EDF, ceux qui ne risquent rien avec la crise

De nouvelles coupures d'électricté et de gaz ont eu lieu mardi sur les réseaux de distribution de Gaz (GrDF-filiale de GDf Suez) et d'électricité (ErDF-filiale d'EDF), alors que des négociations avaient repris avec les syndicats, notamment sur les salaires.

Des coupures ponctuelles d'électricité ont eu lieu mardi «essentiellement dans le nord de la France», mais également durant tout le week-end de Pâques explique la direction d'ErDF qui précise par ailleurs, que 2.

670 foyers ont subi des coupures de gaz mardi. La direction comptabilisait en fin d'après-midi 6,2% de grévistes.

Des mouvements de grève touchent depuis plusieurs semaines ErDF et GrDF, notamment pour demander des augmentations de salaires. En province, le mouvement a démarré autour du 23 mars, et en Ile-de-France, le 1er avril. Les syndicats réclament notamment une prime de 1.500 euros pour tous et une augmentation mensuelle de 5%.

Chez ErDF, ils dénoncent également des externalisations d'emplois. Les négociations qui ont déjà eu lieu, n'ont pas pu aboutir à un accord pour l'instant. Jeudi dernier, une journée nationale d'action avait mobilisé 28% de grévistes à ErDF et GrDF.

En Ile-de-France, le mouvement de grève, depuis le début du conflit, a entraîné des coupures de gaz pour 10.000 abonnés (sur un total de 3 millions d'abonnés), et des coupures d'électricité pour 48.000 abonnés (sur un total de 6 millions), touchant au final plus d'une centaine de communes, a précisé à l'AFP Michel Dumazeau, de la CGT Energie d'Ile-de-France.

Douze mairies des Yvelines ont parmi fait les frais, le 8 avril, de coupures d’électricité. Idem à la préfecture de Versailles, ainsi qu'à la sous-préfecture de Mantes-la-Jolie. Le lendemain, les grévistes s'en sont pris symboliquement à la commune du PDG d'EDF, près de Saint-Germain-en-Laye, qui s'est retrouvée sans électricité.

Cette semaine, c'était au tour du centre commercial Parly 2 d'être touché.

A Paris, le centre hospitalier parisien Robert Debré a été privé de gaz quelques heures mercredi. « Nous avons immédiatement basculé sur le fuel, et la sécurité des gens a été assurée», assurait-on à l'hôpital.

Nord-Pas-de-Calais. La région a été touchée par plusieurs coupures de courant en début de semaine. L’hôpital de Douai a été privé d’électricité pendant près de quarante minutes mardi matin en raison d’une coupure de courant, puis d’une défaillance des groupes électrogènes. Les grévistes nient toute responsabilité dans cet incident. La direction de l’hôpital attend un rapport d’enquête d’EDF et envisage, « s’il y a eu acte de malveillance », de porter plainte.

Bretagne. Jeudi, à Morlaix, les grévistes ont déconnecté le parc voisin d’éoliennes, qu’EDF devra indemniser, et ont passé surtout le plus gros transformateur de la ville en heures creuses. Plus de 6 200 foyers et 650 entreprises ont ainsi profité du tarif d’électricité le plus bas de 14 h 30 à 21 h 30…

Midi-Pyrénées. En milieu de semaine, 70 pensionnaires d’une maison de retraite de Mazères, en Ariège, ont été privés pendant plusieurs heures d’alimentation en gaz, de même que 500 autres abonnés du secteur, à cause d’une coupure dans la nuit de mardi à mercredi. La société a déposé plainte pour « acte de malveillance ». A Toulouse, des agents grévistes sont venus rétablir le courant chez une famille privée d’électricité pour cause de facture impayée. Un acte qualifié par la direction d’EDF-GDF de « totalement illégal ».

Auvergne. Les agents d’ErDF ont coupé l’alimentation électrique du radar automatique installé sur la D 2144, à hauteur de Néris-les-Bains (Allier), jeudi. Des grévistes ont, eux, arrêté la production de l’usine EDF de Bort-les-Orgues pendant quatre heures.

Pour Alain André, délégué central FO-Energie-Mines, « les syndicats n’ont jamais appelé à de telles opérations. Ce sont des actes incontrôlées et dangereux, fruits de l’exaspération de quelques poignées d’agents sur le terrain qui ne supportent plus de voir le blocage des négociations salariales. Le problème, c’est que ces coupures sauvages vont à l’encontre de notre principale régle : ne pas mettre en jeu la sécurité des clients. »

« Ces actes sont condamnables »

Si couper l’électricité ne représente aucun danger pour l’abonné, il n’en va pas de même avec le gaz. « Interrompre l’alimentation sur le réseau basse pression peut entraîner des fuites et des risques d’explosion. GrDF doit donc respecter une procédure très stricte avant de rouvrir un réseau. Cela nécessite le passage d’un agent dans chaque logement pour vérifier que tout robinet individuel de gaz est bien fermé, avant la remise en pression d’un immeuble ou d’un résidence par exemple. L’agent devra ensuite repasser chez chaque abonné pour rouvrir le robinet et s’assurer que l’installation reste conforme. En coupant le gaz, les agents savent qu’ils vont perturber l’activité de GrDF, en imposant à l’entreprise un surcroît de travail. »
« Ces actes sont inacceptables et condamnables », martèle la direction de GrDF, bien décidée à ne pas céder à des actions qui « remettent en cause la notion de service public ». Depuis plusieurs semaines, les syndicats réclament une prime de 1 500 € pour tous les agents, une augmentation mensuelle des salaires de 5 % et l’arrêt des externalisations des emplois chez GrDF. Les discussions devraient d’ailleurs reprendre sur ce thème dès lundi.