Français du Niger : vivre sous la menace d'al-Qaida
2 participants
Page 1 sur 1
Français du Niger : vivre sous la menace d'al-Qaida
Français du Niger : vivre sous la menace d'al-Qaida
Mots clés : Expatriés, Al-Qaida, Aqmi, NIGER, NIAMEY
Par Thierry Oberlé
20/01/2011 | Mise à jour : 19:35
Le lycée français La Fontaine à Niamey, mercredi.Murs rehaussés de fils barbelés, plots de béton contre les voitures kamikazes et rue fermée sous surveillance policière: il ressemble plus à un camp retranchéqu'à une école. (Crédits photo: Boureima HAMA/AFP pour Le Figaro).
J'ai trouvé sur le Fig cet article interessant .
Il leur faut du courage et /ou de l'inconscience pour rester dans ce climat de peur !
Mots clés : Expatriés, Al-Qaida, Aqmi, NIGER, NIAMEY
Par Thierry Oberlé
20/01/2011 | Mise à jour : 19:35
Le lycée français La Fontaine à Niamey, mercredi.Murs rehaussés de fils barbelés, plots de béton contre les voitures kamikazes et rue fermée sous surveillance policière: il ressemble plus à un camp retranchéqu'à une école. (Crédits photo: Boureima HAMA/AFP pour Le Figaro).
REPORTAGE - Après l'enlèvement et la mort de deux jeunes Français, les expatriés, à Niamey comme dans l'ensemble de la bande sahélienne, ont du vague à l'âme. Ils s'interrogent sur leur présence dans une zone où leur vie peut à tout moment basculer dans le plus sombre des scénarios.
A 15 kilomètres de Niamey, au bas d'une falaise, s'étirent le long du Niger les jardins du Rio Bravo. Les citadins viennent ici en fin de semaine pour savourer, à l'ombre des manguiers, des brochettes de poisson capitaine ou glisser en pinasse sur les hautes eaux du fleuve. La balade est très prisée des résidents français. Elle participe à la douceur de vivre qui incite les Occidentaux à s'installer dans ce pays classé parmi les plus pauvres au monde. Mais la magie s'est envolée avec l'enlèvement d'Antoine de Léocour et de Vincent Delory par al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), le 7 janvier dans la guinguette Le Toulousain.
À Niamey, les expatriés ont pris conscience qu'une page se tourne. Ils ont pour consigne de ne plus quitter la ville sans autorisation préalable et d'éviter de sortir le soir. Les instructions varient selon les nationalités et les employeurs. Des organisations humanitaires imposent un couvre-feu dès la tombée de la nuit. Le soir, les gargotes comme les restaurants huppés et les boîtes de nuit sont quasi déserts. Une chape de plomb semble couvrir la ville qui n'était déjà pas réputée pour son côté festif.
Les mesures de sécurité ne concernent pas seulement Niamey mais touchent toute la région. Venu dans la capitale du Niger au lendemain du drame pour rassurer ses compatriotes, le ministre de la Défense, Alain Juppé, a annoncé le classement de l'ensemble de l'axe sahélo-saharien en «zone orange». La bande couvre un immense territoire qui s'étend des sables du Niger aux plages de l'Atlantique de Nouakchott en Mauritanie. Il est vivement recommandé par Paris de limiter au strict minimum ses déplacements. Plus au nord, une bonne partie du Sahara est classée en rouge. Le désert est devenu d'un point de vue administratif un no man's land pour l'homme blanc.
La fin de la quiétude
Émilie, une employée française d'une ONG allemande, a décidé de rester sur place en sachant que «tout peut basculer». «On commence à se mettre dans la tête que l'on va peut être s'en aller», dit-elle. Voici quelques jours, elle était invitée au pot d'adieu d'une amie. Sur huit convives, cinq s'apprêtaient à plier bagages. Mère d'un bébé, Émilie, 30 ans, a épousé son compagnon nigérien, salarié d'une banque française. C'était il y a à peine un mois. Ses parents avaient fait le déplacement. Son mari est un ami d'Antoine de Léocour. Il était aux côtés de la famille africaine de celle qui devait devenir l'épouse de l'ancien étudiant en géographie lorsque la nouvelle de la mort des otages est tombée.
Émilie est sous le choc. Elle développe «un peu de paranoïa». «On n'est pas à l'aise. Je garde mes déplacements secrets, je ne dis pas ce que je vais faire». Durant l'entretien qui se déroule à la terrasse d'un grand hôtel, elle se crispe en entendant des voisins de table parler en arabe. «Je suis bien au Niger, mais on ne sait comment vont être les prochains mois. On a l'impression d'une escalade avec un contexte sécuritaire qui se durcit», explique-t-elle. Après l'annonce en juillet par Aqmi de l'exécution de Michel Germaneau, l'enlèvement le 16 septembre de cinq Français, d'un Togolais et d'un Malgache à Arlit, sur le site d'Areva, a sonné le glas de la quiétude dans une capitale considérée comme l'une des plus sûres du continent. Niamey souffre peu de la délinquance et la population n'a pas d'animosité à l'égard des étrangers. La ville a des allures de gros village où l'on croise des dromadaires chargés de ballots de fourrage. De temps en temps, une caravane de «vaisseaux du désert» franchit un carrefour sous les klaxons des automobilistes. Les rares embouteillages sont provoqués par le passage, sous haute surveillance, du cortège du président de transition, Salou Djibo. Sur ses gardes, le chef de la junte craint en permanence un coup d'État.
Quant à l'islam local, il se veut plutôt tolérant malgré la poussée d'un intégrisme influencé par la secte des Bokoharam, les salafistes du Nigéria voisin. Chez les femmes, la mode est au voile intégral. Les tenues sont dessinées par des tailleurs locaux qui font ressembler leurs clientes à de sinistres momies noires. Mais le vendredi, les prêcheurs prônent la modération. Interrogé à la sortie de la prière, l'imam de la mosquée Kouara Kano tient des propos rassurants. «La religion sert de bouclier à Aqmi pour satisfaire leur désir de tuer. Ces gens ne sont pas de vrais musulmans», tranche-t-il avant d'enfourcher sa mobylette et de s'éclipser, son kami blanc gonflé par l'harmattan, le vent venu du Sahara.
Des milliers de traces de camions
Jusqu'à l'attaque du Toulousain, les résidents français situaient le péril là-bas, dans le désert du nord, aux confins d'un vaste territoire grand comme la France naguère sillonné par les concurrents du Paris-Dakar. Une région inaccessible aux expatriés et aux touristes depuis la rébellion touareg de 2007. Au retour de la paix civile, la présence de mines au bord des pistes et de bandits sur les chemins avait découragé les visiteurs les plus aguerris.
Passionné de photo et fou de Niger, Maurice Ascani est un des rares blancs à continuer à arpenter ces contrées. Personnage atypique, il est arrivé en Afrique en janvier 1968 et tient avec sa femme, Julie, un magasin de presse où l'ambassadeur de France vient acheter chaque samedi son Canard Enchaîné. «Certains coins du désert comme l'Aïr sont devenus infréquentables car trop dangereux, confirme-t-il. Quant je traversais le Ténéré pour prendre des photos, je croisais des caravaniers, des immigrants clandestins et parfois des gens bizarres armés jusqu'aux dents. On se saluait. Les trafiquants passent de la drogue, des armes, des cigarettes, du carburant, des télés», raconte-t-il. En 2006, Maurice Ascani a participé pour le National Geografic à une mission de survol du Sahara nigérien. «Nous devions répertorier les derniers addax, de grosses antilopes en voie de disparition, des oryx et des mouflons à manchettes. Nous avons surtout découvert dans cette immensité abandonnée des traces, des milliers de traces de camions hors piste. Ca grouillait de vie humaine ». La menace Aqmi oblige aujourd'hui Maurice Ascani à redoubler de prudence, mais pas question de renoncer à ses escapades.
Un lycée transformé en forteresse
Professeur d'anglais au lycée français La Fontaine, Frédéric Cadoux voulait, lui aussi, voir le désert. Arrivé il y a quatre ans, il n'a toujours pas exaucé son vœu pour des raisons de sécurité. «On a compris que désormais on y reste quand on est pris en otage. La majorité des professeurs de La Fontaine sont décidés à partir ou menacent de le faire si les conditions financières de leurs contrats ne sont pas revues», résume-t-il. Son lycée, qui reçoit des enfants de la maternelle à la terminale, est transformé en forteresse. Le mur d'enceinte a été rehaussé d'un mètre, il est couvert de «concertinas», des barbelés en langage politiquement correct. Les portails coulissent, des plots en béton protègent des voitures kamikazes, la rue -surveillée par la police- est fermée à la circulation. Chez eux, les expatriés ont fourni un sifflet à leur gardien pour donner l'alerte en cas d'attaque. Un réseau d'îlotiers est censé prévenir la communauté française du moindre incident. Mais la nuit de l'enlèvement, le système n'a pas vraiment fonctionné. Certains ont reçu un SMS d'avertissement cinq jours plus tard, d'autres jamais.
Environ 1500 Français vivent à Niamey. Ce sont des coopérants, des humanitaires et surtout des petits entrepreneurs déterminés à ne pas lâcher prise. Le ralentissement des échanges avec la France les inquiètent. «Pour ne pas prendre de risques, les sociétés françaises hésitent à envoyer des gens à Niamey et à passer des commandes. Nous risquons l'asphyxie économique», se plaint Robert Oreja. Vieux blanc d'Afrique, le patron de l'hôtel Terminus a «toute sa vie ici » et «ne veut pas partir ». L'hôtelier ne voit qu'une solution pour résoudre l'équation Aqmi.: « La meilleure défense pour empêcher le renard de voler des poules dans le poulailler est de l'enfumer, sans attendre, dans son terrier».
En déclin en Côte d'Ivoire et en Afrique de l'Ouest, en difficulté dans les pays du Sahel, les communautés d'expatriés français ont du vague à l'âme. Comme Monique qui a bourlingué toute sa vie sur le continent et qui comptait couler des jours tranquilles sur les rives du fleuve Niger. Elle avait quitté Abidjan en 2007 lassée des violences et des cambriolages. Monique avait vendu sa maison de la capitale ivoirienne pour acheter une villa avec piscine à Niamey. La sexagénaire est aujourd'hui partagée entre des sentiments contradictoires. Elle est tentée de partir pour ne pas vivre dans une «prison dorée». Mais, elle se dit aussi «qu'il n'y a plus de sanctuaire» et que l'«on peut être victime du terrorisme à Niamey comme à New York ou à Paris». À la différence près que les chances d'être pris pour cible sont démultipliées pour un Occidental vivant dans la bande sahélienne. Un calcul qui pousse les moins motivés à abandonner la partie.
J'ai trouvé sur le Fig cet article interessant .
Il leur faut du courage et /ou de l'inconscience pour rester dans ce climat de peur !
Re: Français du Niger : vivre sous la menace d'al-Qaida
Ce n'est pas de l'inconscience qui les fait rester pour la plupart mais l'appât du gain car en réalité il y a beaucoup d'entrepreneurs dans ce pays et il est évident qu'ils hésitent avant de rentrer en métropole abandonnant leur entreprise.
Les seuls qui sont courageux sont les gens des ONG !
Les seuls qui sont courageux sont les gens des ONG !
Jeanclaude- Député
- Nombre de messages : 7476
Age : 77
Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Français du Niger : vivre sous la menace d'al-Qaida
il y a aussi des fonctionnaires , des profs , je ne suis pas certaine que pour eux , ce soit l'appât du gain .
Je pensais à ces fonctionnaires et aux ONG .
Quant aux entrepreneurs , je suppose qu'ils n'ont guère le choix , quitter c'est abandonner leur affaire et revenir sans rien .
Je pensais à ces fonctionnaires et aux ONG .
Quant aux entrepreneurs , je suppose qu'ils n'ont guère le choix , quitter c'est abandonner leur affaire et revenir sans rien .
Sujets similaires
» Deux Français enlevés au Niger
» Cinq Français enlevés au Niger
» Paris sous la menace d'attaques terroristes
» Niger: la Cour constitutionnelle dissoute
» La chasse aux phoques s'ouvre au Canada sous la menace d'un boycott européen
» Cinq Français enlevés au Niger
» Paris sous la menace d'attaques terroristes
» Niger: la Cour constitutionnelle dissoute
» La chasse aux phoques s'ouvre au Canada sous la menace d'un boycott européen
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum