Les marges de la grande distribution dans le viseur des agriculteurs

La contestation des producteurs de lait ne s'essouffle pas. Bien au contraire. Après la conclusion d'un accord de la FNSEA avec les industriels sur une orientation des prix pour 2009, la colère de la base se tourne maintenant sur les marges de la grande distribution. Et le mécontentement s'étend à l'ensemble du monde agricole. "Il y a incontestablement un effet d'entraînement", reconnaît le président de la Fédération porcine de la FNSEA, Jean-Michel Serres.
Dans bien des cas, ses troupes ont rejoint les producteurs de lait pour bloquer des plates-formes alors que la crise économique les touche. Mardi, laitiers, éleveurs de porcs, et même producteurs de fruits et légumes ont fermé les accès au chantier de l'EPR et de la centrale nucléaire EDF de Flamanville, dans la Manche. Dans ce contexte, les Jeunes Agriculteurs et la FNSEA - pourtant signataire de l'accord sur les prix du lait - ont décidé d'appeler à un mouvement national de 48 heures à partir de jeudi soir.

Ils dénoncent les "dégâts" de la loi de modernisation de l'économie (LME) sur les relations entre fournisseurs et distributeurs. Pascal Servier, le président de la Fédération départementale des producteurs de lait du Puy-de-Dôme, réclame un amendement pour mettre fin à un système qui donne "tout pouvoir [à la grande distribution] pour fixer les prix et compenser ses pertes financières liées à la crise". Réponse d'Eric Mozas, président des enseignes alimentaires d'Intermarché, cité par l'Agence France Presse : "Entre 2007 et 2008, il y a eu un inversement des marges entre producteurs et transformateurs." Il regrette d'ailleurs que la distribution n'ait pas été conviée aux négociations sur le prix du lait qui se sont tenues fin mai et début juin. Une façon de renvoyer la balle dans le camp des industriels du lait. Mercredi matin, se réunit justement l'Observatoire des prix et des marges créé en 2008, en pleine polémique sur la flambée des prix à la consommation. Selon les agriculteurs, il n'a pas donné pour l'heure les résultats escomptés, puisqu'il se limite à donner l'évolution des prix tout en restant muet sur les marges.

La FNSEA croit donc pouvoir lancer un ultimatum au gouvernement : "Nous donnons un mois" à partir de jeudi aux pouvoirs publics pour connaître les marges de la distribution, avertit Dominique Barraut, son secrétaire général. "Si dans un mois nous n'avons pas de réponse, nous recommencerons." Concrètement, le premier syndicat agricole réclame la désignation d'un "arbitre" et souhaite que le gouvernement "envoie la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) dans les linéaires". Jean-Michel Serres dénonce par exemple "des côtes de porc vendues habituellement à 7 à 8 euros dans les rayons" et la pratique de promotions disproportionnées qui font tomber ponctuellement le prix du produit à 2,20 euros. "La grande distribution doit donner aux Français de consommer du porc en pratiquant des prix de fonds de rayons plus adaptés", de l'ordre de 5 euros, martèle-t-il. Il ne se fait pas pour autant d'illusion : la solution ne saurait être globale pour l'ensemble des agriculteurs. Selon lui, elle ne peut venir que de la discussion entre chaque filière et la grande distribution.

Le mouvement de protestation, enclenché depuis plusieurs jours dans le Grand Ouest à l'initiative d'éleveurs en colère ayant devancé le mot d'ordre de la FNSEA, s'est élargi dans la journée à la région Est, à la Normandie et à l'Oise. Depuis la signature la semaine dernière d'un accord sur le prix du lait jugé très insuffisant par les producteurs laitiers, les éleveurs restent mobilisés sur le terrain.

Ils ont été rejoints par d'autres agriculteurs dont les productions (porc, fruits et légumes...) connaissent aussi des difficultés. La situation est tendue et des échauffourées ont eu lieu avec les forces de l'ordre.

La nuit a été calme autour des 39 plateformes d'approvisionnement de grandes surfaces, bloquées depuis jeudi soir par les agriculteurs pour dénoncer les marges de la grande distribution. "Aucun problème particulier n'est à signaler, ni aucune évacuation", a déclaré la FNSEA. Au petit matin, des agriculteurs prenaient la relève de leurs collègues, au nombre de 7000 jeudi soir. "On devrait tourner autour du même nombre aujourd'hui", a indiqué la FNSEA, en précisant qu'une "centaine de tracteurs" étaient mobilisés. Deux plateformes supplémentaires devraient être bloquées dans la journée de vendredi, portant à 41 le nombre touchées dans toute la France, soit "environ la moitié" de celles existantes, selon la FNSEA.

La mobilisation est plus importante que prévu, la FNSEA, à l'origine du mot d'ordre national, avait évoqué dans un premier temps une petite trentaine de plateformes logistiques, soit environ la moitié des bases présentes sur le territoire. Ils entendent poursuivre le mouvement alors que le ministre de l'Agriculture Michel Barnier a assuré que le gouvernement était disposé à envoyer des inspecteurs du ministère des Finances dans les grandes surfaces ne jouant pas "le jeu de la transparence" sur les marges des produits agricoles.

Les consommateurs "comprennent les paysans"

Le mouvement de protestation est déjà enclenché depuis plusieurs jours dans le grand Ouest à l'initiative d'éleveurs en colère qui ont largement devancé le mot d'ordre de la FNSEA. En bloquant les plateformes d'approvisionnement de la grande distribution, le syndicat agricole veut dénoncer les marges réalisées par les grandes surfaces. Depuis la signature la semaine dernière d'un accord sur le prix du lait jugé très insuffisant par les producteurs laitiers, les éleveurs restent mobilisés sur le terrain. Ils ont été rejoints par d'autres agriculteurs dont les productions (porc, fruits et légumes..) connaissent aussi des difficultés.

Plusieurs plateformes logistiques assurant l'approvisionnement de la grande distribution (Intermarché, Lidl, Leclerc, Système U, Casino, Carrefour, Géant...) sont donc toujours occupées vendredi, certaines pour la troisième journée consécutive, dans les Côtes-d'Armor, le Morbihan, le Finistère ainsi qu'en Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique et le Maine-et-Loire. En Haute-Normandie, une plateforme est bloquée à Bourg-Achard (Eure). La région Est est aussi entrée dans le mouvement. Plusieurs bases (Lidl, Leclerc, système U, Intermarché,...) étaient bloquées dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, et dans la Meuse. La FNSEA a annoncé que les 22 régions françaises seraient touchées. Dans chacune d'entre elles, une ou deux plateformes seront bloquées. Les blocages devraient perturber les traditionnelles courses du samedi mais, selon la FNSEA, les consommateurs "comprennent les paysans".

Les manifestants ont reçu le soutien du député UMP Jean-Paul Charié qui a estimé que "la colère des agriculteurs est justifiée car, de fait, les prix baissent pour eux et augmentent pour les consommateurs". Ce député a été rapporteur de la loi sur la modernisation de l'économie (LME), qui a modifié les relations entre fournisseurs et distributeurs dans le but de faire baisser les prix pour le consommateur. "En 10 à 15 ans, le transfert des profits des agriculteurs et industries agroalimentaires vers la grande distribution est indéniable. Hier 15% de marge suffisait aux grandes surfaces. Aujourd'hui 25% est leur minimum !", selon lui.

livaste a écrit:
rien de tel que cet article pour que tout le monde se précipite et dévalise les rayons des grandes surfaces !
c'est la grande distribution qui va être contente !!

livaste a écrit:la droite n'est pas forcément libérale !
C'est on ne peut plus simpliste de décider que la droite est libérale , à moins que tu n'opposes " libéral " à " collectiviste " et dans ce cas , hormis le NPA, tout le monde est libéral !