Accord avec le PS - Les Verts préfèrent les postes à la riposte

Les socialistes n'ont cédé sur aucun des points de friction devenus les symboles du bras de fer.



Par Laurence Neuer

Elles furent interminables, et surtout tendues, ces négociations entre le PS et Europe Écologie-Les Verts. L'enjeu était double : il fallait trouver un accord de gouvernance en cas de victoire à la présidentielle 2012 et un accord électoral pour les législatives. Par médias interposés, les chefs et leurs lieutenants parlaient d'"ultimatum", de "puissant", de "faible", d'"intransigeance". Un vocabulaire martial pour raconter cette curieuse bataille entre futurs alliés.

En coulisse, les émissaires des deux partis, au premier rang desquels Michel Sapin (côté PS) et Jean-Vincent Placé (côté écolos), cherchaient à lever deux pierres d'achoppement : l'EPR de Flamanville et l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. Finalement, des heures et des heures de discussions ne leur ont pas suffi pour se mettre d'accord. À la fin, comme souvent, le "puissant" l'a emporté sur le "faible."

Les socialistes n'ont en effet cédé sur aucun des deux points devenus avec le temps les symboles du bras de fer : en cas de victoire en 2012, ils poursuivront les travaux du réacteur nucléaire troisième génération, comme l'avait dit avec fermeté François Hollande rapidement après son investiture, et ils n'abandonneront pas le projet de construction de l'aéroport. Pourtant, Jean-Vincent Placé qualifiait, dans une interview au Point.fr mercredi dernier, "l'aile hollandaise" qui défendait ces projets de "ringarde" et semblait ne rien vouloir lâcher.

"Il nous faut un groupe"

Alors, que s'est-il passé ? Mardi, en fin de journée, pendant que la direction du PS débat à huis clos du texte d'une trentaine de pages cosigné au petit matin par les deux partis (elle l'adoptera à 33 voix pour, 5 contre), Placé nous explique les raisons de la retraite verte, non sans sincérité : "On assume que nous faisons de la politique, avec des accords et des désaccords. La vie politique étant ce qu'elle est, il nous faut un groupe à l'Assemblée nationale pour nous permettre de peser dans le débat plus tard, pour aller vers la sortie du nucléaire."

Le groupe à l'Assemblée nationale : le nerf de la guerre ! Le PS détient les sièges de députés, les Verts en veulent plus (ils en ont aujourd'hui quatre) : au moins quinze en cas de défaite de la gauche en 2012 (soit un groupe donc), au moins trente en cas de victoire. Pour qu'ils les obtiennent, le PS leur a donc réservé soixante circonscriptions, au prix de leur renoncement.

Paris vaut bien Flamanville

Cher payé, surtout qu'au PS certains hauts dirigeants n'hésitent pas à dire qu'en cas de défaite les écolos n'auront pas de groupe ! Mais Placé veut voir le verre à moitié plein et évoque un "accord historique et stratégique pour 2012". Il souligne que le PS s'engage à fermer 24 réacteurs nucléaires...

Il se félicite aussi que le PS et les Verts se soient mis d'accord sur d'autres points, la contribution énergie-climat, la retraite à 60 ans, la proportionnelle, le non-cumul des mandats... "Nous avons trouvé un équilibre entre la radicalité des convictions que nous portons et une capacité au compromis. C'est une bonne nouvelle pour les écolos", conclut-il.

Les Verts sont donc devenus plus réalistes qu'utopistes, en quelques jours à peine. Pas plus tard que dimanche, Cécile Duflot déclarait sur le plateau de France 5 qu'elle préférait "n'avoir aucun député" plutôt que de "renier ses convictions". Entre-temps, comme le révèle Le Parisien cet après-midi, le PS lui a offert la circonscription parisienne a priori imperdable, à cheval entre le 11e et le 20e arrondissement de Paris. Perdre une bataille pour mieux gagner la guerre ? Car, finalement, leur plus féroce volonté commune semble bien être de battre Nicolas Sarkozy.

Tout sur le CO2
Les verts sont inconséquents, à un risque virtuel parfaitement maîtrisé ils préfèrent, comme les verts allemands, projeter dans l’atmosphère des millions de tonnes de CO2 ; tout en nous faisant un cirque sur le réchauffement de la planète. Que répondre à des écolos plus politiques que écologistes ? Qu'ils ne sont qu'une minorité qui n'existe que grâce au PS, sinon on ne les entendrait même pas. Après avoir soutenu le PCF, le PS s'adonne à une nouvelle bonne œuvre, grand bien lui fasse mais ça lui fait perdre de la substance. L'écologie, la vraie, n'a rien à y gagner, on en est à des centaines de lieues.

Comme ils sont venus : à vide !
Mais voyez les tronches : ils se fichent éperdument du nucléaire, ils ne savent même pas ce que c'est. 2025, ils seront tous au vert depuis, ce qu'ils veulent, c'est gagner tout ce qu'ils peuvent, n'importe comment, à n'importe quel prix, y compris le notre. Plus je les regarde, et moins ils m'intéressent ! Ce sont des fumistes sans foi ni loi, des [...] abscons, sans intérêt, ils sont venus par hasard, et repartiront comme ils sont venus : à vide. Mais quand même, je croyais que c'était sans importance la politique, et vous direz que ce sont d'honnêtes gens, qui veulent protéger la nature avant le charbon et les étincelles, et surtout... vert à l'extérieur et rouge à l'intérieur, comme les pastèques...

Cuisine électorale...
C'est ainsi que tout cela s'appelle... On oublie un moment les grands principes revendiqués la veille pour se partager... ce qu'on n'a pas.

Écologie du portefeuille
Il ne reste de vert que la soupe qu'ils vont récupérer auprès du PS ! Le vert devient une couleur de pourriture même pas noble comme celle du roquefort.

La salade verte
Eh bien voilà les dés sont jetés, Mme Duflot, M. Placé, Mme Joly etc. ont vendu leurs convictions et leur arrogance, "il est hors de questions de lâcher sur l'EPR", pour quelques misérables places de députés... Cela laisse songeur sur leur réelle motivation écologique.

Vive le charbon. Drôles d'écolos
Arrêter 24 réacteurs en 2025 (c'est demain) pour les remplacer par 50 centrales au charbon comme en Allemagne. Ils auraient pu, au moins, l'annoncer formellement.

Business is business
Charmants, ces Verts ! Au moins, on ne pourra pas dire d'eux que ce sont de doux rêveurs uniquement préoccupés par la protection de la faune et de la flore : lorsqu'il est question d'obtenir des sièges de députés, ils redeviennent ce qu'ils sont en vérité, de braves petits politiciens en quête de reconnaissance et de prébendes. Ils en ont obtenu au Sénat bien plus que ne leur en valaient leurs scores électoraux, et l'appétit venant en mangeant, ils veulent faire de même à l'Assemblée nationale.

Le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts sont parvenus mardi, dans la douleur, à un accord global qui prévoit, en cas de victoire de la gauche aux législatives de 2012, une coalition des deux formations à l'Assemblée mais sans être explicite sur une future participation écologiste à un gouvernement. EELV a parlé d'un compromis portant sur plus de 60 circonscriptions qui lui seraient réservées avec "25 à 30 députés" en cas de victoire de la gauche et "15 en cas de défaite". Un accord qui fait grincer des dents au sein du PS, où certains envisagent mal de céder la place.

C'est notamment le cas à Paris, où la secrétaire nationale d'EELV, Cécile Duflot, confirme sa candidature ce mercredi dans les colonnes du Parisien. "J'ai décidé, après une longue réflexion, d'être candidate sur la 6e circonscription à Paris (XIe et XXe arrondissement). Les militants m'ont donné envie de cette aventure parisienne. J'aime Paris et je sais que la parole des écologistes y est fortement attendue", déclare la patronne du parti écologiste, rompant un secret de polichinelle.

"Pas acceptable"

Or la 6e circonscription de Paris est actuellement détenue par l'élue socialiste Danièle Hoffman-Rispal. Et Bertrand Delanoë ne décolère pas. Dans un communiqué publié dès mardi soir, le maire de Paris a estimé qu'il n'est "pas acceptable" que "cet accord organise à Paris le parachutage d'une candidature pour des raisons totalement étrangères aux enjeux du prochain scrutin national". Le maire de Paris juge "légitime que deux circonscriptions (...) soient réservées (à EELV) dès le 1er tour à Paris, comme cela avait déjà été le cas en 2002 et 2007". Mais il ne se fait pas, en revanche, à l'idée que ces deux circonscriptions "aient été arbitrairement modifiées par rapport aux dernières élections, aboutissant à exclure deux députés sortants - Danièle Hoffman-Rispal et Serge Blisko (10e circonscription, XIII-XIVe arrondissements) - dont la légitimité est incontestable".

Mardi soir, le bureau politique du PS après cet accord de mandature a été des plus houleux. Outre Bertrand Delanoë, le maire de Lyon, Gérard Collomb, a fait part de ses vives réserves. Pourtant, au PS, on s'efforce de relativiser. Julien Dray, proche du candidat François Hollande, a ainsi assuré mercredi matin que la tension était normale et allait retomber, puisqu'il s'agit de construire "un partenariat nécessaire". Interrogé sur les remous au bureau politique du PS, le député de l'Essonne a commenté, mi-figue, mi-raisin : "je n'ai pas vu de horion, d'oeil au beurre noir".

Mais au sein des écologistes aussi, l'accord ne fait pas que des heureux. Interrogée mercredi matin sur Canal+ à propos du cas de l'EPR (Eva Joly, candidate EELV à la présidentielle, avait assuré sans relâche dernièrement qu'il n'y aurait pas d'accord avec les socialistes sans arrêt du chantier de Flamanville), Cécile Duflot a admis que cet arrêt ne figure pas dans l'accord. "Mais il n'y a pas le contraire non plus. Il n'y a pas la poursuite du chantier de Flamanville dans cet accord". Et d'assurer que "personne n'a cédé" dans l'accord de mandature signé avec Martine Aubry : "On a acté qu'on avait un désaccord sur cette question", a-t-elle commenté. Mais sur "l'engagement de la transition énergétique, et pour nous, de la sortie du nucléaire avec la fermeture de 24 réacteurs, l'engagement de non construction de réacteurs" on "a vraiment une rupture".