Rome va verser 5 milliards de dollars à la Libye

L'Italie et la Libye scellent un «pacte d'amitié» et ouvrent une nouvelle ère de leurs relations diplomatiques. Rome va payer à Tripoli cinq milliards de dollars sur les 25 prochaines années au titre de dédommagements pour la période coloniale. L'accord sera signé samedi. «L'accord doit mettre fin à 40 ans de désaccord. C'est une reconnaissance concrète et morale des dommages infligés à la Libye par l'Italie pendant la période coloniale de 1911 à 1943», a salué Silvio Berlusconi, le chef du gouvernement italien.

Les dispositions du texte, dont il reste «des petits points» à étudier, selon le ministre libyen des Affaires étrangères, prévoient le versement chaque année, pendant 25 ans, de 200 millions de dollars par an sous forme d'investissements dans des projets d'infrastructure en Libye. Ces sommes financeront l'aménagement des zones rurales, la construction de logements, l'installation d'entreprises italiennes en Libye, l'octroi de bourses à des étudiants libyens en Italie et de pensions pour les soldats libyens qui se sont battus aux côtés des Italiens durant la Seconde guerre mondiale, sans oublier la mise en place d'une autoroute traversant la Libye d'ouest en est, de la Tunisie à l'Egypte.


Rome restitue la «Vénus de Cyrène»

Autre geste d'apaisement de Rome, l'arrivée de Berlusconi a été précédée à Benghazi par l'arrivée par avion militaire de la «Vénus de Cyrène», magnifique statue sans tête du IIe siècle après JC découverte en 1913 par des archéologues italiens sur le sol libyen alors sous administration italienne. Le chef du gouvernement italien devait la restituer, conformément à une décision de la justice de son pays. Transportée dans une caisse en bois, la pièce a été accueillie par des youyous et des applaudissements. Le ministre des Affaires étrangères libyen a estimé qu'avec sa restitution «la Libye récupère son identité et une partie de son histoire».

Le projet d'accord prévoit aussi une coopération étroite entre Tripoli et Rome dans la lutte contre l'émigration clandestine. L'Italie a toujours réclamé davantage d'efforts de la part de Tripoli pour lutter contre l'immigration clandestine, mais une telle coopération achoppait sur les compensations réclamées par la Libye. L'Italie s'est ainsi engagé à financer à hauteur de 500 millions de dollars l'installation de moyens de surveillance électronique sur la côte libyenne.