Formation professionnelle: le gouvernement lance la réforme

Le gouvernement a lancé la réforme de la formation professionnelle en exposant ses priorités, jeudi, lors d'une conférence au cours de laquelle les syndicats ont souligné leur volonté de négocier librement.
Imprimez Réagissez Classez Le gouvernement a lancé la réforme de la formation professionnelle en exposant ses priorités, jeudi, lors d'une conférence au cours de laquelle les syndicats ont souligné leur volonté de négocier librement.

La ministre de l'Emploi Christine Lagarde a souligné que cette réforme constituait "un des grands enjeux de 2008", à l'issue de cette rencontre de deux heures, à Bercy, à laquelle le patronat et les régions participaient également.

Le programme s'annonce chargé avec une négociation syndicats-patronat à l'automne, ainsi qu'une concertation Etat-régions et la constitution de trois groupes de travail (amélioration de l'orientation, qualité des formations, validation des acquis de l'expérience).

Le gouvernement veut présenter un projet de loi avant la fin 2008 et adressera "d'ici le 20 juillet" une lettre d'orientation aux partenaires sociaux énonçant "les axes sur lesquels ils seront invités à négocier".

Mais Stéphane Lardy (FO) a souligné qu'il fallait "laisser aux partenaires sociaux le temps de négocier sur des sujets qu'ils déterminent" eux-mêmes, citant le cas des salariés des moyennes et petites entreprises, mal lotis en matière de formation.

La situation des jeunes sortant du système scolaire sans qualification sera aussi au menu. Un rapport préparatoire remis à la ministre prône pour eux "un droit à la formation différée".

Une fois la négociation bouclée, "nous attendons une vraie loyauté du gouvernement", a mis en garde Laurence Laigo (CFDT). "Nous sommes échaudés, mais pas découragés", a-t-elle déclaré, en référence au non-respect par le gouvernement du récent accord syndicats-patronat sur le temps de travail.

Les syndicats craignent en particulier, à l'instar de Thierry Le Paon (CGT), que le gouvernement ne veuille "récupérer pour sa politique de l'emploi des sommes sur les fonds de la formation professionnelle", une manne convoitée de près de 26 milliards d'euros au total.

La réforme vise à remettre l'emploi et l'usager au centre des dispositifs de formation en rendant le système "plus juste" avec des formations vraiment utiles, a déclaré le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez.

Si les salariés de PME, qui ont seulement 1 chance sur 10 d'accéder à une formation (contre 1 sur 2 pour ceux des multinationales), bénéficiaient d'une hausse "de 5 à 10%" de leur taux d'accès à la formation d'ici 3 ou 4 ans, "ce serait une bonne performance", a-t-il jugé.

Le gouvernement veut porter à 100 millions d'euros le montant minimum de collecte des OPCA, les organismes paritaires chargés de collecter et redistribuer les cotisations de formation des entreprises, ce qui devrait réduire leur nombre à une vingtaine (contre une centaine actuellement).

"Il faut inverser la logique" qui consiste à mettre de la formation là où il y a des financements, et non là où il y a des besoins, a déclaré M. Wauquiez.

La réforme offre "une occasion historique de clarifier la compétence entre Etat et régions", a estimé Jean-Paul Denanot (Association des régions de France).

Tout en jugeant "positif que les gens se parlent", il a fait part de son "impression que la copie est déjà écrite".

Pour Alain Lecanu (CFE-CGC), "à part sur les OPCA, rien n'est fermé, il y a des pistes assez larges pour négocier".

"Il y a des sujets sur lesquels on aura du mal à tomber d'accord", a estimé Olivier Gourlé (CFTC). "Le rapprochement des OPCA va-t-il faciliter l'accès à la formation ? Si c'est simplement pour réduire leur nombre, on met un bémol", a-t-il prévenu.