Sarkozy se replonge dans la «vérité» du terrain

Vendredi, à Sens, Nicolas Sarkozy s'est longuement attardé pour serrer les mains, remercier, signer des autographes.
En déplacement dans l'Yonne, le chef de l'État a affiché vendredi sa volonté de résoudre les problèmes concrets des Français.
De notre envoyé spécial à Sens

«Désolé pour l'accueil !», lance Nicolas Sarkozy aux journalistes auxquels il montre la foule venue pour l'accueillir. Vendredi, lors d'un déplacement à Sens, dans l'Yonne, Nicolas Sarkozy a renoué avec les bains de foule. Il s'est longuement attardé le long des barrières pour serrer les mains, signer des autographes, remercier. Sous une pluie fine, avec son trench bleu nuit, le chef de l'État s'est replongé dans l'atmosphère de la présidentielle, comme s'il avait besoin de se convaincre de visu que les sondages, moins bons ces temps-ci, n'ont rien à voir avec la «vérité» du terrain.

Pour ce déplacement autour du thème des «conditions de libération de la croissance», le chef de l'État a ramassé, bien mieux que depuis le début de l'année, le message qu'il s'efforce de faire passer dans un contexte économique de plus en plus morose : les réformes décidées depuis huit mois «portent leurs fruits», mais il faudra attendre 2012 avant d'en mesurer vraiment tous les effets. Le président a décliné un triptyque désormais rôdé : une rencontre avec les ouvriers d'un chantier de construction, une table ronde avec des chefs d'entreprise locaux, et un discours à la mairie de Sens.


Retour aux fondamentaux de la campagne présidentielle

Un retour au monde réel et aux fondamentaux de sa campagne, donc, pour faire oublier l'hypermédiatisation de son idylle sur papier glacé avec Carla Bruni, et deux semaines de flottement au cours desquels les Français ont eu le sentiment qu'il s'occupait moins d'eux. Aujourd'hui, il sera d'ailleurs à Boulogne-sur-Mer, pour rencontrer les marins pêcheurs.

Devant les chefs d'entreprise, Sarkozy s'est d'abord félicité de la «révolution» du nouveau contrat de travail : «Cela fait vingt-cinq ans qu'il n'y a pas d'accords sur les contrats de travail entre les partenaires sociaux», a-t-il dit. «On aurait pu aller plus loin, mais il valait mieux un compromis plutôt que d'imposer par la grève et la guérilla un contrat qui n'aurait pas été accepté» , a ajouté le chef de l'État, en concluant que c'était «une très bonne nouvelle pour le pays». Il a aussi rappelé son intention d'étendre la participation aux entreprises de moins de cinquante salariés évoquant une réduction de moitié de l'impôt sur les bénéfices pour celles qui y recourront , et aussi d'imposer le partage des profits entre les actionnaires, les investissements dans l'entreprise et les salariés. Il a rappelé que la monétisation des RTT et l'ouverture des magasins le dimanche pourraient doper le pouvoir d'achat des Français : «Pourquoi faut-il que les salariés français aillent dépenser leur argent en Belgique le dimanche ?» , a-t-il lancé en citant l'exemple des frontaliers.

Nicolas Sarkozy a aussi longuement défendu le premier bilan des heures supplémentaires, dont le principe est parfois contesté jusque dans sa majorité : «Les heures sup, ça marche ! Les résultats sont spectaculaires ! En deux mois, une entreprise sur deux est concernée. On va atteindre 70 % des entreprises.» «Je suis là pour que la France soit changée dans cinq ans», s'est-il enfin exclamé.

Mais le plus important, vendredi, était de renouer avec l'image du président au travail. Retrouvant à plusieurs reprises les formules de sa campagne, Nicolas Sarkozy a paru décidé, après la parenthèse des vacances puis les conjectures sur la «politique de civilisation», à se tourner de nouveau vers les problèmes concrets des Français. Plusieurs fois, le président de la République a ainsi répété : «J'ai toujours été un homme de terrain, j'aime le terrain», ajoutant qu'«il est important de vérifier chaque minute si tout ce qui a été décidé à Paris se traduit sur le terrain».

«Je mets au défi quiconque de faire une différence entre ce que j'ai dit avant et ce que j'ai fait après», a-t-il conclu, avant de s'adresser ainsi à la presse : «Quand les sondages sont bons, vous trouvez qu'ils ne servent à rien, quand ils sont mauvais, ils veulent dire quelque chose !»