Réforme du système monétaire international : la Chine organise fin mars un séminaire à Shenzhen.

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a pressé vendredi les pays du
G20 de ne pas baisser la garde en matière de coordination de leurs
politiques économiques et de s'attaquer aux "vrais sujets" que sont le
système monétaire international ou la volatilité des cours des matières
premières.

Recevant les ministres des Finances et les gouverneurs des banques
centrales du G20 réunis jusqu'à samedi à Paris, le président français
leur a demandé en outre de ne pas laisser leurs débats s'enliser sur des
sujets aussi techniques que la mesure des déséquilibres économiques.
"Je le sais, un an c'est très court. Nous ne réussirons pas sur
tout", a-t-il dit à propos des objectifs de la présidence française du
G20.

"Mais rien ne serait pire que de refuser de traiter les vrais sujets
qui se posent à nous, comme la question de l'ordre monétaire
international et celle de la volatilité des prix des matières
premières".

Sur le premier point, il s'est félicité que la Chine ait accepté
d'organiser, fin mars à Shenzhen, un séminaire de réflexion sur les
moyens de réformer le système monétaire international.
Annoncé de longue date, ce rendez-vous avait semblé un temps
incertain alors que de nouveaux pays comme le Brésil et l'Inde ont
ajouté leurs voix à ceux qui, les Etats-Unis en tête, pressent Pékin de
réévaluer sa monnaie.

DISCUSSIONS INTERMINABLES

La Chine menace aussi les espoirs d'accord du G20 à Paris sur une
batterie d'indicateurs qui permettraient dans un premier temps de
mesurer les grands désordres macroéconomiques mondiaux puis à terme d'y
remédier.

Nicolas Sarkozy a jugé que la question était "très technique mais
aussi très politique" et ne pouvait être traitée par une "approche
mécaniste", ajoutant :
"Je souhaite éviter que vos débats ne s'enlisent dans des discussions
interminables sur ces indicateurs qui nous détourneraient de
l'essentiel : que chacun s'engage et prenne des mesures pour aboutir à
une coopération gagnant-gagnant entre pays qui sont libres de leur choix
de politique économique".

Plus généralement, il a souligné que le G20 avait montré son
efficacité face à la crise et estimé que, celle-ci passée, son
expérience "nous a montré que la coordination internationale est la
seule voie qui nous permettra de renouer avec un niveau élevé de
croissance".

A ceux qui reprochent à la France d'avoir fixé à sa présidence du G20
un agenda trop ambitieux qui se heurtera aux intérêts des grandes
puissances, Nicolas Sarkozy a répondu :
"En choisissant un agenda très ambitieux, la France choisit la voie
de la prudence. C'est en choisissant un agenda sans contenu et sans
ambition que la France aurait choisi la voie la plus imprudente car les
opinions publiques du monde entier sentent bien que dans vos mains vont
se jouer la solidité et l'ampleur de la reprise".

Yann Le Guernigou et Emmanuel Jarry, édité par Patrick Vignal