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Le modèle suédois dans la tourmente

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Message  Invité Mar 10 Mar - 23:18

Le modèle suédois dans la tourmente

Entretien avec Ola Bergström, enseignant -chercheur à la Business School de l'université de Göteborg.



stockholm Comment la crise se manifeste-t-elle en Suède aujourd'hui ?


Evidemment, notre monnaie, la couronne suédoise est affaiblie, mais pour autant le pays ne semble pas prêt à entrer dans l'Euro. Pour ce qui est des licenciements, l'annonce de plan de licenciement n'ont jamais été aussi nombreux. Nous sommes dans une situation similaire à celle du début des années 90 où nous avions subi une crise financière très sévère. Depuis octobre 2008, nous sommes à un rythme de 10 000 licenciements par mois. Evidemment, les entreprises en profitent. Elles avaient des « besoins cachés », des mesures en préparation mais personne n'osait bouger jusqu'en septembre dernier. Le service public de l'emploi qui annonçait les chiffres des licenciements une fois par an, puis une fois par trimestre, les annonce désormais une fois par mois.

Un des secteurs les plus touchés est l'automobile car Volvo, contrôlé par Ford et Saab, contrôlé par General Motors, souffrent des graves ennuis tant de leurs propriétaires que des marchés américains dont ils sont très dépendants. Et ce plus tôt et plus gravement que leurs concurrents européens. Du côté des camions, alors que 2008 avait été une bonne année, avec des pics de production records, les commandes se sont subitement arrêtées tant chez Volvo que chez Scania. Le reste du secteur manufacturier avec Ericsson, par exemple, n'est pas brillant. Tout cela va toucher les municipalités dont les ressources, par le biais de la collecte des taxes, vont être amputées ce qui les obligera sans doute à licencier elles aussi, en particulier dans le secteur de la santé. Ceci dit, quelques secteurs vont plutôt bien, notamment celui de l'énergie, qui a beaucoup développé les énergies nouvelles et qui regarde à nouveau vers le nucléaire, même si cela reste pour les Suédois un sujet très sensible.

Quelles sont les mesures prises pour lutter conte la crise ?

De nouveaux discours font ou refont surface, notamment du côté syndical : contrôle des entreprises, substitution de l'Etat pour payer les salaires dans les entreprises défaillantes... Ce qui est sûr, c'est qu'il y a une implication beaucoup plus forte de l'Etat. Il investit fortement dans des programmes de recherche-développement pour le secteur automobile, dans des infrastructures routières, dans des programmes de formation, notamment dans la région de Göteborg, dans des garanties apportées aux banques, liées à une limitation des bonus. Notre crise des années 90 nous a beaucoup appris et l'Etat reste très hésitant pour investir directement dans le secteur automobile.

En matière sociale, le gouvernement vient de donner plus de moyens au service de l'emploi, plus d'argent pour la formation. Il est même revenu en partie sur la hausse des cotisations - chômage, qui restent basées sur le volontariat en Suède, mais dont les montants étaient devenus dissuasifs pour un certain nombre de personnes: n'y souscrivant plus depuis des mois, elles se retrouvaient aujourd'hui dépourvues d'assistance. Enfin, dans chaque région, les gouverneurs sont désormais chargés de coordonner tout ce qui se passe en matière de licenciements collectifs.

Le modèle suédois est-il en train de changer ?

En fait, le système devrait continuer d'assez bien assurer les transitions professionnelles pour les personnes qui ont déjà un emploi. Simplement, le temps pour en trouver un nouveau va sans doute s'allonger, passer pour certains de 6 à 12 mois. Là où le système est défaillant c'est pour ceux qui n'ont pas d'emploi, notamment les jeunes - dont le taux de chômage avoisine les 20% - et les migrants, en dépit de nombreuses mesures d'intégration promues par les pouvoirs publics. Il y a un nouvel accent mis sur les fondations paritaires pour la sécurité des emplois. Avec le paradoxe que les grandes entreprises, qui s'occupaient auparavant de monter leurs propres efforts de reclassement, l'externalisent de plus en plus vers ces fondations. Il y a là sans doute une erreur !

Nous qui nous pensions en tête du modèle européen, nous commençons à regarder ailleurs. Ainsi Volvo a découvert que son usine de Gand en Belgique bénéficie du chômage partiel, financé en partie par la collectivité, qui permet d'éviter les licenciements. Or, cette mesure a été abolie chez nous dans les années 90 ! On voit aussi monter les demandes de formation, alors que nous pensions que nos entreprises n'avaient pas attendu la crise pour le faire et que nos salariés étaient en général très bien formés.

Il n'y a pas pour autant de grèves, de manifestations. Il y a une certaine continuité, y compris des accords de restructurations, signés dans les entreprises, à l'exception de Telia Sonera. Mais le dialogue reste permanent entre employeurs et syndicats. Ceci dit, la crise pose de nouveaux problèmes politiques avec le paradoxe qu'après chaque critique de la gauche, le gouvernement de centre droit prend des mesures de type social démocrate !

Des propos recueillis par Claude-Emmanuel Triomphe

http://www.metiseurope.eu/le-mod-egrave-le-su-eacute-dois-dans-la-tourmente_fr_70_art_28222.html

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