SNCF - Circulation des TGV interrompue entre Paris et Lille

La circulation des TGV entre Paris et Lille était totalement interrompue samedi matin en raison d'un problème sur un train, a-t-on appris auprès de la SNCF. "Un TGV a connu un problème de disjonction (électrique avec la caténaire), qui peut avoir plusieurs causes", a précisé une porte-parole de la SNCF. "On n'a pas encore vérifié qu'il s'agissait ou non d'un problème de caténaire", a-t-elle ajouté.

L'incident a été signalé vers 07h30. Des équipes techniques ont été dépêchées sur place. "Par mesure de sécurité, la ligne à grande vitesse entre Paris et Lille a été interrompue", a souligné la porte-parole. Aucune information sur les passagers du train concerné par la panne n'était immédiatement disponible.

Une des avaries sur les voies entre Lille et Paris ayant provoqué des perturbations dans le trafic des TGV, Thalys et Eurostar ce matin, est liée à "un acte de malveillance", tandis que la cause de la deuxième reste pour le moment indéterminée, selon un porte-parole de la SNCF.

La ministre de la Justice Rachida Dati et la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie ont tenu un discours de fermeté face aux nouveaux actes de malveillances sur les voies de la SNCF qui ont entraîné de forts retards.

Deux «actes de malveillance» sur les voies et la découverte du corps d'un homme déchiqueté sur l'axe Paris-Lille ont perturbé fortement le trafic des TGV, Thalys et Eurostar samedi, des incidents qui viennent s'ajouter à une longue série de dysfonctionnements depuis l'été.

«Deux fers à béton ont été fixés sur la caténaire de la LGV (ligne grande vitesse) Nord», dans les deux sens de circulation, entre Longueil-Sainte-Marie et Fresnoy, a expliqué la SNCF, qui en raison de «ces actes de malveillance» a dû détourner le trafic sur la voie classique.

«Très, très en colère» alors que la SNCF est victime pour la quatrième fois en trois semaines d' «actes de malveillance voire de sabotages», son président Guillaume Pépy a annoncé un renforcement de «la surveillance du réseau». L'entreprise va également porter plainte et une enquête a été ouverte.

A la suite de ces agissements, Michèle Alliot-Marie a donné instruction au directeur général de la gendarmerie nationale, pour que «l'ensemble des enquêtes soient coordonnées sous sa responsabilité directe». Objectif: «établir les rapprochements éventuels et d'identifier au plus vite les auteurs de ces actes graves et irresponsables». Par ailleurs, la ministre de l'Intérieur a demandé la mobilisation de tous les moyens, en particulier ceux de la police technique et scientifique, au service de ces investigations.

Face à la «multiplication» des actes de malveillance touchant le réseau ferroviaire, Rachida Dati a parallèlement donné des «instructions de fermeté» aux procureurs généraux. La Garde des Sceaux «demande aux parquets d'ordonner systématiquement des enquêtes pénales afin d'en identifier les auteurs et de les traduire devant la Justice pour qu'ils soient sanctionnés avec la plus grande sévérité».


Retard de trois heures

En raison de ces incidents, une quarantaine de TGV, Thalys et Eurostar et leurs milliers de passagers, à destination d'Irun, Amsterdam, Bruxelles, Paris, Ostende, Londres, Valenciennes et Tourcoing, Cologne, Strasbourg, Marseille, subissaient samedi «entre une et deux heures trente» de retard.

Une dizaine trains ont par ailleurs été retardés d'au moins trois heures. Parmi ceux-ci, un train parti à 6h25 de Lille et dont l'arrivée était prévue à 13h56 à Toulouse, a été immobilisé de 7H25 à 10H28 entre Longueil et Fresnoy, avant de pouvoir repartir avec ses 350 passagers. Trois trains (Lille-Paris, Paris-Tourcoing et Tourcoing-Paris) ont été supprimés. A partir de 12H15, la circulation des trains a repris «progressivement» sur les deux voies de la LGV Nord.

Le week-end dernier, une nouvelle rupture de caténaire survenue dans l'Essonne avait suscité la colère du secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, qui avait immédiatement dénoncé «l'incident de trop» bien qu'il semblait dû cette fois à des tirs de fusil et non à une défaillance de la SNCF. Raison du courroux gouvernemental, cet incident, qui a retardé des dizaines de TGV Atlantique, succédait à plusieurs autres en août et septembre.

Hyper médiatisées, survenant en pleines vacances ou au milieu d'un week-end prolongé, ces pannes avaient retardé des dizaines de trains pendant des heures et contraint des milliers de voyageurs à dormir dans les TGV ou dans les gares. Au point que la SNCF a dû diligenter un audit des caténaires, à remettre au gouvernement. Et s'est fait rappeler à l'ordre sur son devoir d'informer en temps réel les usagers.

INFO LE PARISIEN. Une brèche d'un mètre cinquante sur un mètre ouverte dans le grillage le long de la voie TGV Paris-Lille à hauteur de Montagny-Sainte-Félicité (Oise) à 48 km au nord de Paris : c'est ce qu'ont découvert ce samedi matin les techniciens de la SNCF, accompagnés des gendarmes. «Dans la nuit, le grillage a été découpé pour accéder aux voies», explique Nicolas Robert, directeur d'établissement infrastructures.

C'est par ce trou que des individus se sont introduits pour commettre cet acte de sabotage qui pertube depuis ce matin le trafic sur toute la ligne.

Les gendarmes ont retrouvé l'objet du délit : un fer à béton. «C'est comme un crochet de boucher. Il a été posé sur la caténaire, certainement à l'aide d'une perche», poursuit le directeur. Le câble qui alimente en électricité les trains est à 5 mètres de hauteur. Les mêmes faits ont été répétés vingt kilomètres plus loin.
«Ce sont soit des inconscients soit de très bons connaisseurs. Dans ces caténaires passe un courant de 25 000 volts. Leur but était de bloquer l'ensemble du trafic : un crochet a été posé dans le sens Lille-Paris, l'autre dans l'autre direction». C'est le train «ouvreur» qui inspecte tous les matins les voies, avant le passage des TGV et des Eurostar, qui a détecté l'avarie.

Après une série d'actes de malveillance identiques ayant gravement perturbé le trafic voyageurs samedi, 8 novembre la SNCF s'interroge publiquement sur l'hypothèse de sabotages concertés, à laquelle le secrétaire d'Etat chargé des transports Dominique Bussereau semble croire. "C'est hélas la réalité" a déclaré dimanche sur RMC M. Bussereau, à qui l'on demandait s'il croyait à l'existence de sabotages concertés, après des actes de malveillance commis samedi contre la SNCF. "J'ai demandé à la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, de faire en sorte que nos policiers, nos gendarmes sur le terrain aient un oeil particulièrement acéré sur la surveillance des voies ferrées", a-t-il ajouté.


"Nous nous posons la question", a de son côté répondu Guillaume Pépy, le président de la SNCF, interrogé sur d'éventuels sabotages concertés. Un porte-parole du Sirpa a pour sa part indiqué que "les constatations effectuées par les gendarmes n'ont pas permis pour le moment de confirmer ni cette hypothèse, ni une autre". Cinq des six incidents récents ont été provoqués par des fers à béton posés sur des caténaires, les fils d'alimentation électrique qui surplombent la voie. La SNCF a indiqué n'avoir pas reçu de
revendication de ces actes.

"FACILES À ORGANISER"

Dans la nuit de vendredi à samedi, des tiges de fer à béton avaient été fixées sur des caténaires, dans l'Oise, l'Yonne et la Seine-et-Marne. En percutant, à 170 km/h les trains balais qui vérifient quotidiennement la sécurité des voies, ces fers avaient affectés les lignes à grande vitesse (LGV) Nord, Est et Sud-Est. Selon un spécialiste de l'entretien des caténaires parlant sous le couvert de l'anonymat, ces actes de sabotage sont "faciles à organiser" pour des gens connaissant bien la SNCF et Réseau ferré de France. "Le travail d'entretien sur les caténaires s'effectue la nuit sur les lignes à grande vitesse (LGV), le courant est coupé pendant nos interventions, il suffit de savoir quand a lieu une intervention pour prendre une échelle et installer le fer à béton et repartir".

Les enquêtes en cours sont menées sous la "responsabilité directe" du directeur général de la gendarmerie nationale, selon le souhait de la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie. S'agissant de la prévention, police et gendarmerie ont reçu une circulaire leur demandant de contacter les directions de la SNCF qui leur signaleront "les points sensible" du réseau ferré. La situation samedi avait été aggravée dans la matinée par la découverte du corps d'un homme déchiqueté sur l'axe Paris-Lille, entre Pierrefitte (Seine-Saint-Denis) et Garges-Lès-Gonesse (Val-d'Oise). Le commissariat de Garges-Lès-Gonnesse a indiqué dimanche n'avoir toujours pas identifié cette personne et ne pas être en mesure de confirmer l'éventualité d'un suicide ou toute autre hypothèse.

Pas de répis pour le TGV. Quelques heures après un sabotage en série sur la partie Nord-Est du réseau, c'est le Sud qui a été touché dimanche soir. Un TGV a percuté deux plaques de béton posées sur une voie dans la région de Narbonne, dans l'Aude. Sur Europe 1, le secrétaire d'Etat chargé des Transports Dominique Bussereau a précisé qu'ils sagissait "apparemment d'un nouvel acte de malveillance" contre la SNCF.

"Il n'y a pas eu de blessé" mais "le nez du train a été endommagé", a expliqué un porte-parole de la compagnie ferroviaire. Le TGV, qui effectuait la liaison Bruxelles-Perpignan, a pu repartir et est finalement arrivé à destination avec une heure de retard. Aucun autre train n'a été affecté. Le porte-parole a jugé qu'il était "un peu trop tôt" pour dire s'il s'agissait ou non d'un nouvel acte de malveillance.

"Corrélation" entre ces différents actes

Samedi, quatre "actes de malveillance" avaient très fortement perturbé samedi le trafic de 160 TGV, Thalys et Eurostar, provoquant des retards de 10 minutes à plusieurs heures pour des milliers de passagers. A chaque fois, des fers à béton avaient été fixés sur des caténaires, situées dans l'Oise, l'Yonne et la Seine-et-Marne, touchant les lignes à grande vitesse (LGV) Nord, Est et Sud-Est.

Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, avait alors souligné que c'était "la quatrième fois en trois semaines que des actes de malveillance" perturbaient "gravement le trafic" des trains et avait évoqué une possible "corrélation" entre ces différents actes. Des enquêtes sur ces incidents sont en cours "sous la "responsabilité directe" du directeur général de la gendarmerie nationale, selon le souhait de la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie.

L'hypothèse d'attaques coordonnées contre des lignes SNCF semble prendre corps. Après les incidents en série de ce week-end, le dernier étant, dimanche soir, celui survenu près de Narbonne, lorsqu'un TGV a heurté deux plaques de béton placées sur la voie, plusieurs procédures ont été lancées. L'une d'elle, concernant les actes de malveillance qui avaient frappé la ligne Paris-Lille, et qui avait été confiée au parquet de Senlis, est désormais placée sous la responsabilité du parquet antiterroriste de Paris.

Quant à l'enquête sur le terrain, elle mobilise plusieurs services : elle a été confiée en cosaisine à la section de recherche de la gendarmerie d'Amiens, à la sous-direction de la police judiciaire de la Gendarmerie nationale et au Service technique de rapprochement judiciaire et de documentation de la gendarmerie à Rosny-sous-Bois. La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, avait déjà insisté pour que les enquêtes soient sous la "responsabilité directe" du directeur général de la Gendarmerie nationale. Elle avait demandé également "que tous les moyens, en particulier ceux de police technique et scientifique, soient mobilisés au service de ces investigations".

"Le même scénario s'était produit il y a trois semaines"

Pour sa part, le président de la SNCF est monté au créneau ce week-end pour défendre son entreprise. Dimanche, dans Le Parisien et dans Le Journal du Dimanche, Guillaume Pépy évoquait déjà une possible "corrélation" entre les différents actes de malveillance. "Cinq des six incidents récents ont été provoqués par des fers à béton posés sur la caténaire, le fil d'alimentation électrique qui surplombe la voie", expliquait-il dans le JDD. "C'est le cas" notamment des incidents de samedi. Mais pas seulement : "Le même scénario s'était produit il y a trois semaines sur la ligne grande vitesse Est", avait-il indiqué.

L'hypothèse d'une bande organisée qui ciblerait les TGV est-elle plausible ? "A ce stade" difficile de le dire, estimait ce week-end le président de la SNCF. "Mais nous nous posons la question". Dans Le Parisien, il allait plus loin, estimant que "ces événements sont trop rapprochés dans le temps pour ne pas envisager une corrélation. Tous les réseaux aériens, routiers et ferrés sont des cibles potentielles parce que hautement symboliques".

Sabotages faciles pour des spécialistes

Selon un spécialiste de l'entretien des caténaires parlant sous le couvert de l'anonymat, ces actes de sabotage sont faciles à organiser pour des gens connaissant bien la SNCF et Réseau ferré de France. "Le travail d'entretien sur les caténaires s'effectue la nuit sur les lignes à grande vitesse (LGV), le courant est coupé pendant nos interventions, il suffit de savoir quand a lieu une intervention pour prendre une échelle et installer le fer à béton et repartir", explique-t-il. "On peut aussi utiliser nos perches isolantes qui mesurent environ sept mètre pour faire la même opération, pratiquée quotidiennement par des agents et qui demande très peu de temps", a-t-il précisé, observant qu'il y a des travaux toutes les nuits sur les lignes LGV.

Concernant le renforcement de la surveillance du réseau SNCF annoncé par Guillaume Pépy et réclamé par le secrétaire d'Etat chargé des Transports, Dominique Bussereau, le ministère de l'Intérieur a déjà mis en garde : "on ne peut pas mettre des patrouilles le long de tous les rails de France et de Navarre". La responsabilité de la sécurité du réseau incombe en grande partie à la SNCF, soulignait-on par ailleurs ce week-end au ministère de l'Intérieur.