Avec la crise, les offres de crédit promotionnelles se multiplient

Depuis quelques semaines, des annonces alléchantes, tentantes, envahissent les pages des journaux, les sites Internet et les messageries électroniques personnelles. Alors que sévit la crise financière, ces publicités proposent des prêts renouvelables à volonté ou des rachats de crédits en tous genres, automobile, à l'habitat ou à la consommation. Elles promettent aux citoyens-consommateurs un pouvoir d'achat restauré en même temps... qu'une vie meilleure !


Aux consommateurs qui peinent à boucler leurs fins de mois, et hésitent à pousser la porte de leur banque, d'autres sociétés financières proposent des "réserves d'argent" disponibles "tout de suite", et, laissent-elles entendre, pour rien ou presque. Ainsi, cette publicité signée "Médiatis, le crédit qui a le sens du service", met à portée de clic "une réserve d'argent jusqu'à 10 000 euros pour réaliser vos projets", avec "0 euro à rembourser pendant trois mois, et réponse de principe immédiate !". En guise de cerise sur le gâteau, Médiatis, qui, coup de chance, "fête ses 10 ans", offre "un taux exceptionnel sur votre réserve de crédit pendant 6 mois".

"Détendez-vous et ne commencez à rembourser qu'en 2009", indique un autre spot publicitaire pour un crédit renouvelable baptisé "Disponis, le crédit selon vous", montrant une femme alanguie sur une plage baignée de soleil. Il offre jusqu'à 4 500 euros "virés en 48 heures seulement", pour "0 euro pendant 3 mois" avec, en cadeau, une mini-chaîne Hi-fi.


"LES VAUTOURS SONT DÉJÀ LÀ"


La recrudescence d'offres de crédits promotionnelles constitue un phénomène classique en temps de crise. Elle est surveillée de près par les autorités de la concurrence, les autorités de tutelle bancaire et les associations de consommateurs, qui dénoncent des messages trompeurs et des incitations à un endettement excessif.

"Tout n'est pas mauvais et il arrive que des rachats de crédits et de dettes bien faits, par des gens sérieux, permettent à des familles d'éviter d'être expulsées d'un logement ou de tomber dans le surendettement", explique Frédérique Pfrunder, chargée de mission à l'association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV).

Mais, avertit-elle, "il faut faire attention aux publicités très agressives où l'on ne parle pas d'argent mais où l'on vend du bien-être. Les conditions de crédit cachées derrière peuvent être dangereuses, par exemple si l'on propose du taux variable à des ménages endettés à taux fixe. Il faut faire avoir en tête que, de toute façon, le crédit nouveau sera plus long et coûtera beaucoup plus cher !"

Mme Pfrunder dénonce au passage "le double jackpot" que représentent, pour les banques, ces opérations de rachat de créances. Elle met par ailleurs en garde contre la tentation du crédit renouvelable, alors que menace la crise économique. "On est en train de mettre en place un dispositif explosif, estime-t-elle, on ne trouve plus de petits crédits affectés pour financer des dépenses de moins de 2 000 euros comme l'achat d'une machine à laver, mais on propose des crédits revolving utilisables à volonté sur des cartes bancaires."

Christian Huard, le président de CondoFrance, partage ces inquiétudes. Il attend des établissements de crédit qu'ils adoptent des comportements responsables. "Les vautours de la crise sont, semble-t-il, déjà là, déclare M. Huard. En proposant des crédits à des tarifs promotionnels, ces sociétés déforment l'offre économique. Il doit y avoir un prix pour le crédit. L'essentiel, c'est le prix normal, celui qu'on va réellement payer tout au long de la durée d'emprunt." Pour M. Huard, il revient aux pouvoirs publics de protéger le consommateur des pratiques déloyales, surtout au moment où l'Etat entre au capital des banques.