Une circulaire pour que Tati puisse continuer à fumer sa pipe

André Malraux privé de cigarette sur un timbre, Jean-Paul Sartre interdit de cigarette sur le catalogue d'une exposition, disparition de la pipe de Jacques Tati sur une affiche... de nombreux élus se sont émus ces dernières années de ces retouches photographiques, qualifiées de "falsifications de l'Histoire" et d'actes de "censure" dignes des régimes totalitaires. A l'initiative de Didier Mathus, le groupe PS a donc défendu une proposition de loi pour exclure le patrimoine culturel d'une application jugée trop littérale de la loi Evin, qui interdit depuis 1991 toute propagande, directe ou indirecte, en faveur du tabac.

Mais il n'y aura finalement pas de nouveau texte législatif sur ce thème. L'Assemblée nationale a renoncé, dans la nuit de mercredi à jeudi, à exclure le patrimoine culturel de la loi Evin contre le tabagisme, le PS retirant son texte en ce sens en échange de la promesse du gouvernement d'élaborer très rapidement une circulaire.

Le texte retiré par le PS, mais...

"Je m'engage à ce que nous travaillions dès demain à l'élaboration d'une circulaire" visant à garantir à la fois la préservation de l'intégrité des oeuvres culturelles et les objectifs de lutte contre le tabagisme, afin que cette circulaire soit "opérationnelle d'ici une quinzaine de jours", a, au nom du gouvernement, lancé Nora Berra à l'adresse des députés PS.

"Prenant acte" mercredi soir de l'engagement du gouvernement, Didier Mathus a accepté de retirer "à ce stade" sa proposition de loi, quitte à "revenir à la charge" lors d'une prochaine "niche" (séance réservée) de son groupe, en mars, si la circulaire promise ne permet pas de combler le "vide juridique" actuel.

Le texte de Didier Mathus avait été adopté la semaine dernière en commission. Les associations anti-tabac, relayées par le gouvernement, avaient aussitôt dénoncé une "brèche dangereuse" dans la loi Evin et un "piège grossier" de l'industrie du tabac.