Bayrou sème la zizanie au sein de la gauche

OPD. «Offre public de dialogue», ou comment discuter de rapprochements sans perdre le leadership éventuel... Dimanche à La Grande-Motte, François Bayrou s'est une fois encore présenté en principal opposant à Nicolas Sarkozy.

Et a appelé ceux «qui n'acceptent pas» que s'installe pendant dix ans «ce régime, inégalité et domination, avec ses injustices économiques, sociales, démocratiques, à venir discuter avec lui.

Invitation immédiatement saisie par Vincent Peillon. «On a deux objectifs aujourd'hui, le rassemblement, parce qu'il faut une majorité alternative à Nicolas Sarkozy, et ensuite des idées», a déclaré l'eurodéputé socialiste, animateur du courant «L'Espoir à gauche». L'ancien soutien de Ségolène Royal, qui est à l'origine du débat en ayant fait venir à Marseille le 22 août Marielle de Sarnez, bras droit de François Bayrou, a employé les mêmes mots que le leader centriste.

Hamon : «Un objet politique difficilement identifiable»

Mais au sein du Parti socialiste, son avis ne fait pas l'unanimité. Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a estimé ce lundi matin que le MoDem reste «à bien des égards un objet politique difficilement identifiable» et doit clarifier son projet. François Bayrou «nous propose un dialogue, avec des listes autonomes (aux régionales, ndlr), avec une candidature à la présidentielle et avec la volonté de ne pas s'aligner ni de se rallier», a-t-il relevé, gardant en tête les autres forces de gauche, qu'un rapprochement avec les centristes ne manquera pas de fâcher.

«François Bayrou a un cap, c'est d'être candidat à la présidentielle de 2012 et d'être devant, si possible, le candidat socialiste pour être face à Nicolas Sarkozy. Nous, notre cap c'est de rassembler la gauche et d'avoir si possible un candidat commun à la gauche» pour «être en situation de battre Nicolas Sarkozy», a-t-il rappelé.

Pour Pierre Moscovici, François Bayrou a réalisé «un coup politique, pas mal joué». Le député socialiste du Doubs estime, que sans faire d'un rapprochement une question tabou, «les alliances privilégiées (du PS) sont à gauche et avec les écologistes».

Manuel Valls, lui, vote pour : le député-maire d'Evry (Essonne) qui fait cavalier seul en ce moment au sein du PS, dans l'optique de 2012 se dit d'accord pour «dialoguer» avec le Mouvement Démocrate (MoDem) afin de bâtir «un contrat de quinquennat, un contrat présidentiel» dans la perspective de 2012. «Nous gouvernons déjà des grandes villes avec le MoDem et si, demain, nous voulons gouverner le pays avec (lui), bâtir cette coalition dans laquelle le PS doit occuper évidemment la position centrale, il faut le dire aux électeurs et il faut savoir sur quoi on est d'accord en matière de développement économique, de formation, de soutien au développement durable, aux transports, etc.», a-t-il expliqué sur RMC.

Président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), Jean-Pierre Chevènement, qui est reparu à l'université d'été du PS de La Rochelle, estime que le dialogue est possible de l'extrême gauche au centre, y compris lors de primaires pour désigner le leader qui s'opposera à Nicolas Sarkozy en 2012. «Le PS doit organiser sa rupture», a-t-il martelé. Le président du Parti radical de gauche (PRG) Jean-Michel Baylet se dit lui-aussi prêt à dialoguer.

Devedjian : «Bayrou met le bazar»

Et si elle joue l'ironie, la droite reste vigilante. Patrick Devedjian (UMP) a estimé ce matin sur France 2 que la proposition d'OPD de Bayrou était «surtout un danger pour la gauche parce que c'est un facteur de division». «Là où il arrive, François Bayrou met le bazar. Et il est en train de le mettre à gauche. C'est vraiment un grand service qu'il peut nous rendre», a ajouté le ministre de la Relance.

Sa collègue de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse lance donc un appel aux centristes mécontents: «Pour moi, la porte est toujours ouverte. S'il y a des électeurs, des élus, des grandes figures du MoDem qui considèrent que cette politique d'alliance avec la gauche de François Bayrou, qui est maintenant avérée et révélée au grand jour, ne correspond pas à leurs convictions et que ce n'est pas ça qu'ils recherchaient, nous pouvons parler ensemble de projets, d'aventures pour la région», a expliqué la chef de file de l'UMP pour les régionales en Ile-de-France.