Autoroutes : des hausses au kilomètre
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Autoroutes : des hausses au kilomètre
Autoroutes : des hausses au kilomètre
29/07/2011 à 00h00 (mise à jour à 06h58)
Par TONINO SERAFINI
http://www.liberation.fr/societe/01012351601-autoroutes-des-hausses-au-kilometre?xtor=EPR-450206
29/07/2011 à 00h00 (mise à jour à 06h58)
Les tarifs des péages n’ont jamais été aussi élevés. Les automobilistes dénoncent le défaut de régulation de l’Etat, promise lors de la privatisation en 2005.
Les automobilistes qui empruntent les autoroutes en ce week-end d’été vont débourser plus que l’an dernier pour partir ou rentrer de vacances. Et pas seulement à cause des prix à la pompe. Les tarifs autoroutiers sont au plus haut. Depuis leur privatisation en 2005, les sociétés concessionnaires ont fait flamber les péages. Cette année, elles ont procédé - avec la bénédiction de l’Etat - à une nouvelle hausse tarifaire de 2,24%. Résultat : il faut débourser 5% d’un Smic pour aller de Bordeaux à Paris (52 euros pour 501 km). Et pour parcourir les 239 km qui séparent Tours de la capitale, il en coûte 21,50 euros.
«Foisonnement». L’autoroute n’a jamais été aussi chère. D’un tronçon à l’autre, les différences de prix au kilomètre sont considérables. Ainsi l’autoroute Paris-Bordeaux est près de 50% plus coûteuse au kilomètre que la liaison Nancy-Lyon (28,20 euros pour 405 km). Pour augmenter leur chiffre d’affaires, les sociétés d’autoroute ont longtemps rusé sur leurs politiques tarifaires. Elles ont fortement augmenté leurs prix sur les tronçons les plus fréquentés et levé le pied sur les autoroutes les moins parcourues. Le tout sous couvert d’une hausse moyenne peu impressionnante et servant d’écran de fumée.
Cette pratique dite du «foisonnement» a été vertement dénoncée par la Cour des comptes en 2008. Les sociétés ont dû y mettre un terme. Mais il n’y a pas eu de correction sur les effets antérieurs du foisonnement, qui demeurent. Aujourd’hui, les automobilistes paient 6 centimes par kilomètre pour Paris-Lille, 8 pour Reims-Lyon, 9 pour Tours-Paris ou encore 11 centimes pour Bordeaux-Pau… Sur plusieurs centaines de bornes, cela donne des écarts de prix énormes.
En janvier, les associations d’automobilistes ont piqué un coup de sang, quand le ministère de l’Ecologie et des Transports a donné son feu vert au relèvement de 2,24 %, nettement supérieur à l’inflation (1,52 % en 2010). «Injustifié et inacceptable», ont clamé les consommateurs. A l’association française des sociétés d’autoroute (Afsa), qui fédère les concessionnaires, on fait valoir qu’une partie de cette hausse (0,32 %) résulte d’une augmentation de la taxe d’aménagement du territoire servant à financer les transports ferroviaires régionaux déficitaires. Il n’en demeure pas moins que 1,92 % bénéficie directement aux concessionnaires. Ce qui fait plus que l’inflation.
Pressions.«L’Etat ne fait pas son travail de régulateur et d’arbitre entre les intérêts des sociétés d’autoroute et la nécessaire protection des consommateurs», considère Daniel Dechaux, de l’association 40 millions d’automobilistes. Les services du ministère des Transports chargés du suivi du secteur autoroutier sont soumis aux pressions constantes des concessionnaires. Année après année, l’administration accède à la plupart de leurs demandes. «On sent que la pression des sociétés d’autoroute sur l’administration et sur les politiques est bien plus efficace que celle des consommateurs», souligne encore Daniel Dechaux.
Les chiffres d’affaires et les profits des sociétés concessionnaires sont en augmentation constante depuis leur privatisation en 2005 (voir tableau page 2). Ils progressent nettement plus vite que le trafic automobile et les prix à la consommation. Jusqu’ici, l’Etat a fait preuve d’impuissance face aux dérapages tarifaires. Libération a souhaité interroger le ministère des Transports sur ce sujet. Malgré des demandes répétées auprès du cabinet de Thierry Mariani, le ministre en charge du secteur, il n’a pas été possible d’obtenir la moindre information.
«Va-vite». Aujourd’hui, certains incriminent la manière dont le gouvernement Villepin a opéré les privatisations. «Elles ont été réalisées à la va-vite. A l’époque, l’Etat n’a pas pris les dispositions nécessaires pour peser sur les sociétés d’autoroute, pointe un connaisseur du secteur. Il manque de moyens pour exercer son contrôle.» Autrement dit, les textes régissant les rapports Etat-concessionnaires sont mal ficelés.
Normalement, la hausse annuelle des péages ne doit pas dépasser 70 % de l’inflation et les tarifs des autoroutes devraient, en théorie, augmenter moins vite que les prix à la consommation. C’est ce qui avait été promis par le gouvernement en 2005 pour faire passer la pilule de la privatisation.
Mais c’est le contraire qui se produit. Car les sociétés d’autoroute peuvent procéder à des hausses additionnelles en concluant avec l’Etat un contrat de plan portant sur des investissements. L’élargissement d’un tronçon de deux à trois voies permet par exemple d’augmenter davantage les tarifs du péage puisque le concessionnaire va affronter des travaux très coûteux. Et les sociétés d’autoroute ont tendance à tout considérer comme de l’investissement… Y compris les travaux de rénovation des aires de repos ou le montage de panneaux lumineux avertissant de l’état du trafic. «Pour nous, cela fait partie de l’entretien courant et des services dûs aux clients par les concessionnaires, proteste Daniel Dechaux. Il est normal de rénover des aires ou d’informer les usagers. Sinon à quoi sert l’argent des péages ?»
Le responsable de 40 millions d’automobilistes fait observer que toutes ces hausses de tarifs n’ont cessé de «générer des profits supplémentaires pour les sociétés concessionnaires». En 2010, elles ont réalisé près de 8,11 milliards de chiffres d’affaires et 1,72 milliard d’euros de bénéfices. Une rentabilité extraordinaire pour une activité sans risque. Pas besoin de faire des efforts inconsidérés pour trouver des clients. Ils arrivent d’eux-mêmes en raison de leurs besoins de mobilité. Il suffit de les attendre au péage.
Les automobilistes qui empruntent les autoroutes en ce week-end d’été vont débourser plus que l’an dernier pour partir ou rentrer de vacances. Et pas seulement à cause des prix à la pompe. Les tarifs autoroutiers sont au plus haut. Depuis leur privatisation en 2005, les sociétés concessionnaires ont fait flamber les péages. Cette année, elles ont procédé - avec la bénédiction de l’Etat - à une nouvelle hausse tarifaire de 2,24%. Résultat : il faut débourser 5% d’un Smic pour aller de Bordeaux à Paris (52 euros pour 501 km). Et pour parcourir les 239 km qui séparent Tours de la capitale, il en coûte 21,50 euros.
«Foisonnement». L’autoroute n’a jamais été aussi chère. D’un tronçon à l’autre, les différences de prix au kilomètre sont considérables. Ainsi l’autoroute Paris-Bordeaux est près de 50% plus coûteuse au kilomètre que la liaison Nancy-Lyon (28,20 euros pour 405 km). Pour augmenter leur chiffre d’affaires, les sociétés d’autoroute ont longtemps rusé sur leurs politiques tarifaires. Elles ont fortement augmenté leurs prix sur les tronçons les plus fréquentés et levé le pied sur les autoroutes les moins parcourues. Le tout sous couvert d’une hausse moyenne peu impressionnante et servant d’écran de fumée.
Cette pratique dite du «foisonnement» a été vertement dénoncée par la Cour des comptes en 2008. Les sociétés ont dû y mettre un terme. Mais il n’y a pas eu de correction sur les effets antérieurs du foisonnement, qui demeurent. Aujourd’hui, les automobilistes paient 6 centimes par kilomètre pour Paris-Lille, 8 pour Reims-Lyon, 9 pour Tours-Paris ou encore 11 centimes pour Bordeaux-Pau… Sur plusieurs centaines de bornes, cela donne des écarts de prix énormes.
En janvier, les associations d’automobilistes ont piqué un coup de sang, quand le ministère de l’Ecologie et des Transports a donné son feu vert au relèvement de 2,24 %, nettement supérieur à l’inflation (1,52 % en 2010). «Injustifié et inacceptable», ont clamé les consommateurs. A l’association française des sociétés d’autoroute (Afsa), qui fédère les concessionnaires, on fait valoir qu’une partie de cette hausse (0,32 %) résulte d’une augmentation de la taxe d’aménagement du territoire servant à financer les transports ferroviaires régionaux déficitaires. Il n’en demeure pas moins que 1,92 % bénéficie directement aux concessionnaires. Ce qui fait plus que l’inflation.
Pressions.«L’Etat ne fait pas son travail de régulateur et d’arbitre entre les intérêts des sociétés d’autoroute et la nécessaire protection des consommateurs», considère Daniel Dechaux, de l’association 40 millions d’automobilistes. Les services du ministère des Transports chargés du suivi du secteur autoroutier sont soumis aux pressions constantes des concessionnaires. Année après année, l’administration accède à la plupart de leurs demandes. «On sent que la pression des sociétés d’autoroute sur l’administration et sur les politiques est bien plus efficace que celle des consommateurs», souligne encore Daniel Dechaux.
Les chiffres d’affaires et les profits des sociétés concessionnaires sont en augmentation constante depuis leur privatisation en 2005 (voir tableau page 2). Ils progressent nettement plus vite que le trafic automobile et les prix à la consommation. Jusqu’ici, l’Etat a fait preuve d’impuissance face aux dérapages tarifaires. Libération a souhaité interroger le ministère des Transports sur ce sujet. Malgré des demandes répétées auprès du cabinet de Thierry Mariani, le ministre en charge du secteur, il n’a pas été possible d’obtenir la moindre information.
«Va-vite». Aujourd’hui, certains incriminent la manière dont le gouvernement Villepin a opéré les privatisations. «Elles ont été réalisées à la va-vite. A l’époque, l’Etat n’a pas pris les dispositions nécessaires pour peser sur les sociétés d’autoroute, pointe un connaisseur du secteur. Il manque de moyens pour exercer son contrôle.» Autrement dit, les textes régissant les rapports Etat-concessionnaires sont mal ficelés.
Normalement, la hausse annuelle des péages ne doit pas dépasser 70 % de l’inflation et les tarifs des autoroutes devraient, en théorie, augmenter moins vite que les prix à la consommation. C’est ce qui avait été promis par le gouvernement en 2005 pour faire passer la pilule de la privatisation.
Mais c’est le contraire qui se produit. Car les sociétés d’autoroute peuvent procéder à des hausses additionnelles en concluant avec l’Etat un contrat de plan portant sur des investissements. L’élargissement d’un tronçon de deux à trois voies permet par exemple d’augmenter davantage les tarifs du péage puisque le concessionnaire va affronter des travaux très coûteux. Et les sociétés d’autoroute ont tendance à tout considérer comme de l’investissement… Y compris les travaux de rénovation des aires de repos ou le montage de panneaux lumineux avertissant de l’état du trafic. «Pour nous, cela fait partie de l’entretien courant et des services dûs aux clients par les concessionnaires, proteste Daniel Dechaux. Il est normal de rénover des aires ou d’informer les usagers. Sinon à quoi sert l’argent des péages ?»
Le responsable de 40 millions d’automobilistes fait observer que toutes ces hausses de tarifs n’ont cessé de «générer des profits supplémentaires pour les sociétés concessionnaires». En 2010, elles ont réalisé près de 8,11 milliards de chiffres d’affaires et 1,72 milliard d’euros de bénéfices. Une rentabilité extraordinaire pour une activité sans risque. Pas besoin de faire des efforts inconsidérés pour trouver des clients. Ils arrivent d’eux-mêmes en raison de leurs besoins de mobilité. Il suffit de les attendre au péage.
Par TONINO SERAFINI
http://www.liberation.fr/societe/01012351601-autoroutes-des-hausses-au-kilometre?xtor=EPR-450206
Jeanclaude- Député
- Nombre de messages : 7476
Age : 77
Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Autoroutes : des hausses au kilomètre
il est vrai que pouvons difficilement boycotter les autoroutes , et ces entreprises en profitent largement .
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