Crise: l'Eurogroupe adopte un plan pour garantir les prêts interbancaires

Les Etats-membres de l'Eurogroupe sont tombés d'accord dimanche à Paris sur un plan autorisant les Etats à garantir les prêts interbancaires et à recapitaliser les banques pour tenter de calmer les marchés financiers.

Les principes adoptés par les chefs d'Etat et de gouvernement réunis à l'Elysée seront déclinés nationalement lundi. "Demain des décisions de très grande importance et de très grande ampleur seront prises par la quasi-totalité des Etats-membres", a affirmé Nicolas Sarkozy lors de la conférence de presse de clôture. "Le temps des décisions chiffrées, c'est demain".

Paris, Berlin et Rome, notamment, présenteront simultanément lundi après-midi leurs mesures nationales, a précisé le président en exercice de l'Union européenne. En France, cela prendra la forme d'un conseil des ministres exceptionnel et "toutes les décisions que nous annoncerons demain seront efficientes (...) avant la fin de la semaine", a-t-il assuré.

"Le Premier ministre (François Fillon) aura à proposer au Parlement français un ordre du jour exceptionnel". Le chef du gouvernement a d'ailleurs annulé son déplacement à Bruxelles, prévu lundi.

La crise est "entrée ces derniers jours dans une phase qui rend intolérable atermoiements et cavalier seul", a souligné Nicolas Sarkozy, encadré par José Manuel Barroso pour la Commission européenne, Jean-Claude Trichet pour la Banque centrale européenne et par le président de l'Eurogroupe, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker. "Il faut des mesures concrètes, il faut de l'unité. C'est ce que nous avons réalisé aujourd'hui".

Le plan ambitionne de "redonner aux banques les moyens de prêter". Pour cela, "les gouvernements de la zone euro octroieront des garanties publiques à des opérations de refinancement bancaires", a annoncé Nicolas Sarkozy.

Les banques, par manque de confiance, sont actuellement réticentes à se prêter de l'argent entre elles, ce qui bloque le système financier. Une garantie gouvernementale devrait donc permettre de le relancer.

Les Etats auront "la possibilité de garantir les prêts que feront ces banques (...) sous différentes formes, pour cinq ans", a détaillé le président français. "Ce dispositif temporaire, jusqu'au 31 décembre 2009, sera naturellement payant", a prévenu Nicolas Sarkozy. Car "il ne s'agit pas de faire un cadeau aux banques mais de leur permettre de fonctionner car notre économie en dépend".

Ainsi, "ces garanties seront rémunérées selon le taux du marché, selon la qualité ou non du risque de la banque, parce qu'il ne s'agit pas de privilégier ceux qui ont fait des erreurs".

Autre condition: les gouvernements demanderont aux banques "des engagements clairs et concrets pour maintenir ou accroître le volume de crédits" pour les ménages et les petites et moyennes entreprises notamment.

Par ailleurs, "les Etats-membres qui le souhaiteront pourront renforcer le capital des banques en souscrivant à des actions de préférence ou à des titres similaires", a annoncé le président français. Et "là encore, les Etats feront payer leur intervention à son juste prix".

L'Eurogroupe a également réaffirmé selon lui son "absolue détermination à soutenir les banques dont la faillite mettrait en danger la stabilité du système financier". Mais "les managements défaillants seront écartés" et les "actionnaires imprévoyants (...) ne devront pas tirer profit de cette intervention publique", a-t-il prévenu.

Les 27 entendent également se lancer dans une réforme des normes comptables européennes, qui "créent un handicap pour nos banques, comparées à leurs homologues américaines", a jugé Nicolas Sarkozy. Des propositions sur le sujet élaborées avec la Commission européenne seront présentées lors du prochain Conseil européen, les 15 et le 16 octobre.

"Le plan que nous présentons aura vocation à s'appliquer dans chacun de nos Etats membres avec la flexibilité que rend nécessaire la diversité de nos systèmes financiers et de nos règles nationales. Mais c'est bien une action commune que nous entreprenons", a insisté Nicolas Sarkozy.

Ce sommet a permis d'adopter "une boîte à outil qui est à la disposition des Etats-membres", s'est félicité Jean-Claude Juncker. "Nous ne volons pas au secours des banquiers. Nous travaillons pour l'Europe, pour ses citoyens" et "ses entreprises", a-t-il insisté. "Nous n'avons pas le droit d'échouer et nous n'échouerons pas".

Jean-Claude Trichet s'est dit "impressionné par ce qui a été décidé aujourd'hui par les gouvernements".

Reste à savoir si cela aura calmé les marchés lors de leur ouverture lundi matin. "Nous n'attendons pas une solution miracle immédiate", a souligné José Manuel Barroso, soulignant qu'il fallait "une réponse globale pour un problème global".
"Une fois que l'Europe aura adopté totalement une position commune, nous irons convaincre les Américains de la nécessité du G8 plus (élargie aux économies émergentes, NDLR)" pour "faire triompher les idées européennes", a confirmé Nicolas Sarkozy. Une fois la crise passée, "il y aura des remises en cause et des changements" et "ceux qui ont mis le monde dans la situation où il se trouve, ils devront rendre des comptes", a-t-il prévenu. AP

WASHINGTON - Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a indiqué dimanche qu'il soutenait le plan financier que viennent d'adopter les pays de la zone euro.

Le FMI "a demandé des actions concertées et le fait que les pays de la zone euro viennent de s'entendre sur un tel plan est très bien", a-t-il souligné au cours d'une conférence de presse à Washington, lors des assemblées générales du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

M. Strauss-Kahn a souligné que les récentes initiatives prises ces derniers jours, notamment le plan d'action du G7 annoncé vendredi et le plan des pays de la zone euro, étaient "exactement le genre d'initiatives que nous devons prendre".

Le président de la Banque mondiale Robert Zoellick, qui participait à la conférence de presse aux côtés de M. Strauss-Kahn, a souligné pour sa part que la crise financière soulignait la nécessité d'engager "une action concertée" dans le but de "bâtir un meilleur système pour l'avenir".

Le CAC 40 prend 5.4% dans les premiers échanges, suite aux mesures prises à la fois par l'Eurogroupe et par le G7 ce week-end.

La bourse de Paris a ouvert en forte hausse, suite aux réunions du G7 et de l'Eurogroupe. La réunion à Paris des membres de la zone euro a débouché sur un plan de sauvetage sans précédent du système financier. Parmi les mesures annoncées, la garantie des dettes interbancaires suscite l'espoir que le marché monétaire fonctionne de nouveau. Autre mesure annoncée : la BCE va racheter du papier commercial, à l'instar de ce qu'avait annoncé la Fed la semaine dernière. Les pays pourront également rentrer au capital des banques, afin qu'aucune ne fasse faillite.

Le CAC 40 gagne 5.44% à 3349.33 points, alors que plusieurs titres ont été réservés à la hausse à l'ouverture.

La bourse de Sydney a clôturé sur une hausse de 6.82%. Le gouvernement fédéral australien a également annonçé dimanche des mesures, et notamment la garantie de tous les dépôts dans les institutions financières pendant trois ans. Hong Kong prenait dans le même temps 3.24%. La bourse de Tokyo était elle fermée pour la fête de la Santé et des Sports.

Du côté des valeurs, on suivra bien sûr les bancaires, suite à la rencontre de l'Eurogroupe. On observera également Euronext. Son PDG adjoint, Jean-François Théodore, a fait part au cours d'un entretien à la Tribune que l'activité de l'opérateur boursier pourra être affectée par la crise en 2009 .

Après une semaine cauchemardesque sur les marchés financiers, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn se veut rassurant.

Dominique Strauss-Kahn était l'invité ce matin sur Europe 1 en direct de Washington. Le directeur du Fonds Monétaire International (FMI) semble confiant quant au devenir de la crise financière. Se voulant rassurant, il a même déclaré que «le pic de la crise» était «peut-être derrière nous». Il a estimé qu'il fallait intervenir massivement face à cette crise, la confiance pouvant revenir.

Tout en ajoutant que le FMI tirera des leçons de la crise et fera des propositions pour réformer le système financier, Dominique Strauss-Kahn part donc à la conquête de la confiance des épargnants et des investisseurs. Après toutes les grandes mesures mises en place par les pouvoirs publics mondiaux, «il n'y a pas de raison aujourd'hui» que la confiance ne revienne pas.