Aubry rame au Zénith

« La priorité, c’est le Caddie… »
Le matin, Aubry n’a pas pu faire monter sur scène les élus locaux comme prévu. Au risque de se retrouver devant une salle vide. Dans l’après-midi, sur trois mille places disponibles, à peine mille cinq cents ont trouvé preneur. Le sénateur (ex-PS) Jean-Luc Mélenchon a fait mieux au début du mois en lançant son Parti de gauche. « C’est pas si mal… » positive pourtant Aubry. A ses yeux, l’essentiel n’est pas le nombre. En organisant un Printemps des libertés à la sortie d’une journée de mobilisation sociale et au lendemain du lancement de sa campagne pour les européennes, le PS a voulu montrer qu’il était sur tous les fronts. Quitte à apparaître en décalage. « La priorité du moment, c’est le Caddie et pas les belles déclarations », explique un porte-parole de l’association Agir contre le chômage, présent sur place.

« Pas de tam-tam chez les militants »
Heureusement, le Nord, acquis à la première secrétaire, a envoyé au Zénith « entre huit et dix cars ». Les Jeunes Socialistes occupent aussi les premiers rangs. Mais hier, les fédérations de la région parisienne sont dans le collimateur. « Il ne suffit pas d’un mail pour mobiliser », tonne François Lamy, le lieutenant d’Aubry. Chargé des fédérations, Christophe Borgel admet que les cadres du parti sont « sous tension ». Entre le contre-plan de relance, les élections européennes, la mobilisation sociale… « le parti n’est pas encore en mesure d’enchaîner les initiatives ». Proche de Ségolène Royal, la députée des Deux-Sèvres Delphine Batho y voit un mal plus profond : « Il n’y a eu aucun tam-tam auprès des militants. Les décisions qui tombent du sommet, ça ne fonctionne plus. »

« Y a des fatmas et des youyous »
Sur scène, on est loin de la Fête de la fraternité à la mode Royal. Pas de prompteur ni de gestes théâtraux, encore moins de tenue indienne : Aubry veut faire de la politique et préfère Jean Jaurès à Edmond Rostand, Paul Ricoeur à Coluche. Accusée la veille par le député de l’Essonne PS Manuel Valls « d’antisarkozysme obsessionnel » et « d’angélisme » en matière de lutte contre la délinquance, la première secrétaire rétorque vouloir faire « rimer égalité et sécurité ». « Parler de sécurité et pas de crise, Nicolas Sarkozy ne peut pas nous refaire le coup. Nous ne le laisserons pas faire », lance-t-elle dans son discours avant de laisser la place aux artistes.
Le rappeur lillois Axiom lâche son refrain : « Dans ma mairie, y a des fatmas et des youyous… des foulards, des babouches et des boubous. » L’ex-garde des Sceaux Marylise Lebranchu est à deux doigts de se lancer dans une danse du ventre. Mais les dirigeants peinent à suivre. Le PS n’a pas encore trouvé le bon tempo.