L'Europe prône la semaine de 60 heures

DUREE DU TRAVAIL.
L'Europe prône la semaine de 60 heures
Catherine Gasté-Peclers
mercredi 11 juin 2008 | Le Parisien

Les ministres européens ont adopté hier un accord prévoyant d'autoriser les salariés volontaires à travailler jusqu'à 60 heures, voire plus. Un texte très controversé et qui doit encore être adopté par le Parlement européen.

TRAVAILLER 48 heures par semaines, voire 60 heures, ou plus ? Alors que le président de la République Nicolas Sarkozy a décidé de sortir du « carcan » des 35 heures hebdomadaires au nom du slogan « travailler plus pour gagner plus », la durée du travail à la carte est dans l'air du temps.

En effet, dans la nuit de lundi à mardi, après douze heures de discussions, les ministres de l'Emploi des 27 pays de l'Union européenne ont choisi de fixer les règles autorisant les Européens à travailler jusqu'à 60 heures ou 65 heures par semaine. Les Britanniques ont déjà ouvert la voie.

D'autres pays de la communauté pourraient suivre, à condition que le Parlement européen donne encore son feu vert. Et c'est loin d'être assuré.

De quoi s'agit-il ? Cet accord conclu par les ministres européens (à la majorité) prévoit tout d'abord que le plafond hebdomadaire de 48 heures de travail reste la règle. En clair, c'est la durée maximale autorisée dans tous les pays d'Europe.

En France, par exemple, bien que la durée légale soit fixée à 35 heures, un salarié peut être amené à effectuer jusqu'à 48 heures de travail (rémunérées en heures supplémentaires).

La nouveauté, c'est que l'accord prévoit de porter le temps de travail jusqu'à 60 ou 65 heures (dans certaines conditions) pour les salariés qui l'acceptent à titre individuel. Autrement dit, sur la base du volontariat. Des durées qui pourront être portées à 70 heures voir plus si les conventions collectives des pays concernés l'autorisent.

Ce texte a-t-il des chances de passer ? Il faut l'unanimité au Parlement. Si certains pays voient dans ce texte « des avancées sociales », d'autres à l'inverse sont très critiques comme l'Espagne, la Belgique, la Grèce, la Hongrie et Chypre et appellent à un arbitrage musclé du Parlement, qui doit se prononcer d'ici à la fin de l'année.

Dès hier, l'Espagne s'attelait à l'organisation d'un « front démocratique » contre un projet « rétrograde ». « Nous sommes au XXIe siècle, dans l'ère de la conciliation du travail et de la vie de famille, pas à l'époque de l'exploitation et du semi-esclavage », pestait une représentante du Parti socialiste espagnol annonçant une mobilisation de son pays. Côté syndical, aussi. La Confédération européenne des syndicats (dont la CFDT et la CGT font partie) a jugé cet accord « inacceptable ».

Un dossier chaud que Nicolas Sarkozy aura à traiter dès le 1er juillet, date à laquelle il prendra la présidence de l'Union européenne.

Cela va-t-il s'appliquer en France ? Non ! a juré Xavier Bertrand, qui a pourtant poussé à cet accord lors des discussions à Bruxelles. Le ministre du Travail s'est employé hier à rassurer les Français, en précisant que cette dérogation individuelle au temps de travail « n'est pas pour la France » où ce sont les conventions collectives qui priment. « La France n'a pas la vocation d'abandonner la moindre de ses garanties sociales », a-t-il conclu.

voila l'Ue que l'on refuse , celle qui calque ses lois sur les pays sans lois de protection !

70 heures par semaine , ou 10 heures par jour 7 jours sur 7
Même au 19 eme , ils n'osaient pas puisque le dimanche était sacré pour suivre les preceptes d el'église !
ou plus de 11 h 45 par jour pendant 6 jours !!!!!!

Ca c'est encore pour faire plaisir à la Grande-Bretagne. Y'a vraiment des jours où je me demande ce qui retient la GB de sortir de l'UE. Ca serait plus honnête que de casser petit à petit la protection sociale de la plupart des pays de l'UE.

oui , je suis bien d eton avis !
mais j'attends que les pays tels l'Allemagne , la France , montent au créneau !

Je vois bien le genre de "volontariat" que cela implique.
C'est bizarre Livaste, ici on dirait presque que tu es gauchiste

je n'ai jamais posté que j'étais d'accord avec le propositions de l'UE puisque j'ai osé dire que j'étais noniste !!
ce qui m'a valu des volées de bois vert de la part d eLibéral !
Je suis UMPiste .. pas libérale et plutôt gaulliste !

Il faut dire que la droite "sociale" se perd.

il en reste , et heureusement , on est le poil à gratter du parti !

C'est le coté bling bling qui est à la mode.

c'est dépassé le bling bling !!
Maintenant on se doit d'être sérieux , j'espère que cela ne va pas tourne jusqu'à l'extrême moralisation comme sous Louis XIV !! mais je peux m'empêcher de penser que ce roi aussi a changé de style quand il a changé de maitresse !!!

Le roi a changé, mais pas certains de ses sujets

faut-il que tous les pays de l'UE acceptent ces 60 heures par semaine , de travail légal....?parce que je doute que tous on signé ce texte ... j'estime que 48 heures par semaines étaient excessivement suffisant ...

deuxième écrit:

je viens de relire.... En effet, dans la nuit de lundi à mardi, après douze heures de discussions, les ministres de l'Emploi des 27 pays de l'Union européenne ont choisi de fixer les règles autorisant les Européens à travailler jusqu'à 60 heures ou 65 heures par semaine. Les Britanniques ont déjà ouvert la voie. et là je ne comprends PAS !

ce qui signifie , Aline , c''est que l'ue va accroitre encore les difficultés économiques des pays qui ont une réelle protection sociale , ce qui signifie qu'on aligne sur les pays les moins protecteurs ,ca qui signifie que pour des pays comme la France et l'Allemagne , les délocalisations continueront !
Et c'est un bon spectaculaire en arrière , la durée légale du travail , en France , même en 1950 était de 48 h !

1. Les grandes dates de la réduction du temps de travail en France
La notion de temps de travail - et de son corollaire la réduction qui est essentiellement due aux luttes organisées par le mouvement ouvrier- apparaît au XIXème siècle avec le développement du capitalisme industriel et du salariat.

Le cadre actuel est l'aboutissement d'un long processus en deux grandes étapes :




Avant 1936 :
En 1841, une première loi vient réduire la durée du travail des enfants de moins de 12 ans, puis ce sera la limitation du travail de nuit des filles de moins de 21 ans (1874).

En 1900, première loi limitant la durée journalière de travail et en 1906, premier repos hebdomadaire. 1919 verra apparaître pour la première fois la limitation de la semaine de travail.



Depuis 1936 : Cette année, sera celle de l'avènement du front populaire. Son arrivée au pouvoir déclenche un mouvement de grève spontané en mai et juin 36. Le gouvernement de Léon Blum favorise alors la signature d'un accord entre le patronat et les syndicats (le 7 mai 1936, les accords Matignon seront signés, parmi les mesures les plus importantes : Etablissement des conventions collectives, l'éléction de délégués-ouvriers et augmentations des salaires). Par la suite, l'assemblée votera la loi sur la semaine de 40 heures et celle sur les congés payés.



L'évolution de réduction de la durée du travail est enclenché ; la deuxième grande étape sera le passage au 39 heures et à la cinquième semaine de congés payés (1982 peu après l'arrivée de Fr. Mitterand au pouvoir), puis aux 35 heures en 1998 et 2000 (Loi Aubry I et II).



Cette réduction touchera tous les pays à des époques différentes (voir ci-dessous).





1841 (22 mars) : Première loi limitant la durée du travail, elle concerne uniquement le travail des enfants.




1848 (9 septembre) : Un décret fixe la durée journalière maximum de travail de douze heures.

1890 (1er mai) : Cette date commémore depuis 1890 une manifestation pour la journée de huit heures qui se déroula à Chicago en 1866 et fut réprimée dans le sang.

1891 (7 août) : A Nantes, à la suite d'une grève des mouleurs, signature de la première convention collective de France (applicable au 1er décembre 1891). Cette convention collective fixe la journée de travail à dix heures (art. 1er).


1900 (30 mars) : Loi "Millerand" fixe la journée de travail à 10 heures.

1906 : Premier repos hebdomadaire (une journée à l'époque).

1919 (23 avril) : Une loi fixe la journée de travail à 8 heures et pour la première fois la semaine à 48 heures.




1936 (20 et 21 juin) : Ces lois ont institué la semaine de 40 heures et les premiers congés payés (deux semaines) ; la loi sur les 40 heures prévoyait des décrets d'application par secteurs d'activités qui ont institué des dérogations.





1976 (16 juillet) : Loi insituant un repos compensateur, pour les heures supplémentaires effectuées au-delà de 42 heures, dans les entreprises de plus de 10 salariés.




1982 (16 janvier) : A la suite d'un changement de tendance politique, le gouvernement de gauche, en place depuis le 10 mai 1981, prend une ordonnance qui avait pour but de réduire et aménager le temps de travail.

Ce texte s'articule autour de plusieurs points :

la semaine de 39 heures ;

la cinquième semaine de congés payés ;

la notion de modulation du temps de travail (activités saisonnières) ;

la possibilité pour les branches professionnelles de négocier des accords dérogatoires à la règlementation du travail.






2. Evolution de la durée du travail
Durée du travail en 1837 dans les principaux états industriels

CONTREES HEURES DE TRAVAIL PAR SEMAINE
Angleterre 69
Etats-Unis 78
France 72 à 84
Prusse 72 à 90
Suisse 72 à 84
Autriche 72 à 80
Tyrol 78 à 80
Saxe 72
(Saxe) 84
(Prusse) 94


Source : D'après un relevé publié dans la Revue Britannique et cité dans l'ouvrage "De la condition physique et morale des jeunes ouvriers et des moyens de l'améliorer" - Edouard Ducpetiaux, Bruxelles, 1843.
Durée du travail en 2004 dans les principaux états industriels européens

PAYS Durée conventionnelle moyenne de temps de travail par pays

Estonie, Grèce, Hongrie,
Lettonie, Lituanie,
Malte, Pologne et Slovénie 40
Irlande et Luxembourg 39
Suède 38,8
Slovaquie 38,7
Autriche et Espagne 38,5
Portugal 38,4
Belgique, Chypre, Italie,
République Tchèque 38
Allemagne 37,6
Finlande 37,5
Royaume-Uni 37,2
Danemark et Pays-Bas 37
France 35

NB : Dans son dernier rapport réalisé en 2004 pour la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail, l'Observatoire européen des relations industrielles de la Fondation indique que la durée moyenne de travail d'un citoyen européen est de 38,6 heures par semaine dans l'UE à 25.








Source : "Travailler plus, travailler mieux ?" , OIT article septembre/octobre 1999 - Mise à jour janvier 2000.
http://www.ilo.org/

Les allemands, faut pas trop compter sur eux pour monter au créneau, quoique ça s'arrange ces derniers temps, mais malgré les mobilisations, insuffisantes, quand on sait que Hartz IV est passé...

PAr contre, va dire ça à un français ou un espagnol (qui sont ceux qui cumulent le plus de grève par an), et là je pense qu'on va rigoler.)

Sinon je propose aussi qu'on réautorise le travail des enfants, qu'on arrête de payer mieux ceux qui travaillent de nuit ou le dimanche et qu'on rétablisse le fouet dans les usines.

il n'y aura pas besoin de rétablir le fouet ( qui n'a d'ailleurs pas été pratiqué ) , il suffira d'attendre que les Français soient tellement affamés qu'ils accepteront n'importe quoi , à n'importe quel prix !

Bah quand on voit que de plus en plus de gens sont obligés de renoncer à leur rtt, à des augmentations ou doivent accepter de travailler 39h payées 35, effectivement, on peut dire que c'est accepter n'importe quoi?
Et encore, en Allemagne justement, le dumping salarial est en vigueur parfois...

Et pas que parfois... Le SMIC commence tout juste à être introduit dans certaines branches. Le salaire de pas mal de salariés allemands est scandaleusement bas!

Merci la social-démocratie...

C'est les soc dems qui font le forcing pour le SMIC j'te signale. Non mais!

Facile après avoir instauré le Hartz IV...

Hartz IV était sans doute dans une certaine mesure nécessaire (je trouve dommage par contre qu'on ait appliqué les mêmes mesures à l'est, alors qu'on sait pertinemment qu'il n'y a que peu de créations d'emploi), et est en partie légitimé par le combat pour un salaire minimum.

C'est à n'y plus rien comprendre à l'heur où le SPD tombe au plus bas dans les sondages et que die Linke lui colle aux fesses ...HArtz IV a été une catastrophe sur bien des plans, il n'a rien amèlioré du tout, il a paupérisé les populaitons, surtout à l'est en les précarisant pour faire regonfler quelques statistiques. Toute une partie...du parti n'hésit eplus à le dire face caméras. Merci Gerhahrd!!

En gros, si le SPD laminé veut faire quelquechose aux élections, il faut qu'il se replace à gauche et abandonne l'Agenda 2010. Perso je ne demande que ça.

Je serais plus nuancée que ça, même si évidemment, ça n'a pas été la franche réussite dépeinte par ce connard formidable chancelier qu'était Schröder.

J'arrive un peu tard dans la discussion alors je vais me borner à dire ce que je pense de cette mesure. C'est caractéristique de mes positions quand je suis d'accord en théorie et pas d'accord en pratique. Sur le fond je suis parfaitement d'accord avec l'idée même de virer tout plafond de temps de travail hebdomadaire sur le principe du libre consentement. Enfin le volontariat quoi. Mais en pratique on sait très que dans un pays où il existe un chômage structurel on ne peut jamais parler de libre consentement quand il s'agit de signer un contrat de travail pour le salarié. en général, par les temps qui courent, on signe ce qu'on trouve (et je suis bien placé pour en parler). Dans le fond c'est la même chose que le travail le dimanche. Je suis pour en théorie et contre en pratique puisque le travail le dimanche deviendra à terme la norme d'embauche.

Bref si on pouvait envoyer chier un employeur potentiel en lui disant "vous me prenez pour un jambon ou quoi ? Vous avez vu ces conditions d'embauche ? Je vais aller voir ailleurs si y'a pas mieux !" comme c'était le cas dans les années 70 - mon père m'en parle souvent - je ne dis pas... Mais en l'état on sait très bien que ça ne peut créer à terme que de la paupérisation.

Et puis sur ce sujet, je pense qu'on n'arriverait pas à de telles situations s'il existait un syndicalisme européen digne de ce nom. L'Europe technocrate joue énormément de cette cette absence. Tout passe comme une lettre à la poste, il n'y a aucune coordination des salariés européens alors que nous sommes à l'ère du tout-numérique. Le syndicalisme européen a des dizaines d'années de retard !

Eh oui, et le retard dans ce genre de guerre c'est fatal. Les syndicats ont été mis hors-jeu parce qu'ils sont cantonnés dans un rôle de réaction, donc dans une fonction a posteriori qui leur ôte tout crédit ou presque (d'où le reproche qui leur est souvent fait de toujours s'opposer sans rien proposer, ce qui est parfois vrai mais aussi dû au fait que leur position ne les met que rarement en état de proposer quoi que ce soit véritablement).