Circulation sur le périph' : chronique d'une galère annoncée

Les automobilistes franciliens l'ont déjà remarqué, surtout ceux qui empruntent régulièrement les grands axes au sud de Paris : les panneaux d'affichage au-dessus des voies des autoroutes annoncent le début du grand chantier, ô combien redouté, de couverture de l'A6b. Début des travaux : le 30 mars. Soit mardi prochain... Conséquence immédiate : fermeture de l'autoroute A6b entre la poterne des peupliers, près de la porte d'Italie, et le carrefour des quatre chemins (Arcueil) dans le sens Paris-province. "De jour comme de nuit", précise le communiqué de presse du CRICR d'Ile-de-France. Et pour améliorer les choses, des fermetures sont annoncées également "dans le sens province-Paris plusieurs nuits par semaine". Le tout devant durer jusqu'au... 30 novembre prochain.

L'A6b a beau ne faire que 2 kilomètres de long, c'est un axe ultra-fréquenté du sud de Paris, emprunté aussi bien par des habitants de la grande banlieue parisienne venus du sud-est et travaillant dans la capitale, que par de nombreux voyageurs allant prendre l'avion à Orly. Or, ce secteur étant régulièrement bouché aux heures de pointe, aucun "itinéraire bis" valable n'existe. Un report massif sur l'A6a étant prévisible, une voie en plus est prévue ; mais Bison Futé prévient déjà : "Le trafic d'A6a étant déjà très dense, il est conseillé d'éviter ce secteur, dans toute la mesure du possible. Privilégiez le covoiturage ou les transports en commun". Le Parisien, qui consacre une double page à la question, s'est efforcé de trouver d'autres itinéraires de délestage, sans grand succès : entre une A6a peu praticable, une A86 "saturée en quasi-permanence", un réseau local à éviter et notamment l'avenue Gabriel-Péry traversant le Kremlin-Bicêtre "réduite à une seule voie", les seules solutions de repli envisageables concernent les automobilistes venus de la grande banlieue nord ou est, au prix d'un détour de 30 km, avec la Francilienne... déjà fort chargée elle-même.

Un chantier prévu depuis neuf ans

Mais pourquoi lancer un tel projet, qui doit durer des mois, au printemps, alors que les départs de Parisiens et banlieusards vers le sud vont se multiplier, au risque d'aggraver encore la congestion qui paraît déjà inévitable ? En fait, le chantier est prévu depuis des années. Depuis janvier 2001, plus précisément, avec la dépose de l'ancienne couverture de l'A6b pour cause de dégradations. Depuis, les automobilistes empruntant ce tronçon circulent dans une tranchée à ciel ouvert et surplombée d'immeubles, véritable vision de science-fiction pour ceux qui sont sur la route... et forte nuisance en termes de bruit et de pollution pour ceux qui sont au-dessus.

La concertation sur le projet de nouvelle couverture devait démarrer au mois de juin de la même année. Avant le lancement d'un processus long : une fois le programme arrêté en 2003, lancement d'une enquête publique en 2006, approbation du projet par le préfet, directeur régional de l'Equipement en Ile-de-France en octobre 2008, lancement de la consultation des entreprises pour les travaux en janvier 2009, notification du marché de travaux en août et début de la période de préparation... Avant la fermeture redoutée. Laquelle intervient, comme le souligne Le Parisien, alors que nombre de grands chantiers sont lancés dans des tunnels autoroutiers autour de Paris, ce qui ne fera que rajouter aux difficultés de circulation. Mais comme le note un responsable à la direction des routes d'Ile-de-France dans les colonnes du journal : "Quand les crédits arrivent, il faut les saisir. Sinon on les perd".