La liberté de pensée est absolue ou elle n’est rien (Luc Ferry)

uite aux meurtres commis par trois terroristes islamistes, dans les locaux de Charlie Hebdo et dans le supermarché casher de la porte de Vincennes, les Français ont exprimé leur indignation et leur attachement à la démocratie. Il faudra attendre avant qu’un point honnête soit fait sur la motivation réelle des manifestants. Leur mouvement a été immédiatement accaparé par le gouvernement socialiste.
Cette unanimité n’a pas tenu longtemps. Désormais, nous entendons d’autres sons de cloche. Ainsi, pour certains, il faudrait ne plus faire paraître des caricatures du prophète Mahomet. Il serait plus judicieux de ne pas heurter les convictions religieuses des musulmans. Ou comment justifier l’injustifiable.
Les caricatures publiées dans Charlie Hebdo n’avaient pourtant pas un rayonnement planétaire. Il fallait vraiment avoir envie de les chercher pour les trouver. Les islamistes ont donc l’œil aux aguets. Ils surveillent tout, de façon à pouvoir imposer leurs points de vue, y compris par le crime.
Il y a un double effet dans le refus de certains groupes de se conformer aux usages en vigueur en France et plus généralement dans les démocraties occidentales.
Dans un premier temps, il y a quelques années, c’est l’Union des organisations islamiques de France, la Grande Mosquée de Paris et la Ligue islamique mondiale qui avaient engagé une procédure contre Charlie Hebdo, pour « injures publiques à l’égard d’un groupe de personne en raison de leur religion ». Ces organisations avaient été déboutées en première instance et en appel. Dans un deuxième temps, quelques années plus tard, les frères Kouachi se sont érigés en Cour de cassation.
Il est curieux que les arguments entendus en faveur d’une modération du « droit au blasphème » fassent l’impasse sur le deuxième épisode de cette équipée sanglante, à savoir l’attentat antisémite du supermarché casher. Les frères Kouachi et Coulibaly étaient en contact et se sont partagé les tâches. Par conséquent, leurs actions étaient complémentaires.
L’explication qui présente les événements comme une réaction certes disproportionnée, mais somme toute compréhensible, à une attaque islamophobe ne tient donc plus. Les islamistes sont opposés à tout ce qui constitue le mode de vie occidental et, en l’occurrence, le mode de vie français. Ils refusent le contrat social du pays dans lequel ils s’installent et qui implique notamment la liberté des débats qui doivent être apaisés, le respect de l’autre, la modération, le respect du droit, le refus de juger les individus sur leur race, leur origine et leur religion.
Il n’y a aucune raison d’être optimiste dans ces conditions. C’est aussi l’avis de Manuel Valls, qui vient d’annoncer à un groupe de lycéens qu’ils devraient « s’habituer à vivre avec le danger du terrorisme ». Ou comment se prévaloir de ses propres turpitudes devant ceux que l’on a mis en danger, depuis si longtemps…