Vers un retour des contrôles aux frontières dans l'espace Schengen

Le décision du Danemark de rétablir les contrôles avait divisé l'UE. Celle-ci pourrait autoriser de telles initiatives en cas de pression migratoire «forte et inattendue».

La France a plaidé lundi en Pologne pour une définition de critères permettant de rétablir des contrôles aux frontières nationales des pays de l'espace Schengen, afin d'éviter les tensions provoquées par les mesures décidées unilatéralement par le Danemark.

" Nous sommes dans une situation de crise, avec des séisme géopolitiques, en particulier dans les pays du sud. La tendance naturelle va être de se protéger ", a souligné le ministre français chargé des affaires européennes Jean Leonetti lors d'un entretien avec quelques journalistes dont l'AFP en marge d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE à Sopot, près de Gdansk, en Pologne.

" Cette situation n'est pas illégitime, mais si on ne met en place aucune protection, aucune procédure, alors on aura des initiatives qui seront différentes d'un pays à l'autre ", a-t-il expliqué. "Il vaut mieux rentrer dans une procédure concertée qui soit applicable et s'applique à tous", a-t-il plaidé.

Pression migratoire

Les Etats membres de l'Union européenne ont chargé fin juin la Commission européenne d'élaborer des critères leur permettant en cas de pression migratoire "forte et inattendue" de déroger à la liberté de circulation en vigueur dans l'espace sans frontières Schengen. La commissaire en charge des Affaires intérieures Cecilia Malmström s'est engagée à rendre sa copie en septembre.

"L'ensemble des pays de l'UE dans cette période de tension ont besoin d'une procédure qui corresponde à des défaillances et qui réponde à des situations d'urgence", a insisté M. Leonetti. "Si on arrive à ça, on aura moins de propositions qui viennent d'un seul Etat membre", a-t-il estimé.

Membre de Schengen, le Danemark a décidé unilatéralement de réinstaurer des contrôles douaniers à ses frontières avec la Suède et l'Allemagne, ce qui lui est interdit. Cette mesure a créé des tensions au sein de l'UE et a contraint la Commission a placer Copenhague sous surveillance.

«Pragmatisme»

"On ne veut pas stigmatiser le Danemark", a assuré Jean Leonetti. "Sortir le Danemark de Schengen n'est pas envisageable, ni juridiquement, ni politiquement", a-t-il affirmé. "Si je suis là pour représenter Claude Guéant, (le ministre de l'Intérieur), indisponible, c'est parce que la France considère que le problème est majeur et qu'il faut trouver une solution pragmatique et équilibrée", a-t-il précisé.

"J'ai rencontré Mme Malmström et je n'ai pas eu l'impression qu'elle était opposée aux positions françaises", a conclu M. Leonetti.