la guerre des Gaules est repartie

La guerre des Gaules reprendra-t-elle, plus de deux mille ans après la disparition de César ? Devant le conseil de l'agglomération de Montpellier, Georges Frêche, président de la Région Languedoc-Roussillon, a en tout cas été catégorique. «Au moins une partie des statues retrouvées ( ces dernières années) dans le Rhône doivent être exposées dans le futur musée de Nîmes et non pas à Arles», a-t-il affirmé en faisant valoir que ces chefs-d'œuvre de l'ère romaine auraient été repêchés dans une partie gardoise du fleuve. Georges Frêche avait d'abord menacé de lancer une procédure judiciaire avant de réclamer de Christine Albanel, la ministre de la Culture, qu'elle rétrocède la moitié de ces biens archéologiques au musée de Nîmes (Gard). Les huit années de campagne de plongées financées par l'État (60 %), la Région Paca (15 %), le département des Bouches-du-Rhône (15 %) et la Fédération française de plongée avaient accouché en août 2007 de la découverte exceptionnelle d'une statue de Jules César dans un très bon état de conservation.
«Georges Frêche se trompe doublement. D'abord, ces objets sont la propriété de l'État. La deuxième erreur, c'est de croire que ces objets auraient pu être repêchés en zone gardoise du fleuve. Or, ce n'est pas le cas. Toutes les pièces ont été récupérées entre deux rives d'Arles. Il aura sans doute été mal conseillé», estime Claude Sintès, le directeur du Musée départemental Arles antique que Christine Albanel a effectivement désigné, en juillet dernier, pour accueillir logiquement le fruit de ces plongées, l'extraordinaire Jules César compris. «Sauf à estimer que le Languedoc-Roussillon veuille annexer une partie de la ville d'Arles, les pièces ont été récupérées entre le pont de Trinquetaille, un quartier d'Arles, à l'ouest, et le pont de l'autoroute, hors du territoire du Gard. Il ne peut y avoir l'ombre d'un doute. Et le Musée antique qui doit accueillir ces découvertes est à 300 mètres du gisement. Il suffit de traverser le fleuve», précise Luc Long, conservateur en chef du patrimoine du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) à Marseille.
Il fouille depuis vingt ans les fonds troubles du Rhône et redoute bien plus les pirates de la plongée que les extravagantes velléités de Georges Frêche. «Le droit régalien est clair. Toutes les découvertes e ffectuées dans le domaine public maritime ou fluvial sont la propriété de l'État sauf à retrouver les anciens propriétaires. Et la notion de territorialité départementale ou régionale n'existe pas. Le ministère de la Culture a très logiquement désigné le Musée d'Arles, le deuxième site français derrière le Louvre pour les œuvres antiques, pour héberger ces découvertes. C'est une tempête dans un verre d'eau», ajoute Michel L'Hour, le directeur du Drassm de Marseille, qui prêche, dans cette fantaisie, la sérénité et l'apaisement.
Le précédent de la Septimanie



«Si le président Frêche veut enrichir les collections antiques du musée de Nîmes, il peut bien sûr lancer et financer des campagnes de plongée archéologiques, cette fois-ci depuis la véritable rive gardoise du Rhône, en amont, à Beaucaire par exemple, ou encore en Méditerranée», propose encore Luc Long, qui veut ainsi donner une perspective positive et dynamique à cette nouvelle offensive de Georges Frêche lequel avait déjà tenté, par le passé, au nom de l'histoire, mais en vain, de rebaptiser sa Région «Septimanie». Après l'effet de surprise, les Provençaux ont accueilli cette tentative avec humour et dérision, après avoir vérifié sur la carte les contours officiels du département des Bouches-du-Rhône dont le territoire court toujours jusqu'au petit bras du Rhône, depuis le nord de la ville d'Arles