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La Libye face à un avenir incertain

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Message  livaste Dim 23 Oct - 21:47

La Libye face à un avenir incertain
Mots clés : Révolution, Syrte, LIBYE

Par Tanguy Berthemet
Publié le 23/10/2011 à 22:11

Les responsables du CNT ont annoncé la fin de la révolution. Entre les différentes forces dans le pays, l'équilibre est précaire.

De notre envoyé spécial à Syrte.

C'est depuis Benghazi que le vice-président du Conseil national de transition (CNT), Abdelhafiz Ghoga, a annoncé dimanche la fin de révolution libyenne. Le lieu n'est pas un hasard. C'est en effet dans la capitale de la Cyrénaïque qu'une manifestation anodine a dégénéré, le 15 février dernier, sous les yeux des fonctionnaires de l'inamovible Djamahiriyya. En quelques jours, elle s'est faite émeute puis révolution pour finir par emporter le régime puis le Guide lui-même. C'est là aussi que le CNT, cette nouvelle autorité libyenne, a été formée aux premiers jours de l'insurrection. C'est de là, enfin, que s'est négociée l'intervention de l'Otan.

Depuis quatre jours, la Libye est plongée dans une fête qui paraît sans fin, la foule agitant des drapeaux tricolores, tirant des rafales en l'air et racontant en boucle la fin de Chefchoufa, le «chevelu» - surnom de Kadhafi. «La liberté est une grande chose, son prix est lourd (…), la préserver est plus difficile que de l'obtenir», a prévenu Moustapha Adbeljalil. S'exprimant dimanche soir devant plusieurs milliers de Libyens, le président du CNT a précisé: «En tant que nation musulmane, nous avons adopté la charia islamique comme source du droit, donc n'importe quelle loi contredisant les principes de l'islam est légalement nulle.»

À l'heure de cette proclamation, le ton est resté grave, solennel. «Tous les martyrs, les civils et l'armée attendaient ce moment. Mais ils sont désormais dans le meilleur des endroits, le paradis éternel», a déclaré Moustapha Abdeljalil. L'ère qui s'ouvre, en outre, s'annonce délicate, et ce même si l'avenir, officiellement, est bien balisé. Selon la feuille de route, la révolution terminée, un gouvernement sera formé sous un mois. Une Constitution sera rédigée puis soumise à un référendum. Et, dans huit mois, des élections législatives doivent être organisées. Mais ce laps de temps est bien trop court pour une telle tâche. D'autant que la Libye, dénuée depuis quatre décennies de loi fondamentale, n'a pas de culture démocratique. Et que les huit mois de guerre ont bouleversé le pays en profondeur.

Dernières traces du régime
À Syrte, ville natale du Guide, on s'affaire depuis samedi à gommer les dernières traces du régime déchu, comme pour chasser le souvenir des récentes violences. À la sortie de la ville, au milieu des champs asséchés, on ramasse les morts près des châssis enchevêtrés et noircis des voitures du dictateur frappées par l'Otan. Les lieux racontent la fuite désespérée du tyran aux abois. La panique qui a gagné les chauffeurs tentant en vain d'échapper aux yeux du drone et des pilotes de Mirage. Des 4×4 sont répartis un peu partout, par petits groupes, à l'arrêt devant de vagues abris. Le site est devenu un lieu de pèlerinage pour les curieux et les Thuwars (combattants rebelles) victorieux.

On se presse devant la carcasse du Toyota blindé de Kadhafi, puis on met ses pas dans ceux de Mouammar. Quelques centaines de mètres sur un chemin poussiéreux, parcourus à pied par le colonel, un pistolet doré à la ceinture, conduisent à l'égout où il a été débusqué. Devant la buse de béton, on se photographie, hilare, et on «tague» une phrase rapide à la bombe de peinture. «Lui qui nous traitait de rats, il a été pris dans un trou à rat», rigole Khalil. Personne ne prête la moindre attention aux cadavres des ultimes loyalistes qui, ici ou là, pourrissent au soleil. Sauf les croque-morts improvisés qui, masque sur le nez, continuent leur besogne. Il y a au moins soixante corps. Sont-ils tombés les armes à la main dans un dernier baroud, ou victimes de la colère des combattants ? Nul ne le sait. Et personne ne veut savoir.

Au loin, la ville, qui étend ses avenues rongées par les obus, rappelle les clichés de l'Europe de 1945. Dans le centre, les bâtiments sont comme une frise de dentelle. Syrte semble vide. Dans une petite rue du bord de mer, un vieux Libyen, courageux, tentait pourtant dimanche de purger sa maison des stigmates de la bataille. Lui qui avait fui le 15 septembre découvre un intérieur mis à sac. «Je ne sais pas qui a fait ça. Les loyalistes ou les rebelles ? Peut-être les deux. Je comprends que l'on vole, mais pourquoi casser ?», se lamente-t-il. Il fait mine d'ignorer le graffiti sur le papier peint du salon, qui lui apporte pourtant la réponse. «Le propriétaire de cette maison est un con. Ton âme sera la dernière sauvée», ont signé les Thuwars.

Des milliers d'hommes armés
La guerre a libéré les rancunes macérées pendant 42 années de dictature. Et celles-ci n'opposent pas que les civils et les combattants, les kadhafistes et les révolutionnaires. À Syrte, malgré la victoire, les rebelles venus de Misrata et ceux de Benghazi s'ignorent. Kadhafi disparu, qui unissait contre lui tous les combattants dans une même haine, les divisions risquent d'éclater. Moustapha Abdeljalil le sait et ne cache pas les difficultés que réserve l'avenir. «C'est mission impossible», clame même Mahmoud Jibril, le premier ministre.

Les régionalismes se sont exacerbés. Au nord, Misrata, ville martyrisée par quatre mois de siège, revendique une prééminence dans les futures instances. À l'est, Benghazi fait de même, rappelant que la révolution y a débuté. Les rebelles de Zentan et les Berbères du djebel Nefoussa, dans l'ouest, ne sont pas en reste. Ils revendiquent la prise de Tripoli.

Or le CNT est bien faible pour contenir toutes ces ambitions. L'organe, formé à la va-vite, est une union bancale entre des barons de l'ancien régime, des membres de la société civile plus ou moins reconnus et des islamistes. À l'étranger, son image est entachée par les conditions sulfureuses de la mort du Guide et de son fils. À l'intérieur, les critiques fusent, se concentrant sur le premier ministre Mahmoud Jibril, auquel on reproche ses liens passés avec Seïf al-Islam. Il a déjà à plusieurs reprises annoncé sa démission, sans en rien faire.

Les milliers d'hommes armés que compte désormais le pays représentent enfin le plus grand risque. Rien ne pourra se faire sans un désarmement, a ainsi reconnu Mahmoud Jibril. Mais les combattants, qu'aucun commandement central ne contrôle vraiment, n'obéissent pour la plupart qu'à leurs chefs directs, tous plus ou moins rivaux. Abdelhakim Belhaj, ex-djihadiste devenu commandant militaire de Tripoli, dispose ainsi d'une véritable petite armée. En face, 73 régiments ont déjà annoncé qu'ils ne lui obéiraient pas. Et des rumeurs de mandats d'arrêt contre Belhaj circulent dans certaines villes. En Libye, l'union sacrée autour de la victoire pourrait être de courte durée.

et maintenant ???
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