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La rechute, avant la chute !

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Message  Jeanclaude Ven 15 Jan - 18:39

La crise : la rechute, avant la chute ?

La crise que nous connaissons, d'abord morale et non seulement économique, pose finalement la question de la compatibilité de notre système (supposé) démocratique, avec le mode de fonctionnement et finalités de l'économie de Marché. La loi de la Finance ayant supplanté le Politique puis l'Economie, la nécessité de l'autorité, celle qui œuvre dans l'intérêt général, ne peut plus être contournée.

On nous affirmait ces mois derniers que les leçons de la crise économique mondiale de " référence ", celle de 1929, étaient tirées. Cette fois-ci on allait agir sans tarder, et le rhume ne muterait pas en pandémie grippale ou cancéreuse généralisée. On nous promettait (Prométhée...) que le dysfonctionnement constaté du système financier allait être stoppé et durablement régulé.

Tous ceux qui bénéficièrent comme des gloutons repus et sans vergogne s'improvisèrent soudain en donneurs de leçons de charité et s'auto flagellèrent ainsi, se repentant sur petit écran entre quelques pages publicitaires, émanant des principales banques. L'Avare de Molière à cette grande échelle ne fait plus rire du tout.

Le jour de gloire solidaire était arrivé, ces chères banques méritant la fessée retrouveraient leur mission, financer l'activité du pays, et non pas spéculer dès le premier euro encaissé. Bien sûr, les braves citoyens se devaient une dernière fois (avant et après toutes les autres) de faire confiance aux spécialistes et à leurs gouvernants. Cela étant dit, l'accroissement de la dette publique et du taux de chômage seraient le prix à payer. La misère et la précarité n'avait aucun lien puisqu'elles ont toujours existé, notamment avant la crise, et depuis que le monde est monde (à moins qu'il ne soit immonde). On allait voir ce qu'on allait voir, et les vilains traders découverts subitement au cœur même de la jolie économie de Marché, ne perdaient rien pour attendre. Ils continuaient même de gagner !

La dette, essentiellement celle du secteur privé, se devait alors d'être renflouée, par vous et moi, et surtout par nos enfants, même en gestation. Ici comme ailleurs, les cow-boys présidents ont enfourché illico leurs grands chevaux faussement blancs pour nous endetter plus encore, pour mille ans. Parallèlement, les plans médias ont été lancés à la même hauteur, il fallait doper la psychologie collective par inductions répétées de baratins vitaminés euphorisants. Sois tranquille brave peuple, ceux à qui tu payes tes impôts ou ceux qui te maintiennent dans l'exclusion et la misère, ceux-là, ils détiennent le savoir et (surtout) le pouvoir, et tout va rentrer dans l'ordre, le leur. Alors " on " a inondé les banques de nouvelles liquidités, des chiffres gigantesques " volaient " au-dessus de nos pauvres têtes, les émissions " spécial crise " n'en finissaient plus de remplir l'espace laissé encore " libre " par les vendeurs du temple publicitaire.

Voilà que des couvertures à nouveau apocalyptiques apparaissent, celles des magazines, en parallèle de celles qui abritent les mendiants toujours plus nombreux sur les trottoirs des pays riches. Ces couvertures sur papier nous glacent plus encore. Elles évoquent l'explosion d'une nouvelle " bulle " financière pour l'an prochain. Elles racontent que les banques ont recommencé à jouer en Bourse avec les masses d'actifs initialement " prêtés " par l'État. Au niveau des bulles, certains ne manquent pas d'air ! Le " CAC40 ", celui des quarante voleurs, n'est pas loin d'avoir progressé de 40% en quelques mois. Le taux frôle ou dépasse les 3800 points. Et les milliardaires dépriment en évoquant le bon vieux temps des 6000 points. Mais bon, leur trésor reste pour l'essentiel dans les paradis fiscaux, la baisse du CAC machin leur permet de gémir un peu, histoire de se sentir encore humains.

Aux Etats-Unis, l'heure et le leurre sont à la même Obama-baraka pour les plus riches. Là-bas, plus de 10% de l'activité économique tourne autour (tels des vautours) de la spéculation, qui représente finalement plus de 40% du profit redistribué -pour les couches les plus aisées, bien sûr. On avance même le chiffre (cf. journal La Tribune du 24/11) de 20% s'agissant de la part du PIB réorientée vers la spéculation boursière. Un quart de l'activité de la première puissance du Monde appartiendrait donc aux voyoucrates de cette économie virtuelle aux conséquences tragiques, bien réelles. Gardons que seul le retour à un niveau supérieur d'activité, de production et de consommation, donc de croissance, peut nous éviter le gonflement d'une nouvelle bulle financière. Telle est la philosophie du fameux " grand emprunt ", qui n'est pas sans nous faire penser aux politiques passées des Grands Travaux. Les mouches qui elles, volent et ne s'en cachent pas s'interrogeraient sur ce terme " d'emprunt ", notamment les plus jeunes et futures héritières des dettes. En effet, qui peut croire encore que ce grand emprunt ait assez rapidement, les effets escomptés des renflouements massifs des actifs bancaires ? Parier sur 1% de croissance supplémentaire pour 2010, chiffre sur lequel s'accordent mutuellement nos chers spécialistes reconduits dans leurs fonctions, ne saurait être à la hauteur du grand Monopoly inchangé des traders et lobbies nourrissant les paradis fiscaux.

De vilaines langues disent que les mêmes ne sont pas sans se cacher parfois derrière de grandes causes " humanitaires " de pseudo " fraternité " médiatisée à outrance. Parfois les programmes télévisés en disent long dans leur juxtaposition, un week-end prochain devrait le démontrer paraît-il. Du reste, le voyeurisme de l'élection de nos Miss ne fait au moins aucun mystère (cf. " être ou Miss paraître " de Myrose Hoareau). La crise est d'abord profondément morale.

Comme en 1931, les états songent légitimement à se retirer d'un jeu de perfusion d'actifs qui ne porte pas ses fruits, pour revenir à des politiques de réduction de la dette. Il n'est pas dit que l'austérité, conjointe à un taux officiel de chômage avoisinant les quatre millions (cf. le journal La Croix du 24/11) soit la réponse la plus indiquée. Il nous faudrait alors faire face aux conséquences d'un désastre social dans une situation de banqueroute. L'objectif d'augmenter la croissance réelle de l'activité, même au prix de nouveaux emprunts, s'impose comme la moins pire des solutions, voire, la seule. Il va de soi, que sans un effort de moralisation et de régulation maîtrisée de la circulation financière, prétendre à tout succès serait illusoire.

Assurément, la lobby-cratie financière menace la République et son creuset de valeurs dans lequel une majorité reconnaît l'essence même de " l'identité française " en question. A moins qu'il ne s'agisse de s'interroger sur le fait de voir perdurer, ou pas, la dimension Humaine de l'Homme.

Le gigantisme de l'opulence des bénéficiaires auto-désignés de la mondialisation n'ayant d'équivalent que l'ampleur de la misère, chacun ressent que la civilisation actuelle trébuche. Loin de faire un effet de langage, gardons-nous bien de ne pas laisser venir le temps de la chute…

Guillaume Boucard ( agora vox )
jeudi 3 décembre 2009
Sources :
Journal La Croix du 24/11/2009
Journal La Tribune du 24/11/2009

Jeanclaude
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