Les filières professionnelles auront bientôt leur grande école

Dernière session avant bouleversement dans la filière professionnelle. L'année 2010 s'annonce en effet riche en changements pour les futurs bacheliers : non seulement ils passeront leur bac en trois ans (au lieu de quatre), mais ils pourront intégrer une grande école qui leur sera spécialement dédiée. La ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse vient de confirmer la naissance de l'Institut Jacques de Vaucanson (nom provisoire), destiné à accueillir l'élite de la filière. L'école, qui formera de futurs managers et ingénieurs (bac + 5) sous la houlette du CNAM pourrait susciter l'engouement.


Sélection drastique

Pour les 127.000 bacheliers de la filière, poursuivre des études supérieures relève en effet toujours du parcours du combattant. Malgré son nom qui en fait théoriquement un baccalauréat à part entière, le bac pro est davantage perçu comme un passeport vers l'emploi que comme un sésame vers l'enseignement supérieur. Ses diplômés, de plus en plus nombreux à vouloir poursuivre leurs études, se heurtent donc à des écueils successifs : évincés des filières sélectives (BTS, IUT, CPGE), ils échouent à l'université, faute de niveau suffisant dans les disciplines générales.

C'est dire si la création de cet établissement revêt un caractère symbolique. Seuls les meilleurs élèves - une centaine en 2010, un millier à terme - y seront admis au terme d'une sélection drastique (dossier et entretien). Il leur faudra d'autant plus redoubler de motivation que le cursus, intensif (cinq ans dont trois spécialisés), se déroulera par apprentissage. Un mode de formation particulièrement difficile mais adapté aux élèves de milieux modestes, qui peinent à financer leurs études. Ceux-là mêmes que l'école ambitionne de recruter.

« Les entreprises ont besoin des minorités visibles, de ces diplômés atypiques qui sont devenus ingénieurs après être passés par un atelier. Ils font de très bons repreneurs ou créateurs d'entreprise. Nous leur délivrerons un enseignement spécifique qui s'appuie sur leurs acquis. Notre but n'est pas d'en faire des clones de l'Essec », explique le créateur de l'école, Jean-Pierre Boisivon, qui dit avoir « reçu le soutien d'un tiers des entreprises du CAC 40 » et quelques engagements fermes (AXA, Air Liquide, Suez...) pour 2010. Pas jaloux, une petite dizaine d'établissements (Centrale Nantes, Audencia, EM Lyon, Insa Lyon, ESC Troyes, Université technologique de Troyes) s'associent au projet : l'école verra le jour sur quatre sites régionaux à Paris, Troyes, Nantes et Lyon.