François Fillon lance enfin la réforme des ports

Le premier ministre était venu soutenir Jean-Claude Gaudin, maire UMP de Marseille, en course pour un troisième mandat face au socialiste Jean-Noël Guérini. François Fillon n'a pas fait le déplacement les mains vides. Il a annoncé «un véritable plan de relance des ports», promis par le président de la république, Nicolas Sarkozy, à Marseille, déjà, en juillet. Ce plan, qui passera par des mesures législatives, devrait être voté au printemps.

«Nous avons perdu la moitié de nos parts de marché dans le trafic de conteneurs au cours des vingt dernières années, alors que le marché connaissait une croissance supérieure à 5 % par an. Ce chiffre est un appel au sursaut», a estimé François Fillon. Et de rappeler que «notre faiblesse, c'est le manque de productivité de nos terminaux». Une des raisons de ce manque de compétitivité est «l'absence d'unité de commandement entre les activités de manutention exercées par les ports autonomes et celles des entreprises de manutention».

La réforme de 1992, qui avait fait passer les dockers sous le commandement des sociétés de manutention privées, était restée inachevée. Elle avait en effet laissé un pan de la manutention aux mains des ports autonomes et de leurs grutiers. Ces derniers ont conservé le monopole du déchargement des marchandises entre les bateaux et les quais, les dockers prenant ensuite la relève, une fois la marchandise à terre. François Fillon veut donc parachever la réforme de 1992 en concédant au secteur privé les terminaux portuaires et leur personnel.

Le premier ministre espère ainsi que les ports français bénéficieront enfin de la croissance du trafic maritime mondial avec, d'ici à 2015, un nombre de conteneurs passant de 3,6 à 10 millions et 30 000 créations d'emplois. Les sept ports autonomes verront en outre leurs missions «recentrées autour du développement durable de la place portuaire». La gouvernance de ces établissements publics devrait, enfin, être modernisée.
«Sans a priori et sans tabou»

Dominique Bussereau, secrétaire d'État aux Transports, va engager la concertation sur ces trois orientations dès aujourd'hui. Il a donné hier soir leur lettre de mission aux présidents et directeurs généraux des ports. Il rencontre aujourd'hui les organisations syndicales et professionnelles. François Fillon s'est engagé sur une concertation «la plus large et la plus approfondie». Il considère que le transfert des grutiers doit se faire «sans a priori et sans tabou sur ses modalités» mais avec un dialogue préalable. «Personne ne sera laissé sur le bord de la route par la réforme. J'en prends l'engagement», a-t-il promis.

Le parachèvement de la réforme par un «ambitieux plan d'investissement dans nos ports», qu'il n'a pas chiffré, n'a toutefois pas suffi à rassurer la CGT, principal syndicat sur les quais. «Nous sommes fortement opposés à ce qui vient d'être annoncé», a indiqué Pascal Galeoté, secrétaire général de la CGT du Port autonome de Marseille. «Ce qui me choque, a renchéri Mireille Chessa, secrétaire de l'Union départementale CGT des Bouches-du-Rhône, c'est que le premier ministre annonce cette privatisation des activités de manutention sans aucune discussion avec les organisations syndicales. Il annonce le cadre de la réforme et il n'y a plus rien à discuter».