la crise et l'immigration dans l'UE
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la crise et l'immigration dans l'UE
Catherine Withol de Wenden : «On ne voit pas les nationaux reprendre certains emplois aux étrangers»
Pour Catherine Withol de Wenden, politologue spécialiste des migrations, la crise n’aura que des effets limités sur les flux migratoires, mais elle rend les conditions de vie des migrants plus difficiles
Recueilli par Bernard GORCE
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2366660&rubId=50650
Pour Catherine Withol de Wenden, politologue spécialiste des migrations, la crise n’aura que des effets limités sur les flux migratoires, mais elle rend les conditions de vie des migrants plus difficiles
Peut-on mesurer les effets de la crise sur les migrants en Europe ?
Catherine Withol de Wenden : Nombre de Polonais qui avaient massivement émigré vers le Royaume-Uni ou l’Irlande depuis 2004 retournent chez eux. Souvent jeunes, peu qualifiés, ils étaient venus chercher une expérience et se faire un pécule.
Avec la crise, ils choisissent, depuis l’été 2008, de repartir au pays, mais il est encore trop tôt pour dire si ces retours sont définitifs ou non. Les saisonniers vont peut-être vite revenir. D’autres vont en revanche faire le choix de rester chez eux, car ils ont trouvé ce qu’ils étaient venus chercher : une expérience à l’étranger, la maîtrise de l’anglais…
Reste à savoir comment va se passer leur réinsertion professionnelle en Pologne. Car s’ils ont enrichi leur CV, ils ont aussi pris le risque de se déqualifier en acceptant des petits boulots.
Qu’en est-il, plus largement, de l’évolution des flux migratoires intra-européens ?
La Pologne, 38 millions d’habitants, et la Roumanie, 22 millions, ont connu le plus de départs car ils avaient les plus grandes réserves de main-d’œuvre. Puis elles se sont retrouvés elles-mêmes confrontées à un manque de travailleurs.
On a vu ainsi les Ukrainiens venir travailler en Pologne ou les Moldaves en Roumanie. Le retour des Polonais ou des Roumains va donc avoir des effets sur les autres pays d’Europe de l’Est. Cela dit, la crise économique aura des effets limités sur les flux migratoires intra-européens, car les besoins de main-d’œuvre vont demeurer forts dans certains secteurs.
L’Italie a accueilli beaucoup de Polonaises ou de Roumaines pour travailler dans les services à la personne. Le vieillissement de la population dans ce pays est tel que les besoins salariés resteront importants.
Autre exemple, l’Espagne. On a vu, l’automne dernier, un certain nombre d’Espagnols se remettre à la cueillette de l’olive. Mais ce retour à l’agriculture reste limité. Pour lutter contre la désertification, Madrid a passé des accords avec l’Ukraine ou la Roumanie, qui favorisent l’installation de paysans reprenant des exploitations. Ces immigrés-là ne repartiront pas avec la crise.
En Grande-Bretagne, les emplois des étrangers sont menacés dans le bâtiment ou le tourisme mais pas dans l’agriculture où le retour des Anglais aux champs est peu probable.
Quels peuvent être les conséquences de la crise sur l’immigration extra-européenne ?
Beaucoup d’étrangers en situation irrégulière occupent des emplois très peu qualifiés dans le bâtiment, la restauration ou les services. Ils peuvent se retrouver, a priori, dans une situation beaucoup plus délicate avec la crise. Pourtant, l’impact de celle-ci sur l’immigration du Sud devrait également rester limité. Car, à la différence de l’immigration polonaise, elle n’est pas portée par des motivations uniquement économiques.
À l’époque de la communication, d’Internet, l’installation en Europe est plus que jamais le signe d’une vie réussie. La crise ne va pas ternir cet idéal du départ, surtout quand les individus perdent toute confiance dans les autorités politiques de leur pays pour accéder à une vie meilleure. En revanche, la crise va rendre plus difficiles les conditions de vie des immigrés et devrait avoir un impact sur les transferts financiers vers les pays d’origine.
Les États européens peuvent-ils adapter leur politique migratoire à la crise ?
Des pays qui avaient largement accueilli des étrangers, comme l’Espagne, avaient déjà opéré un revirement avant la crise de cet automne en instaurant des quotas de main-d’œuvre. Toutefois, vu le contexte démographique de l’Europe, tous les États savent qu’ils auront besoin de main-d’œuvre étrangère.
Sauf scénario de crise économique profonde et durable, on ne voit pas les nationaux reprendre certains emplois aux étrangers. La politique répressive des retours forcés que mènent les gouvernements d’Europe n’est pas justifiée par des nécessités économiques mais par le besoin de satisfaire une partie de l’opinion publique.
Quels peuvent être les effets de la crise sur les flux migratoires Sud-Sud ?
Des pays comme le Maroc ou l’Afrique du Sud qui ont accueilli de nombreux immigrés ces dernières années sont moins exposés que les pays riches à la crise financière. Les besoins agricoles demeurent forts et l’Afrique du Sud, qui prépare les Jeux olympiques, aura encore besoin de beaucoup de main-d’œuvre. Reste le cas des pays du golfe Persique que quittent des travailleurs étrangers. Mais même là, nous n’en sommes pas encore à l’ère de l’après-pétrole qui remettrait en cause les équilibres économiques.
Recueilli par Bernard GORCE
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2366660&rubId=50650
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