Les Autrichiens aussi .....

Après les Polonais et les Tchèques, les Autrichiens s'engouffrent dans la brèche du non irlandais : le chancelier et un de ses ministres réclament un référendum sur les futurs traités européens «qui touchent aux intérêts autrichiens». Sarkozy n'a pas fini de s'amuser ! Après l'Irlande, Nicolas Sarkozy décidera-t-il d'écarter l'Autriche du chemin de la construction européenne ? Après les provocations des responsables polonais et tchèques, c'est au tour du chancelier Alfred Gusenbauer s'engouffrer dans la brèche créée par le rejet du traité de Lisbonne lors du référendum organisé par Dublin le 13 juin dernier. Accompagné de son ministre des transports, l'ex-président du SPÖ (Parti social-démocrate en coalition avec les conservateurs) a adressé une lettre ouverte au Kronen Zeitung, le plus grand quotidien du pays, où il préconise le référendum pour « les changements futurs des traités européens qui touchent aux intérêts autrichiens ». Un sacré revirement pour un parti qui a naguère porté l'Autriche au sein de l'Union. Le pays le plus eurosceptique d'Europe… avec la France ! Résultat : l'Autriche doit affronter une crise politique nationale, réveillant la colère du Président Heinz Fischer. Le consensus sur l'Union Européenne était le seul ciment de la coalition, que la position eurosceptique des sociaux-démocrates a dynamitée. Le contexte électoral y est pour beaucoup : dans la perspective de législatives anticipées en septembre, la carte jouée par le SPÖ relève d'un opportunisme certain dans un pays où la défiance à l'égard de l'Europe est de mise. A ceci près que l'euroscepticisme autrichien ne date pas d'hier et, surtout, se cristallise à l'extrême droite, force toujours vive dans l'opinion nationale. Le choix du Kronen Zeitung n'est d'ailleurs pas innocent : la haine de l'Union européenne fait partie de la ligne éditoriale de ce quotidien lu par près de 4 millions de personnes, dont le directeur est considéré comme un des plus précieux alliés de l'extrême droite, qui réunirait aujourd'hui 20% des intentions de vote. Si l'Autriche a ratifié le traité de Lisbonne par 151 voix contre 27 au Parlement, rien n'empêche a priori la tenue d'un référendum. En revanche, le calendrier national ne permettrait certainement pas un vote avant 2009, repoussant d'autant toute discussion sur son contenu par les institutions et, par là même, toute application des nouveaux règlements pour les élections européennes du printemps 2009. Sans compter que, au vu des enquêtes d'opinion récentes, le résultat pencherait assez fortement du côté du «non».
Ecarter les 4 millions d'Irlandais, à moitié excusés de leur euroscepticisme par leur proximité avec Royaume-Uni, c'est une chose. C'en est une autre d'attribuer un «statut spécial» à un pays de langue germanique, géographiquement au cœur de l'Union et politiquement à la charnière des élargissements à l'Est. Mais la prudence est de mise : le référendum autrichien n'est qu'une hypothèse. Comme l'était le « non » irlandais, d'ailleurs.