L'après élection au ps

Martine Aubry, patronne des socialistes, a affirmé mardi que le PS avait "six mois pour changer de cap", devant son conseil national réuni à Paris pour réfléchir à son échec aux européennes. "Notre parti a subi dimanche une importante défaite électorale, nous devons en comprendre les causes et en tirer toutes les conséquences", a-t-elle dit en ouverture d'un discours prononcé à huis clos, mais distribué par son équipe à la presse.

Elle a détaillé une feuille de route avec les grands traits d'un calendrier comprenant l'annonce d'une "nouvelle gouvernance" dans "les prochains jours" ainsi que, "dans les jours qui viennent, l'engagement de discussions avec l'ensemble de la gauche". Il y aura fin août aux universités d'été à La Rochelle les premiers éléments de lancement du projet, puis avant la fin de l'année "une grande convention sur le nouveau développement social, économique et écologique". S'agissant des régionales, nous devons commencer aujourd'hui", a ajouté la maire de Lille, qui "va réunir très vite les présidents de région pour réfléchir".

"C'est à une profonde refondation de notre parti que j'appelle", a martelé Mme Aubry. "Refondation des idées, refondation à gauche, mais aussi profonde refondation de nos pratiques, nos démarches personnelles et collectives."

Après le fiasco des élections européennes (16,48 %), Martine Aubry a promis mardi soir aux dirigeants socialistes réunis en conseil national de « changer le mode de gouvernance » du parti. Traduction immédiate : deux nouvelles structures vont donc apparaître dans l’organigramme de la direction, qui comprend déjà la bagatelle de plus de 400 dirigeants…(voir infographie).


L’une des propositions phare d’Aubry lors du congrès de Reims était pourtant de fonctionner avec « une direction resserrée ». Huit mois plus tard, les effectifs ont gonflé à vue d’oeil avec, devoir d’unité oblige, l’entrée des amis de Ségolène Royal en février dernier.

« Une grosse tête et un petit corps »

Désormais, la première secrétaire souhaite associer aux décisions « les grandes figures du parti », réunies dans une sorte de comité des sages. « Réuni à intervalles réguliers », il assistera Aubry. Seconde nouveauté, la mise en place d’une « équipe collective resserrée ». Une sorte de G 15 qui planchera sur des questions clefs : projet, alliances, stratégie. Ses membres pourront déjà appartenir au secrétariat national, ou non.
La fusée socialiste se dote ainsi d’un nouvel étage, au risque de la rendre totalement ingouvernable. « Le PS, c’est une grosse tête et un petit corps », raille Malek Boutih. Pour le député Bruno Le Roux, proche de François Hollande, « le problème est moins de créer de nouvelles structures que de débattre et surtout de trancher dans les instances existantes ». Vu les effectifs, la tâche sera difficile. Exemple au secrétariat national, le « gouvernement », qui se réunit le mercredi rue de Solferino, au siège du PS. « Il y a là les intelligents, les bavards, les ennuyeux, qui prennent la parole sur tout et n’importe quoi. La qualité des débats en pâtit », note un habitué.
Mardi soir, lorsque le conseil national s’est réuni dans un hôtel parisien, Henri Emmanuelli, pourtant ex-premier secrétaire, n’en revenait pas. « On ne sait plus qui est membre de quoi… C’est impossible de travailler là-dedans. A force de remplir les salles, on les réduit à l’impuissance. » A 17 h 30, plus de 300 dirigeants étaient là. Trois heures plus tard, ils n’étaient plus qu’une vingtaine de rescapés…