la faim et la misère dans le monde

A l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, l'organisation ATD-Quart monde, initiatrice de l'événement, organisait samedi plusieurs manifestations et rassemblements dans toute la France. A Paris, rendez-vous était donné sur le Parvis des droits de l'Homme, place du Trocadéro en face de la tour Eiffel, où un peu plus d'un millier de personnes se sont rassemblées en fin d'après-midi, selon l'organisation.

"Pour que tous les enfants aient un avenir, il faut s'unir contre la misère", rappelle ATD-Quart monde dans un communiqué. L'association, qui dénonce "la stigmatisation croissante des personnes pauvres", a annoncé avoir obtenu le principe d'une rencontre avec le président Nicolas Sarkozy. Le Haut commissaire aux solidarités actives Martin Hirsch, présent samedi au Trocadéro, a confirmé ce rendez-vous, dont la date n'a pas encore été fixée, mais qui devrait avoir lieu d'ici la fin novembre, selon ATD-Quart-Monde.

L'association demandera au chef de l'Etat de "soutenir tous les parents pour que les enfants puissent vivre avec leur famille", "mobiliser notre pays pour que plus un enfant soit obligé de vivre dans un taudis, un logement indigne ou pas de logement du tout" et "faire cesser les humiliations, les vexations, les discriminations à l'égard des pauvres, en particulier à l'école où elles empêchent les enfants d'apprendre".

A l'occasion de cette journée mondiale, le Secours catholique a souligné de son côté qu'"une part croissante de la population, au premier rang desquels les jeunes et les personnes âgées" est confrontée à "de graves difficultés dans les domaines du logement, du pouvoir d'achat, du surendettement, de l'accès à l'emploi et à la formation".

Or le Secours catholique craint un affaiblissement possible du financement de l'action locale sociale. L'association s'inquiète en effet "des incertitudes qui pèsent sur le budget des communes à travers la suppression annoncée de la taxe professionnelle". "C'est l'action sociale de proximité, initiée par les communes et le centre communal d'action sociale (CCAS), qui risque de souffrir des inévitables arbitrages budgétaire à venir", redoute le Secours catholique.

La journée mondiale du refus de la misère est célébrée chaque année depuis le 17 octobre 1987, quand, à l'initiative du père Joseph Wresinski, le fondateur d'ATD-Quart Monde, plusieurs milliers de personnes s'étaient alors rassemblées au Trocadéro. Depuis 1993, cette journée annuelle est célébrée par les Nations unies comme la journée internationale pour l'élimination de la pauvreté. Cette année, elle avait pour thème "les enfants et les familles s'élèvent contre la pauvreté". AP

Alors que la Journée mondiale de l'alimentation se déroule aujourd'hui, le seuil symbolique du milliard d'affamés a été franchi cette année, soit une personne sur six dans le monde. « C'est le double d'il y a trente ans », s'inquiète François Danel, directeur général d'Action contre la faim (ACF). Deux facteurs majeurs sont en cause, selon lui: «la crise économique et le réchauffement climatique», auxquels s'ajoute «l'augmentation considérable de la population dans des zones qui étaient déjà fragiles, comme l'Inde».
Selon un rapport publié mercredi par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), l'Asie et le Pacifique sont les plus touchés, avec 642 millions de personnes souffrant de faim chronique, suivis de l'Afrique subsaharienne (265 millions). Les pays développés ne sont pas épargnés non plus: 15 millions de personnes sont touchées par ce fléau.
«Le problème de l'insécurité alimentaire» est «d'abord une question de mobilisation au plus haut niveau politique pour que les ressources financières nécessaires soient disponibles, estime Jacques Diouf, directeur général de la FAO. Chaque année, les soutiens à l'agriculture des pays de l'OCDE atteignent 365 milliards de dollars et les dépenses d'armement 1 340 milliards.»
L'économiste américain Jeffrey Sachs recommande, lui, le «triplement des investissements» dans le monde pour l'agriculture et la sécurité alimentaire, et prône un accroissement de l'aide envers les petites exploitations agricoles africaines afin de passer «d'une économie de subsistance à une économie commerciale durable». Car le paradoxe est que «70% des personnes qui souffrent de faim sont des paysans», selon François Danel. De leur côté, les huit pays les plus industrialiés (G8), réunis à L'Aquila (Italie) en juillet, se sont engagés à mobiliser 20 milliards de dollars sur trois ans pour lutter contre la faim dans le monde. « Reste à voir si ces promesses seront tenues », avertit ACF.