La chute du courrier contraint La Poste à un plan d'action

Il n'y a jamais eu si peu de courrier dans les boîtes aux lettres. Même La Poste ne s'attendait pas à une telle chute. Depuis janvier, le recul des volumes atteint 6,3 %, ce qui ne s'était «jamais produit dans l'histoire du courrier», selon Jean-Paul Bailly, président de La Poste. En mars, le groupe anticipait une chute de 3 % sur l'année. Il parle désormais de 7 %. Le courrier représente encore plus de la moitié du chiffre d'affaires de La Poste. Son recul aura un impact dans les comptes de 2009. «Nous serons légèrement en dessous de nos prévisions, reconnaît Jean-Paul Bailly. 2009 ne sera pas une année extraordinaire, mais pas catastrophique non plus.»
L'an dernier, le résultat net a fondu de 44 % à 529 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires en hausse de 0,2 % à 20,8 milliards d'euros. Cette année, le chiffre d'affaires devrait baisser de 3 %. La Poste française n'est pas la seule dans son cas. La tendance est partout la même.


«Se réinventer»

Pour Jean-Paul Bailly, La Poste doit «se réinventer» en proposant de nouveaux services. Internet bouleverse les habitudes de communication. L'urgence d'un message se règle désormais par e-mail ou téléphone mobile. Pourtant, Jean-Paul Bailly martèle que le courrier a encore de l'avenir. Et de dresser un parallèle avec le cinéma, donné pour mort il y a trente ans, ou le tramway qui s'est «totalement rénové».

À l'occasion d'une réunion stratégique du conseil d'administration lundi, Nicolas Routier, le nouveau directeur général du courrier, présentera sa feuille de route. En interne, le mot d'ordre se résume en une formule : le courrier a un avenir mais il est urgent d'agir. Selon nos informations, Nicolas Routier présentera un plan d'action à l'horizon 2015, anticipant un recul des volumes de 5 % par an, soit une chute de 30 % entre 2008 et 2015. Cette hypothèse est retenue par la plupart des grandes postes.


Impérieuse nécessité

Les trente premiers clients de La Poste (banques, vépécistes et gros expéditeurs de facture comme EDF) représentent 40 % du chiffre d'affaires du courrier. Répondre à leurs besoins (comme par exemple relever le plus tard possible le courrier) est plus que jamais une priorité. Sans pour autant perdre de vue l'impérieuse nécessité de réduire les coûts, tout en maintenant et même améliorant la qualité de service. Cette année, le groupe veut économiser 200 millions d'euros, dont la moitié au courrier. Dans cette activité, 55 % des coûts proviennent de la distribution. Livrer à J + 1 (ce qui coûte le plus cher) est «un sujet de réflexion», selon Jean-Paul Bailly. Mais il assure qu'il n'y a «rien dans le tuyau». Cette année, La Poste promet un niveau de qualité de 84 % pour ce service. Il reste encore 16 % de mécontents.