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L'Europe accouche d'un accord sur la Grèce

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L'Europe accouche d'un accord sur la Grèce Empty L'Europe accouche d'un accord sur la Grèce

Message  livaste Ven 26 Mar - 11:15

L'Europe accouche d'un accord sur la Grèce


Par Jean-Jacques Mevel

26/03/2010 | Mise à jour : 00:03 Réactions (54)

Les dirigeants des pays de la zone euro étaient réunis jeudi soir pour s'accorder sur un pla d'aide à la Grèce.
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont trouvé un compromis sur un soutien financier à la Grèce. Le mécanisme qui fait intervenir le FMI sera valable pour d'autres pays de la zone euro.


De notre correspondant à Bruxelles

Un accouchement dans la douleur. Après un tête-à-tête serré entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, les seize pays de l'euro se sont entendus jeudi soir sur un plan d'aide à la Grèce. Il partage le rôle de prêteur de dernier recours entre les Européens et le Fonds monétaire international.

L'Allemagne, longtemps réticente à soutenir directement Athènes, a finalement accepté de contribuer financièrement, avec les autres pays. En retour, la France et les institutions bruxelloises devront s'accommoder d'une «implication substantielle» du FMI, poussé par Angela Merkel dans la bergerie européenne. Au-delà de l'urgence grecque, les pays de l'euro doivent aussi se préparer à une nouvelle diète budgétaire sur le modèle germanique.

En faveur de la Grèce, le compromis franco-allemand prévoit un «cadre européen» constitué par des prêts bilatéraux et coordonnés de la part des États. S'y s'ajoutera un «complément» de prêts du FMI, minoritaires selon Paris. Les détails du texte restent à ficeler. L'enveloppe, dit-on à Bruxelles, devrait se situer entre 20 et 22 milliards d'euros. La Grèce l'a jugée «tout à fait acceptable». La méthode pourrait être étendue à d'autres pays plongés dans le rouge.

Sur le plan budgétaire, la France accepte la demande allemande d'un droit de regard européen renforcé sur les déficits nationaux, «sanctions comprises». Ce tour de vis pourrait se préciser avant la fin de l'année, avec une révision des traités. Concession à Berlin, Paris envisage déjà «toutes les options juridiques possibles».

Le compromis franco-allemand, dicté par l'urgence, n'a pas dissipé tous les malentendus. Berlin, à mots couverts, s'inquiète du penchant français pour une croissance française fondée sur la consommation et l'investissement public. À l'inverse, Paris a ouvertement critiqué, avec Christine Lagarde, un modèle allemand fondé sur l'épargne et l'exportation qui vient nourrir les déficits des voisins.

L'accord franco-allemand a été élargi dans la soirée aux seize pays de l'Eurogroupe, réunis d'urgence en marge du sommet européen à Bruxelles. Il dicte dans l'immédiat la prescription que l'Union européenne appliquerait, au-delà d'Athènes, à tout pays de la zone euro dépassé par ses déficits. Explosion de la dette, croissance anémique et faible productivité, le Portugal, l'Espagne et l'Italie partagent les mêmes maux que la Grèce.

La pilule qui s'annonce est amère pour le premier ministre Papandréou. Il attendait de l'Europe qu'elle l'aide à se refinancer à moindre coût. Athènes doit trouver 15 milliards d'euros d'ici à début mai et 50 milliards avant la fin de l'année. Les conditions posées par Angela Merkel font du soutien conjoint de l'UE et du FMI un recours très dissuasif.

La Grèce ne pourra y faire appel qu'en dernier ressort, en clair seulement si les seize pays de l'euro constatent - à l'unanimité - qu'elle ne peut pas se refinancer sur le marché. Les crédits européens se feront «sans élément de subvention». Côté FMI, les taux paraissent plus attrayants. Mais ils relèguent la Grèce au rang de pays assisté. Ils passent aussi par une cure d'austérité supplémentaire qu'Athènes aurait du mal à faire passer face à la colère sociale.

Sur le fond, Angela Merkel a pour l'essentiel dicté sa loi à l'UE. A priori isolée dans son orthodoxie, l'Allemagne a démontré que rien ne peut se faire sans elle dans une Europe en crise. Inflexible, la chancelière a imposé ses choix. Nicolas Sarkozy, le patron de la BCE Jean-Claude Trichet, le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, le chef de l'exécutif européen José Manuel Barroso, tous auraient préféré une solution purement européenne. Tous voyaient dans le recours au FMI une atteinte à la fierté et à l'indépendance européennes. Mais, jeudi soir, la menace d'une débâcle sur l'euro ne leur a pas laissé le choix.
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