du site. L'ex-otage, vêtue d'un pantalon blanc et d'un manteau bleu, les cheveux noués en tresses, est accompagnée de sa mère, de sa soeur Astrid et de ses enfants, Mélanie et Lorenzo, qu'elle a serrés dans ses bras à plusieurs reprises.

Fatiguée

L'énorme dispositif de sécurité a dû fendre la foule pour permettre à Ingrid Betancourt d'accéder à la grotte. Les pèlerins ont ensuite applaudi la franco-colombienne, certains l'embrassant même. Dans la matinée, elle avait prié seule à la chapelle de l'Adoration, en face de la grotte où Bernadette Soubirous avait vu la Vierge à 18 reprises, du 11 février au 16 juillet 1858.

Les responsables des Sanctuaires avaient prévu, peu après son arrivée dans la cité mariale vendredi, sa participation à la traditionnelle procession aux flambeaux, dans la soirée, mais elle ne s'y est pas rendue, préférant rester dans son hôtel. L'ex-otage a à plusieurs reprises affirmé qu'elle devait sa libération à "un miracle" et avoir tenu pendant ces années de détention grâce à sa famille et à sa foi.