Mineurs : un partenariat entre justice et enseignants

DECLOISONNER deux mondes qui se connaissent mal pour travailler plus efficacement : c’est le sens de la convention qui vient d’être signée entre parquet de Nanterre et inspection académique (IA).

« Il s’agit, pour nous, d’avoir des informations précises qui nous parviennent le plus rapidement possible, résume Frédéric Trinh, chef de la section des mineurs au parquet de Nanterre.

En partageant au mieux l’information, nous pouvons réagir plus efficacement. »

Informé par les chefs d’établissement, le cabinet de l’IA doit prévenir systématiquement le parquet, au quotidien si besoin. Dans l’autre sens, la justice tiendra l’inspection au courant des suites données à une affaire.

Protéger les jeunes en danger

Ce partenariat vise principalement à repérer trois cas de figure : les mineurs qui ont commis une infraction dans l’établissement, les jeunes en danger, souffrant de gros problèmes éducatifs, et enfin ceux qui sont victimes de maltraitance ou d’abus sexuels. Ainsi, un professeur devra signaler le cas d’un élève régulièrement couvert d’ecchymoses et l’expliquant par une « chute dans l’escalier ».

Côté racket et trafic de drogue, fléaux des établissements scolaires, le parquet veut, là encore, être au courant des incidents dès que possible pour pouvoir réagir rapidement. « Aucun collège ou lycée, quel que soit son quartier ou sa ville, n’est à l’abri des affaires de stups », assène Philippe Courroye, procureur de la République.

Au printemps dernier, les responsables du parquet ont déjà rencontré 150 chefs d’établissement et enseignants du département.

« On leur dit : Nous sommes avec vous, aidez-nous. Le parquet fonctionne en permanence et en urgence. Nous sommes les Patrick Pellous (NDLR : chef urgentiste et syndicaliste emblématique) de la justice », appuie Philippe Courroye.

La convention, signée pour trois ans entre le parquet et l’IA, est malgré tout accueillie avec un certain scepticisme par les syndicat d’enseignants. « Il faut bien sûr donner une réponse aux violences, reconnaît Laurent Desanti, l’un des responsables du Snes. Mais cela ne suffit pas. Ces actes sont prévisibles et il serait possible de les éviter avec davantage d’encadrement. Une fois de plus, on ne s’attaque pas aux causes de cette insécurité quotidienne. »