Le populisme, un fourre-tout bien commode...
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Le populisme, un fourre-tout bien commode...
Le populisme, un fourre-tout bien commode...
Samedi 23 Juillet 2011 à 12:01
Philippe Bilger
Samedi 23 Juillet 2011 à 12:01
Le populisme sert souvent de critique fourre-tout pour accabler aussi bien Marine Le Pen que Jean-Luc Mélenchon. Philippe Bilger craint que cette habitude fasse fi de la juste place qui doit revenir à la parole du peuple.
Le populisme vient régulièrement nourrir la réflexion collective et les débats politiques. Notamment en été quand l'actualité immédiate laisse du temps et permet une disponibilité de l'esprit. Les Entretiens de Pétrarque à Montpellier ont notamment été consacrés à ce thème (Le Monde).
Il est clair que le populisme, pour ceux qui ont pris l'habitude de le dénoncer, est devenu une manière commode de se placer du bon côté de la pensée - là où le peuple représente un concept acceptable.
En dénigrant sa caricature, son image grimaçante que serait le populisme, ils se donnent, sans trop de peine, une image de parfaits et distingués républicains.
Dans notre démocratie, cette insulte qui vise à discréditer l'adversaire offre l'avantage d'être une notion à la fois précise et vague de sorte qu'elle fait mal mais sans qu'on se sente obligé de l'expliciter. Ainsi, elle sert de critique fourre-tout qui prétend accabler par exemple aussi bien Marine Le Pen que Jean-Luc Mélenchon et profite d'une impression générale qui laisse présumer une compréhension mais sans approfondissement.
Longtemps, on a pu considérer que le populisme était, pour la gauche, le peuple de droite, le peuple à laquelle celle-ci faisait volontiers référence non pas dans sa définition abstraite mais dans sa traduction concrète, quand les conservateurs ou même les libéraux, bien que plus réticents devant l'exploitation de cette mine démocratique, éprouvaient le besoin, contre les légitimités institutionnelles, de s'appuyer sur les évidences naturelles ou les arguments de bon sens - en tout cas allégués comme tels.
Il me semble que cette accusation visant à affirmer la droite propriétaire de la démagogie qui pour certains est au coeur du populisme a fait long feu.
Précisément parce que son identité essentielle, qui est tout de même de jouer le sentiment populaire contre les élites à la fois arrogantes et déconnectées du réel, est partagée aujourd'hui par des personnalités et des courants qui, antagonistes sur le plan des programmes, se ressemblent à cause de leurs modalités d'expression.
Il y a une volonté de parler « vrai » et même « brutal » qui apparaît dorénavant comme la revendication d'un « populisme » acceptable dont la finalité principale et, il faut le dire, souvent convaincante réside dans la mise en pièces d'un système officiel qui tiendrait serrés, dans un même désir d'étouffement républicain, médias, politiciens professionnels et profiteurs d'une démocratie plus apparente que réelle.
En ce sens qui n'est pas médiocre, on pourrait évidemment élargir le cercle et s'imaginer placer François Bayrou ou Nicolas Sarkozy, par certains traits de sa politique, de ses discours et de sa personnalité, dans cette catégorie des « populistes » honorables.
Pourtant, à mon sens, ce serait une erreur intellectuelle que d'accomplir ce saut parce que ce qui les distingue l'un et l'autre dans un registre différent du populisme tel qu'on se plaît à la vilipender, c'est une double raison.
Pour François Bayrou, la dénonciation, si elle existe forte et argumentée - il est opposant - n'est de loin pas le seul mode d'expression de ses divergences avec le Pouvoir. A rebours, et c'est aussi une manifestation de cette même complexité, il ne promet pas non plus monts et merveilles pour demain. Le populisme vulgaire oscille entre dénigrement systématique et utopie.
Quant à Nicolas Sarkozy, il est à l'abri d'un reproche global de populisme précisément parce qu'un président de la République est confronté au réel, doit proposer des actions, entreprendre, réagir et, grâce à ces démarches qui contraignent à une lucidité minimale, est certain d'échapper à cette facilité du « il n'y a qu'à » qui caractérise le sommaire, le confort et l'irresponsabilité de la revendication populiste.
Le risque pour l'avenir, c'est que, pour expulser le populisme mauvais, on fasse fi du peuple bon et que pour discréditer des vérités trop douloureuses à entendre, on les déclare inspirées par le populisme quand elles ne le seront que par l'exigence républicaine de donner sa juste place à la parole du peuple.
A chaque fois que quelqu'un, aujourd'hui, se verra taxer d'être populiste, il faudra demander à voir.
Le populisme vient régulièrement nourrir la réflexion collective et les débats politiques. Notamment en été quand l'actualité immédiate laisse du temps et permet une disponibilité de l'esprit. Les Entretiens de Pétrarque à Montpellier ont notamment été consacrés à ce thème (Le Monde).
Il est clair que le populisme, pour ceux qui ont pris l'habitude de le dénoncer, est devenu une manière commode de se placer du bon côté de la pensée - là où le peuple représente un concept acceptable.
En dénigrant sa caricature, son image grimaçante que serait le populisme, ils se donnent, sans trop de peine, une image de parfaits et distingués républicains.
Dans notre démocratie, cette insulte qui vise à discréditer l'adversaire offre l'avantage d'être une notion à la fois précise et vague de sorte qu'elle fait mal mais sans qu'on se sente obligé de l'expliciter. Ainsi, elle sert de critique fourre-tout qui prétend accabler par exemple aussi bien Marine Le Pen que Jean-Luc Mélenchon et profite d'une impression générale qui laisse présumer une compréhension mais sans approfondissement.
Longtemps, on a pu considérer que le populisme était, pour la gauche, le peuple de droite, le peuple à laquelle celle-ci faisait volontiers référence non pas dans sa définition abstraite mais dans sa traduction concrète, quand les conservateurs ou même les libéraux, bien que plus réticents devant l'exploitation de cette mine démocratique, éprouvaient le besoin, contre les légitimités institutionnelles, de s'appuyer sur les évidences naturelles ou les arguments de bon sens - en tout cas allégués comme tels.
Il me semble que cette accusation visant à affirmer la droite propriétaire de la démagogie qui pour certains est au coeur du populisme a fait long feu.
Précisément parce que son identité essentielle, qui est tout de même de jouer le sentiment populaire contre les élites à la fois arrogantes et déconnectées du réel, est partagée aujourd'hui par des personnalités et des courants qui, antagonistes sur le plan des programmes, se ressemblent à cause de leurs modalités d'expression.
Il y a une volonté de parler « vrai » et même « brutal » qui apparaît dorénavant comme la revendication d'un « populisme » acceptable dont la finalité principale et, il faut le dire, souvent convaincante réside dans la mise en pièces d'un système officiel qui tiendrait serrés, dans un même désir d'étouffement républicain, médias, politiciens professionnels et profiteurs d'une démocratie plus apparente que réelle.
En ce sens qui n'est pas médiocre, on pourrait évidemment élargir le cercle et s'imaginer placer François Bayrou ou Nicolas Sarkozy, par certains traits de sa politique, de ses discours et de sa personnalité, dans cette catégorie des « populistes » honorables.
Pourtant, à mon sens, ce serait une erreur intellectuelle que d'accomplir ce saut parce que ce qui les distingue l'un et l'autre dans un registre différent du populisme tel qu'on se plaît à la vilipender, c'est une double raison.
Pour François Bayrou, la dénonciation, si elle existe forte et argumentée - il est opposant - n'est de loin pas le seul mode d'expression de ses divergences avec le Pouvoir. A rebours, et c'est aussi une manifestation de cette même complexité, il ne promet pas non plus monts et merveilles pour demain. Le populisme vulgaire oscille entre dénigrement systématique et utopie.
Quant à Nicolas Sarkozy, il est à l'abri d'un reproche global de populisme précisément parce qu'un président de la République est confronté au réel, doit proposer des actions, entreprendre, réagir et, grâce à ces démarches qui contraignent à une lucidité minimale, est certain d'échapper à cette facilité du « il n'y a qu'à » qui caractérise le sommaire, le confort et l'irresponsabilité de la revendication populiste.
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Philippe Bilger
Jeanclaude- Député
- Nombre de messages : 7476
Age : 77
Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Le populisme, un fourre-tout bien commode...
Enfin ! et encore j'ignore si tu te fous de ma gueule ou si ta phrase reflète la vérité de ta pensée !
Jeanclaude- Député
- Nombre de messages : 7476
Age : 77
Date d'inscription : 26/09/2008
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