Rentrée scolaire: syndicats enseignants entre riposte et nécessité de négocier

En cette rentrée, les syndicats enseignants sont contraints au grand écart entre une stratégie de riposte aux milliers de suppressions de postes et une volonté de concertation avec le ministère pour obtenir des avancées sur la réforme du lycée et sur le métier d'enseignant.



A la fin de l'année scolaire, après un printemps marqué par de nombreuses mobilisations contre les suppressions de postes prévues pour 2008, les syndicats avaient prévenu qu'ils n'en resteraient pas là.

Mardi dernier, la quasi-totalité des fédérations de l'Education ont donc décidé d'une nouvelle journée d'actions, le 11 septembre, au niveau national.

Rassemblements, distributions de tracts et grèves locales sont prévues, même s'il n'y a pas d'appel national à la grève, a prévu cette large intersyndicale (FSU, Unsa-Education, Sgen CFDT, FAEN, CGT, FO, Solidaires).

Objectif: dénoncer les conséquences des 11.200 suppressions de postes du budget 2008, les 13.500 annoncées au budget 2009 et celles qui pourraient suivre jusqu'en 2012 dans le cadre de la politique gouvernementale de non renouvellement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

Au total, 1,2 million de personnes travaillent dans l'Education, dont un peu plus de 800.000 enseignants.







Ces coupes d'une "ampleur inégalée" aboutissent, selon les syndicats, à une augmentation du nombre d'élèves par classe, une baisse de l'offre éducative, des surcharges de travail pour les enseignants effectuant des heures supplémentaires, une diminution du recrutement, etc.

Pour cette rentrée, ils font état d"'inquiétudes fortes" (SNUipp-FSU) et de "mauvais augures" (SE-Unsa).






Au-delà, les syndicats enseignants, rejoints par les parents d'élèves de la FCPE, les organisations lycéennes UNL et Fidl et les étudiants de l'Unef, sont d'accord sur le principe d'une manifestation nationale en octobre ou novembre. Ils prévoient aussi une campagne auprès de l'opinion sur la place de l'Ecole dans la société.



Dans le même temps, les syndicats se sont engagés à discuter de la réforme du lycée (un lycée plus souple, laissant davantage d'autonomie au lycéen), sur laquelle Xavier Darcos souhaite aboutir rapidement, pour instaurer une nouvelle seconde à la rentrée 2009.



Sur ce sujet, il y a, estiment-ils, un paradoxe entre les premières pistes, jugées par certains "intéressantes" et présentant une vision plutôt "moderne" du futur lycée, et le calendrier imparti, qui paraît intenable puisque les grands principes devront être arrêtés fin octobre.



Autre dossier sensible: la revalorisation du métier, promise l'an dernier, mais qui a pris du retard. Les syndicats attendent de M. Darcos, qui a promis que l'année 2008-2009 serait "celle des enseignants", des avancées sur la rémunération, les conditions de travail, la carrière, dans le cadre d'un plan de revalorisation global du métier.

Ils aimeraient aussi peser sur le contenu de la formation et des nouveaux concours préparés par le gouvernement dans le cadre de la réforme du recrutement au niveau master (bac+5) prévue à partir de 2010.

Beaucoup craignent que ne disparaisse la partie professionnelle de la formation actuelle.

A ces difficultés s'ajoute le fait que les syndicats devront parvenir à s'entendre pour infléchir le gouvernement, tout en soulignant leurs spécificités, en vue des élections professionnelles de décembre, où se joue leur représentativité