Un mouvement d'extrême gauche promet des meurtres et du sang !

Ce tract a déjà fait l'effet d'une bombe dans les commissariats des Hauts-de-Seine : «À la mémoire de Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron. Réactivation du mouvement anarchiste. À bas la dictature capitaliste. La victoire et la liberté sont pour demain. Nous donnerons les shérifs modernes aux vermines. Vos heures sont comptées. Nous commencerons l'extermination par le 92.» Cette diatribe a été postée dans des courriers non oblitérés et sans timbre. Ces lettres sont parvenues aux commissariats de Sèvres, Clichy-la-Garenne et Vanves, ainsi qu'aux postes de police de Chaville, Malakoff et du Plessis-Robinson.

La justice, qui prend l'affaire au sérieux, a saisi la section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de Paris. «Dans ce tract, on ne parle pas de jours, mais d'heures qui sont comptées pour des membres des forces de l'ordre. Cela incite sans attendre à prendre des mesures de prudence», confie un haut fonctionnaire de la préfecture de police de Paris. Les policiers et gendarmes des Hauts-de-Seine et, plus généralement, tous ceux d'Ile-de-France ont été invités à se montrer «vigilants» dans les heures et les jours qui viennent.

La police commence à y voir plus clair dans l'affaire des tracts d'«Action directe» parvenus dans une quinzaine de commissariats et postes de police des Hauts-de-Seine depuis vendredi. Les courriers, toujours les mêmes, sont ainsi libellés : «À la mémoire de Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron. Réactivation du mouvement anarchiste. À bas la dictature capitaliste. La victoire et la liberté sont pour demain. Nous donnerons les shérifs modernes aux vermines. Vos heures sont comptées. Nous commencerons l'extermination par le 92.»

Mais d'ores et déjà, la section antiterroriste de la brigade criminelle, saisie par le parquet de Paris, a pu constater que cette sémantique ne colle pas tout à fait à celle des «historiques» du mouvement. Pas plus que le logo «A.D.» (pour Action directe) et son étoile à cinq branches, visiblement copié sur un site Internet. Le sigle qui figure dans les archives de la police criminelle est sensiblement différent. Difficile, dans ces conditions, d'établir une filiation avec le groupuscule terroriste des origines.

La piste du centre de distribution
Par ailleurs, les courriers n'étaient ni timbrés ni oblitérés et n'ont donc pas été postés. La police s'est donc concentrée sur le chemin parcouru par ces lettres pour tenter d'identifier celui qui les a mises dans le circuit. Première hypothèse : celle d'un farfelu qui les aurait glissées dans les boîtes aux lettres des commissariats de chacune des quinze ou seize villes concernées, du Plessis-Robinson à Vanves, en passant par Malakoff et Colombes. Il semble que cette piste ait été rapidement abandonnée. Les facteurs de chaque secteur les auraient bien distribuées eux-mêmes dans chacune des boîtes des commissariats. Il a donc fallu enquêter en amont, pour découvrir comment des lettres qui n'ont pas été postées se sont retrouvées dans les tournées d'une quinzaine de facteurs.

Il apparaît ainsi que les courriers incriminés ne portent même pas la trace des machines de tri de La Poste. C'est donc probablement dans le centre de distribution des Hauts-de-Seine commun à tous les bureaux de poste concernés qu'il faut chercher. Les lettres auraient été glissées dans le lot général par une main anonyme. Un membre du personnel ? Un intrus ? L'enquête devra le déterminer avec précision, sans froisser les susceptibilités du personnel. La tâche des policiers ne sera pas simple.