Le groupe Flo va fermer les Bistro Romain

D'ici trois à cinq ans, ce sera fini. Il n'y aura plus de Bistro Romain. «Cette marque va disparaître, c'est ça, la réalité», a prévenu hier Dominique Giraudier, président du directoire du groupe Flo, propriétaire de l'enseigne. À cause de la crise, bien sûr : les Français vont moins au restaurant et, quand ils sortent, ils recherchent les petits prix. Mais ce n'est pas la seule explication. Bistro Romain paie aussi une montée en gamme ratée. Son cœur de cible à l'origine était une clientèle «orientée CSP -», fan du carpaccio et de la mousse au chocolat à volonté de la chaîne. Une bonne dose de calories pour moins de 10 euros. Dans l'esprit de nombre de consommateurs, aujourd'hui encore, Bistro Romain reste synonyme de cette offre à prix discount. Le changement de style est mal passé. Résultat, les 36 Bistro Romain de France n'ont plus d'avenir, selon son propriétaire.

La valeur de la marque a été ramenée à zéro dans les comptes de 2008. Cette dépréciation explique les pertes de l'exercice, 38,4 millions d'euros. Une analyse établissement par établissement sera conduite. À partir de 2010, des Bistro Romain deviendront des Hippopotamus et pourquoi pas des Tablapizza. «Il n'y aura pas de fermeture brutale», promet Dominique Giraudier. Pas de cession en bloc non plus.

Dans l'ensemble, 2008 a été rude pour Flo. Les premiers signes de ralentissement datent d'il y a un an. Le chiffre d'affaires, à périmètre constant, a chuté de 4,6 %. Tous les voyants sont au rouge. Les investissements sont réduits de moitié pour 2009, à une vingtaine de millions. Après 45 inaugurations des restaurants en 2008, les ouvertures sont au ralenti : il y aura 5 nouveaux établissements détenus en propre et 20 en franchise.


Réduction des effectifs de 20 à 25 %

D'ici à fin 2009, les effectifs auront été réduits de 20 % à 25 % par rapport à fin 2007. L'an dernier, ils ont déjà diminué de 15 %, sans plan social, grâce à un important turnover. Les départs ne seront donc pas remplacés. La proportion de temps partiel, qui était inférieure à «10 %», devrait passer à 30 %. «Nous sommes en crise, incontestablement», insiste Dominique Giraudier. Dans les restaurants, les promotions ciblées se multiplient (la sole à - 30 % dans les brasseries ; des bons de réductions Bistro Romain à télécharger sur Internet…). En interne, l'organisation s'adapte aussi. Le groupe va changer de gouvernance et nommer un conseil d'administration. Il a aujourd'hui une préoccupation majeure : réduire le niveau de la dette. Des négociations sont en cours avec ses banques pour réaménager les conditions de leurs prêts.