Le modem réflechit

Au parti socialiste, tout le monde y pense. Certains n'hésitent pas à donner leur avis personnel, même si Martine Aubry a renvoyé la question à après les régionales de 2010. Au MoDem, en revanche, le sujet reste tabou. Du moins officiellement. Parler de «primaires» pour la présidentielle de 2012, dit-on, serait prématuré.
Du bout des lèvres, un élu centriste reconnaît que «cela équivaudrait à reconnaître que François Bayrou ne serait plus forcément le premier opposant naturel à Nicolas Sarkozy». Depuis le «traumatisme» du 9 juin, où les listes du parti centriste étaient arrivées loin derrière celles des Verts et du PS, il n'en demeure pas moins que certains cadres orange reconnaissent en privé se poser aujourd'hui la question.



Deuxième vice-présidente du MoDem, Corinne Lepage est la seule à avoir brisé le tabou. La semaine dernière, à l'occasion d'un «chat» avec les lecteurs du journal Le Monde, la nouvelle eurodéputée a posé la question des primaires. «Pour ma part, si des primaires étaient organisées entre tous les opposants potentiels à Nicolas Sarkozy, je pense que François Bayrou devrait se poser la question de savoir s'il ne souhaite pas y participer», a-t-elle expliqué.
Un membre du conseil national du MoDem admet également se poser la question. «Si le PS et les Verts acceptent de jouer le jeu, c'est-à-dire d'ouvrir leur primaire à l'ensemble des opposants à Nicolas Sarkozy sans se limiter à la seule gauche : pourquoi pas ?», s'interroge-t-il.


«Déplacé et prématuré»



À l'évocation de cette question, la première vice-présidente du MoDem, Marielle de Sarnez, laisse éclater un rire. «Cette question est déplacée et totalement prématurée. Ce n'est pas dans le calendrier», assure-t-elle. Pour cette proche de François Bayrou, «ce n'est pas en créant le club de tous les opposants à Nicolas Sarkozy qu'on répondra aux attentes des Français !» Et de clore le sujet : «Avant de parler primaires, posons-nous d'abord la question du programme.»
Samedi, à Paris, les trois cents membres du conseil national du MoDem sont convoqués pour «tirer les leçons» de la séquence des européennes et jeter les bases de sa rénovation dans la perspective des régionales. Officiellement, donc, pas question de parler d'une éventuelle participation à des primaires avec la gauche pour 2012.
Comme de coutume, ce conseil national se tiendra à huis clos. Depuis le 9 juin, le président du MoDem s'est lui-même astreint au silence. «Très affecté» par le score de ses listes, selon un proche, Bayrou entend se donner du temps. Au moins vis-à-vis des médias. Car s'il a déserté les plateaux de télévision, le chef centriste multiplierait en revanche les rencontres avec des membres de la société civile. Sauf surprise - «on ne sait jamais ce que l'actualité réserve», confiait-t-il dernièrement -, il ne devrait pas sortir de son silence avant l'université d'été de son parti, prévue à la Grande Motte début septembre.