Quatre collégiens tentent de se suicider, une ado succombe

Les quatre adolescents, originaires de Coursan dans l'Aude, n'auraient pas supporté les décès accidentels de deux de leurs camarades d'école. Deux d'entre eux avaient annoncé leur intention sur Internet.

Une adolescente de 15 ans est décédée jeudi après avoir absorbé des médicaments à Coursan, dans l'Aude, petite commune qui a connu en une semaine trois autres tentatives de suicide au collège des Mailheuls, selon la préfecture. «Elle est morte ce matin à l'hôpital Saint-Jean de Perpignan, où elle avait été évacuée le 17 juin dans un état critique et comateux», a annoncé jeudi le directeur de cabinet de la préfecture de l'Aude, Benoît Huber. Ses trois camarades - une fille et deux garçons - qui étaient respectivement passés à l'acte les 18, 19 et 22 juin, sont hors de danger. Deux d'entres eux ont repris les cours et le dernier était encore hospitalisé jeudi avec un suivi psychologique.

Selon les premiers témoignages recueillis, les quatre collégiens auraient été profondément meurtris par les morts de deux élèves de l'établissement scolaire, survenues en moins d'un mois dans cette localité paisible de 6.000 habitants, située près de Narbonne. Ils connaissaient ainsi bien un jeune homme tué la semaine dernière dans un accident de scooter ainsi qu'une jeune fille tuée il y a un mois, renversée par une voiture alors qu'elle revenait d'une fête à vélo.

«Beaucoup d'enfants ont été fragilisés par ces deux décès successifs», explique la direction du collège au quotidien l'Indépendant. «A titre préventif, nous avons décidé, la semaine dernière, de mettre en place une cellule d'écoute et d'adresser un message aux parents de tous les élèves de l'établissement» pour inciter notamment les familles à la vigilance quant au comportement de leurs enfants.

«J'ai jamais vu ça», se désole le maire
Habitués à communiquer par les réseaux sociaux sur Internet - et notamment Facebook -, deux des quatre collégiens avaient annoncé par écrit, peu avant de passer à l'acte, qu'ils allaient mettre fin à leurs jours, rapporte la préfecture. Le parquet de Narbonne a ouvert une information judiciaire pour déterminer si quelqu'un les aurait incités au suicide via Internet.

Pour la jeune fille qui a succombé à sa tentative de suicide, «il y avait ce contexte d'accumulation de drames et des raisons personnelles; elle avait d'autres motifs dont elle avait fait part par le biais des réseaux sociaux». Pour les trois autres, selon Benoit Huber, «il n'y avait pas la même volonté de mettre fin à leurs jours, on a l'impression que c'était plus pour attirer l'attention». La préfecture de l'Aude a ouvert dans le collège une cellule d'urgence médico-psychologique pour les enfants et les parents.

Le maire de la ville, Gilbert Plat, a de son côté fait part de sa stupéfaction. «Je suis consterné devant une situation pareille. S'agit-il d'un mal-être ? Je ne sais pas, je ne comprends pas ce qui les a poussés à aller aussi loin», a-t-il expliqué. «Ils ont vu deux des leurs disparaître dans des circonstances dramatiques. C'est terrible, mais des gamins traumatisés qui se lancent dans une démarche suicidaire, j'ai jamais vu ça», s'est désolé l'élu.

Les camarades et les proches de Chloé ont rendu, samedi 26 juin, un dernier hommage à cette jeune fille de 15 ans qui a mis fin à ses jours. La meme semaine, trois autres adolescents du collèfe des Mailheuls, à Coursan, dans l'Aude, ont tenté de se suicider.

LES FAITS Une commune de l'Aude sous le choc après une série de suicides d'adolescents
Une cinquantaine de collégiens, beaucoup en pleurs, avaient accueilli le cercueil de Chloé en fin de matinée devant la petite église en pierre du village fortifié médiéval, sous un soleil de plomb et dans une ambiance pesante. Derrière le fourgon funéraire, un des amis proches de la jeune fille portait un grand portrait de Chloé, souriante. Outre ses camarades et les familles, le maire de Coursan, Gilbert Pla, et le personnel du collège autour de la principale, Palmire Andrieu, ont participé à la cérémonie, une bénédiction donnée par un prêtre venu de Narbonne. "Nous, adultes, savons que grandir est difficile", a dit le curé.