Electricité: Les consommateurs boudent la concurrence

La concurrence existe-t-elle? Près de trois ans après l’ouverture des marchés de l’électricité et du gaz, les Français sont peu nombreux à y croire. Selon le baromètre annuel établi par l’Ifop pour la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR)*, que dévoile le JDD, 2% seulement des consommateurs envisagent de quitter EDF ou GDF Suez. Ils étaient douze fois plus nombreux en 2006. Et l’augmentation des prix du gaz (+ 9,7%) intervenue cette semaine ne semble guère devoir modifier la donne.

Chez les particuliers, il s’agit d’un désintérêt. Une moitié d’entre eux dit avoir été sollicitée par la concurrence. Mais ce contact avec les fournisseurs alternatifs sombre vite dans l’oubli. La majorité des Français démarchés se disent incapables de citer le nom de l’interlocuteur. Pour l’électricité, Poweo est nommé par 16% des sondés et Direct Energie par 15%. Pour le gaz, EDF éveille un souvenir à 12% d’entre eux.

Pourtant, les consommateurs ne sont pas sans reproches vis-à-vis d’EDF et de GDF Suez. Ils constatent une baisse de la qualité du service (coupures, chutes de tension) et se plaignent de la relation commerciale. Les appréciations portées sur la facture, la rapidité d’intervention en cas de panne ou la compétence des interlocuteurs se dégradent chaque année.

Un village écolo abandonne EDF
Cela ne suffit pas pour sauter le pas. La décision d’aller voir ailleurs serait motivée par des prix plus attractifs pour la moitié des sondés, devant une offre d’énergies renouvelables et une meilleure qualité de service. Chez les chefs d’entreprise, une relative déception domine. Les patrons sont de moins en moins nombreux à comparer les offres. Et 10% d’entre eux considèrent que la concurrence a eu un impact négatif pour leur société contre 5%, qui y ont vu un effet positif, un pourcentage qui s’améliore toutefois. La majorité n’a pas vu de différence.

Pour leur part, les collectivités locales - qui sont propriétaires des réseaux concédés à EDF et GDF - ne voient pas non plus l’intérêt de confier leurs lignes et tuyaux à un concurrent. Les maires se montrent pourtant très critiques sur la qualité du service. Ils sont très nombreux à attendre un enfouissement des lignes électriques.

"Après six décennies de monopole public d’EDF et Gaz de France, ces résultats ne sont guère surprenants. Ils montrent que les Français et leurs élus doivent se réapproprier ces services publics locaux", commente la FNCCR. Les villes ont le droit de passer en régie municipale ou en société d’économie mixte. Certaines ont évolué par militantisme écolo. Une petite commune de la Manche a décidé d’abandonner EDF pour Enercoop, une coopérative fournissant de l’électricité "verte". Le Chefresne, 300 habitants, se situe à 80 km du chantier de Flamanville, où se construit le premier EPR tricolore. Son maire veut aussi couvrir l’église de panneaux solaires.