Cambriolage - Fillon : Royal "perd le contrôle d'elle-même"

Tollé à droite après la sortie de Ségolène Royal sur la "coïncidence" entre le cambriolage de son appartement et ses propos sur le "la mainmise du clan Sarkozy".H.S (avec agence) - le 09/07/2008 - 08h55


On pouvait s'y attendre, les propos de Ségolène Royal, qui établissait hier un lien entre "la mise à sac" de son appartement et sa dénonciation de "la mainmise du clan Sarkozy", ont provoqué une levée de boucliers dans les rangs de l'UMP.

Le Premier ministre François Fillon a accusé sur RTL l'ex-candidate à la présidentielle de "perdre le contrôle d'elle-même". Le chef du gouvernement a jugé "absolument honteux de mettre en cause le président de la République". Selon lui, les propos de Mme Royal sont des "insinuations" lancées "sans aucune espèce naturellement de preuve", et relèvent de "la rubrique des faits divers".

De son côté, Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a évoqué une sortie "absurde et accablante". Chantal Brunel, porte-parole de l'UMP, a dénoncé des propos qui relèvent de "la diffamation et de la calomnie". Mais c'est Frédéric Lefebvre, également porte-parole de l'UMP s'est montré le plus disert, estimant, tout en finesse, que Ségolène Royal avait "pété un câble", et qu'elle était "en train de craquer". En résumé : "Elle fait n'importe quoi."

«L'appartement a été visité, le terme de mise à sac peut être utilisé», a expliqué une source proche du dossier, en confirmant que le procès verbal d'un précédent cambriolage (août 2006) a bien été «déchiré et mis en évidence à dessein, de façon à ce que ce soit repérable». «Il y a eu effraction, mais il n'y a pas eu vol» , selon cette même source, qui a ajouté que les enquêteurs ne «privilégiaient aucune piste».

Selon une autre source proche de l'enquête, il s'agit du troisième cambriolage au domicile de Mme Royal depuis trois ans.


Son appartement situé en rez-de-chaussée a effectivement été déjà «visité» en juillet et août 2006. Le cambriolage d'août 2006 avait fait l'objet d'une plainte, «classée sans suite pour auteur inconnu en mars 2007», a confirmé le parquet de Nanterre à l'AFP.

De plus, en novembre 2007, le fils de Mme Royal, Thomas, avait mis en fuite des individus qui tentaient de pénétrer dans l'appartement. Mardi soir sur France 2, la présidente PS de la région Poitou-Charentes a déclenché une polémique en faisant «un rapport» entre «la mise à sac» de son appartement le vendredi 27 juin 2008 et ses attaques contre M. Sarkozy, s'étonnant d'«une drôle de coïncidence». L'enquête a été confiée au Service départemental de police judiciaire (SDPJ) des Hauts-de-Seine.

Comment analysez-vous les récentes déclarations de Ségolène Royal à l'encontre de Nicolas Sarkozy ?

Ces réactions sont excessives mais pas surprenantes. A mes yeux, cette accusation - lier le cambriolage de son appartement à Nicolas Sarkozy- va être très mal perçue par l'opinion, tout comme ses propos sur la libération d'Ingrid Betancourt. Ces déclarations ne sont pas les bienvenues. Car même si son idée est de se positionner comme la rivale de Nicolas Sarkozy, certaines paroles sont parfois trop poussées.

L'attitude de Ségolène Royal est-elle calculée ?

Absolument. Mais elle n'est pas la seule. Dans la perspective du prochain congrès de Reims, chacun des socialistes veut apparaître comme un chef potentiel du parti. Car leur objectif, c'est de s'imposer au congrès en novembre. Pour cela, la stratégie de Ségolène Royal est claire, à savoir être en permanence en opposition avec le clan Sarkozy. Mais actuellement, il faut reconnaître qu'elle prend le risque de perdre en crédibilité.

Est-ce le seul moyen de se positionner comme l'adversaire principale de Nicolas Sarkozy ?

C'est sa ligne de conduite depuis toujours. Durant la campagne présidentielle de 2007, chaque analyste politique avait salué sa volonté de sortir du lot en se situant au dessus des chamailleries traditionnelles entre éléphants du PS. Mais depuis plusieurs semaines, elle est en baisse dans les sondages d'opinions. Donc, son idée est de recréer le duel de 2007 afin de se placer comme la force numéro 1 au PS.

livaste a écrit:Tu peux lancer un sondage !!

Le ministère de l'Intérieur n'a pas tardé à réagir aux accusations implicites lancées par Ségolène Royal.
Au lendemain des déclarations de l'ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle, mardi soir sur France 2, qui établissaient un lien entre le cambriolage de son domicile et sa dénonciation d'une "mainmise du clan Sarkozy sur la France", la Direction de la surveillance du territoire (DST) a examiné l'appartement de Mme Royal et a effectué des vérifications sur son ordinateur et ses lignes téléphoniques.
Le service de contre-espionnage voulait relever d'éventuels indices d'intrusions ou de surveillances dont elle aurait été l'objet.
Ces vérifications n'ont permis la découverte d'aucun élément probant, ont indiqué au point.fr des sources proches de l'enquête. Seule une empreinte digitale aurait été retrouvée par les policiers.

Ségolène Royal a déposé plainte pour ce cambriolage, qui avait eu lieu le 27 juin et qu'elle a publiquement qualifié de "mise à sac". "J'observe que la semaine dernière, le lendemain où j'ai dit qu'il fallait mettre fin à la mainmise du clan Sarkozy sur la France, mon domicile a été mis à sac [...]. Je fais un rapport entre les deux", a-t-elle déclaré sur France 2 mardi soir.

De deux choses l'une
mercredi 9 juillet | 21:00
Ou bien Mme Royal a raison d'accuser M. Sarkozy et alors je vous dis pas le gros scandale d'Etat, qui finit comme le Watergate (démission de Nixon en 1974). Ou les accusations se révèlent être du flan et là, libre à M. Sarkozy de saisir la justice pour diffamation et à Mme Royal d'en subir les conséquences. Il s'agit d'accusations graves ; espérons que l'affaire ne sera pas enterrée.

La fouille
mercredi 9 juillet | 19:14
Titre de son prochain livre, policier bien sûr : "L'empreinte". Les citoyens seront tenus en haleine jusqu'au dénouement, si tant est qu'il y en ait un ! Un petit zeste d'Agatha Christie et la loupe de Sherlock pour démasquer le vilain qui cherche à déstabiliser une citoyenne qui ne fait peur qu'à elle-même.

Parano
mercredi 9 juillet | 19:13
Si, à chaque fois, un opposant politique, quel qu'il soit, était cambriolé, la police serait débordé. Et puis, faut pas non plus exagérer, les paroles de la "madone" ne sont pas encore en mesure de déstabiliser le pouvoir. De toute façon, elle ne cherche pas autre chose qu'à déstabiliser ses adversaires directs pour l'investiture de premier secrétaire. Donc Sarko est bien à des années lumières de ses déclarations...

Quelle affaire !
mercredi 9 juillet | 19:09
Pour cacher son incompétence, Mme Royal est comme Don Quichotte : elle s'attaque à tous les moulins à vent afin que l'on parle d'elle. La solution : déménager dans le 93 afin d'être plus proche des Français qui souffrent... comme elle à 2 pas du 16e arrdt de Paris.

Ils l’adorent. En privé, ils parlent entre eux de «Ségolène» et se frottent les mains à chacune de ses sorties ; en public, ils ne lui donnent que du «Madame Royal» pour mieux la valoriser. Les dirigeants de l’UMP raffolent de l’ex-candidate socialiste à la présidentielle qui résume à leurs yeux toute la crise du PS. «Surtout qu’on me la garde et qu’on ne la change pas. C’est une opposante qui me va très bien», confiait récemment Nicolas Sarkozy, en marge d’un déplacement à l’étranger.

Timbale.
Pour la droite, Ségolène Royal ce n’est que du bonheur. Chacune de ses attaques donne lieu à une sorte de mini concours interne pour savoir qui décochera la meilleure petite phrase pour lui répondre. Vainqueur du jour hier, Chantal Brunel, porte-parole de l’UMP : «Il y une chose qu’on ne peut pas voler chez elle, c’est son programme, car elle n’en a pas.» Dans le registre indignation premier degré, la timbale revient à la secrétaire d’Etat à la Famille, Nadine Morano : «Avec elle, on atteint le degré poubelle de la politique […]. Madame Royal n’est pas une femme d’Etat. Ses allégations sans preuve relèvent de la diffamation et d’une méthode de voyou ! […] Madame Royal se trompe de voie : ce n’est pas en passant par les égouts qu’elle parviendra à l’Elysée !»

Depuis la présidentielle, personne à l’UMP ne considère Ségolène Royal comme une adversaire politique dangereuse. Tous les cadors du parti sont sidérés qu’elle n’ait pas été débarquée au lendemain de la défaite, et la compare au petit bout de sparadrap du capitaine Haddock. Seul son «côté illuminé», comme on dit rue La Boétie, déroute : il faut à chaque fois analyser quelle est la part de la politique ou du dérapage dans certains propos de la socialiste.

En (sur)réagissant en nombre aux propos de la présidente de la région Poitou-Charentes, les responsables du parti sarkozyste cherchent d’abord à la faire exister. Car, pour eux, elle contribue à paralyser le PS, et donc à l’asphyxier. En la valorisant et en concentrant le tir sur elle, ils poussent certains de ses concurrents socialistes à la surenchère pour se faire entendre. Et quand, la semaine dernière, Jack Lang s’est désolidarisé des propos de Ségolène Royal sur le rôle de Nicolas Sarkozy dans la libération d’Ingrid Betancourt (lire ci-dessous), c’était champagne à l’UMP.

Le parti compte deux spécialistes du «ségolénisme» : l’ancien Premier ministre et ex-président du conseil régional de Poitou-Charentes, Jean-Pierre Raffarin, et l’ex-député des Deux-Sèvres aujourd’hui porte-parole de l’UMP, Dominique Paillé. Hier, ce dernier a réclamé des excuses à Ségolène Royal, «mais sans illusions aucune, l’humilité ne semblant pas être un sentiment capable de l’effleurer».

Bonheur. Durant la campagne présidentielle, le staff sarkozyste disséquait les moindres faits et gestes de cette rivale. Comme Nicolas Sarkozy, ils l’ont appréhendée au début comme une adversaire très sérieuse et difficile. Mais, très vite, ils ont été stupéfaits de mesurer à quel point elle n’était pas à la hauteur de leurs craintes. Son «amateurisme», ses «bourdes», le déroulé même de sa campagne, faisaient chaque jour le bonheur matinal des membres de l’équipe de Nicolas Sarkozy. Jusqu’à la dernière minute, le candidat de l’UMP a exigé de son équipe qu’on prenne sa concurrente au sérieux. Mais jamais, dira-t-il une fois la victoire en poche, il ne s’est senti menacé par elle. D’où sa volonté d’aider le PS à ne pas changer une adversaire qui perd.

Ségolène Royal réaffirme que le cambriolage dont elle a été victime n'est pas une affaire personnelle mais "une affaire politique". PIERRE ANDRIEU/AFP

Ségolène Royal persiste et signe. Après avoir lié la fouille de son appartement au clan Sarkozy mardi soir sur France 2, elle a réaffirmé jeudi matin que le cambriolage dont elle a été victime n'était "pas une affaire personnelle, mais une affaire politique". "Il y a une coïncidence très étrange entre un moment de politique sensible, c'est-à-dire le lendemain où je mettais en cause le clan Sarkozy et la veille où je devais présenter ma contribution pour le congrès du PS, et la mise à sac de mon domicile."

La candidate malheureuse à l'élection présidentielle a déclaré se sentir "suivie" et "écoutée", sur les ondes de RTL. "Les policiers eux-mêmes ont trouvé très étrange, qu'entre 20 h 30, heure à laquelle mon fils part [de l'appartement, NDLR] et 22 h 30, heure à laquelle je rentre et j'en informe mes enfants, il y ait cette intervention très professionnelle dans un temps très court et à un moment où il n'y a pas de cambriolage, car il y a beaucoup d'allées et venues", a-t-elle expliqué.

"Alors en effet, soit je suis écoutée, soit je suis suivie depuis mon lieu de travail jusqu'à mon domicile, c'est une évidence." La présidente de la région Poitou-Charentes a également raconté qu'un certain nombre de ses amis et proches collaborateurs ont été "victimes de vols, il y a quelques mois", "souvent de façon concomitante". En tout, "cinq ordinateurs ont été volés", a-t-elle constaté. "Dans n'importe quelle autre démocratie, le pouvoir en place se serait ému de ce qui se passe. Or, ce n'est pas le cas", a-t-elle insisté. "Il y a un climat assez détestable aujourd'hui en France qui autorise les malversations de ce type." "Ceux qui ont fait cette mise en scène ont voulu me signifier que j'étais vulnérable."

Elle a 23 ans et se prénomme Slada. La jeune femme originaire d'ex-Yougoslavie, identifiée comme étant l'auteure ou l'un des auteurs présumés d'une "mise à sac" dont a été victime Ségolène Royal en août 2006 dans son appartement de Boulogne-Billancourt, a été arrêtée. Selon nos informations, elle a été confondue grâce au relevé d'empreintes digitales. La jeune Slada, recherchée pour plusieurs autres cambriolages en France, a été interpellée le 18 mai dernier en Suisse alors qu'elle venait de commettre un autre vol par effraction. Elle est depuis incarcérée à la prison de Fribourg.

Le 27 juin 2008, l'appartement de Ségolène Royal avait fait l'objet d'une seconde tentative d'effraction. Des sources proches du dossier avaient alors affirmé qu'aucun vol n'avait pu être constaté, mais ils avaient évoqué une "mise en scène". Le procès-verbal du précédent cambriolage avait notamment été déchiré et mis en évidence dans la chambre de l'ex-candidate à la présidentielle.

Ségolène Royal avait alors provoqué une polémique en établissant "un rapport" entre cette "mise à sac" et ses attaques contre Nicolas Sarkozy. Un mois plus tard, l'Intérieur avait annoncé qu'une femme de 23 ans, originaire de l'ex-Yougoslavie, avait été identifiée grâce à un relevé d'empreintes génétiques comme l'un des auteurs envisageables de l'intrusion d'août 2006. Est-ce la même jeune femme qui s'est rendue, à nouveau, le 27 juin 2008 dans l'appartement de Ségolène royal ? L'enquête devra le déterminer.

Le 25 février dernier, une information judiciaire avait été ouverte par le parquet de Nanterre pour "tentatives de vol avec effraction, dégradations et violations de domicile" et l'enquête confiée au Service départemental de police judiciaire des Hauts-de-Seine.