SNCF - Sabotages : 8 arrestations dans "l'ultra gauche"

Neuf personnes déférées samedi après les sabotages de caténaires
Les neuf personnes proches de l'ultra-gauche gardées à vue dans l'enquête sur les sabotages de caténaires de la SNCF la semaine dernière seront déférées samedi à la justice, annonce le parquet de Paris.


Selon le parquet de Paris, les neuf personnes proches de l'ultra-gauche gardées à vue dans l'enquête sur les sabotages de caténaires SNCF la semaine dernière seront déférées samedi à la justice. Les suspects, qui étaient entendus depuis mardi, seront présentés à un juge d'instruction anti-terroriste en vue de leur mise en examen. (Reuters/Eric Gaillard)


Les suspects, qui étaient entendus depuis mardi, seront présentés à un ou plusieurs juges d'instruction antiterroristes en vue de leur mise en examen, a dit à la presse le procureur de la capitale, Jean-Claude Marin.

Pour le magistrat, il ne fait aucun doute que l'objectif du groupe, qui s'était baptisé "la cellule invisible", "s'apparente réellement à une entreprise terroriste" dont le but est "d'atteindre l'appareil d'Etat par la violence."

Jean-Claude Marin a estimé que cette cellule "d'ultra-gauche" s'inscrivait en dehors des schémas habituels.

Il a indiqué que le groupe très soudé, qui se servait comme base de la ferme du Goutailloux, à Tarnac, en Corrèze, était en relation avec d'autres groupes de même nature aux Etats-Unis, en Allemagne, en Italie et en Grèce.

Un "noyau dur" de cinq personnes, dont son dirigeant présumé, sera poursuivi pour "association de malfaiteurs" en relation avec une entreprise terroriste et quatre d'entre eux pour des "dégradations" sur les lignes ferroviaires, a-t-il dit.

Les suspects risquent de 10 à 20 ans de prison.

Parmi eux, figure le chef présumé du groupe, un ancien étudiant d'une école de commerce âgé de 34 ans et présenté comme le rédacteur d'un manuel de lutte armée.

CRÉER UN DÉSORDRE

Un second groupe de quatre personnes se verra reprocher son appartenance à une "association de malfaiteurs en vue d'une entreprise terroriste" sans que les enquêteurs puissent les impliquer directement dans les actes de sabotage.

Les cinq femmes et quatre hommes, âgés de 22 à 34 ans et issus de milieux sociaux aisés, sont soupçonnés d'avoir agi dans un but politique, l'idée étant de créer un désordre dans le pays pour favoriser l'émergence de mouvements sociaux.

Une femme, mère d'un des suspects, a été libérée sans charges jeudi.

L'enquête porte sur quatre actes de malveillance constatés samedi dernier sur des caténaires de l'Oise, de la Seine-et-Marne et de l'Yonne et un autre commis le 26 octobre en Moselle.

Jean-Claude Marin a estimé que les enquêteurs disposaient de preuves suffisantes contre la plupart des suspects.

Il a cité l'exemple de deux d'entre eux qui ont été vus par les policiers qui les avaient pris en filature sur une voie de service près du réseau ferré du TGV en Seine-et-Marne et jetant dans une poubelle des cartes du réseau ferroviaire.

Peu de temps après, les caténaires étaient endommagées.

Trois autres suspects ont fait l'objet d'un contrôle routier par des gendarmes le 7 novembre au soir à proximité d'une des voies ferrées dans l'est de la France.

En outre, les enquêteurs ont découvert lors des perquisitions des cartes du réseau ferré, des horaires de train et des outils du type coupe-boulons ou pinces de forge, susceptibles d'avoir servi au sabotage, ainsi qu'un ouvrage intitulé "L'insurrection qui vient".

"Il n'est pas exclu que le groupe ait envisagé des actions plus violentes", a dit Jean-Claude Marin.

Le procureur a vu dans le mutisme des membres du groupe lors de leur garde à vue le signe de leur "ancrage" dans un parcours clandestin.