Le chantier du nouvel EPR créera 2500 emplois

Voilà de quoi mettre du baume au cœur d'une région fortement touchée par la crise. La décision de construire le deuxième réacteur EPR (European Pressurized Reactor) en France, sur le site de la centrale nucléaire de Penly, au nord de Dieppe, en Seine-Maritime, fait l'unanimité en Haute-Normandie. Ou presque. Les Verts, sans surprise, auraient préféré que l'argent investi dans ce réacteur le soit plutôt dans les énergies renouvelables qui, à terme, «généreront davantage d'emplois», selon les élus écologistes au conseil régional.

La construction de l'EPR, c'est la promesse «de centaines de milliers d'heures de travail» , se réjouit Daniel Joffroy, le président de la communauté de communes du Petit Caux, où se situe le site retenu. Pour être mis en service à l'horizon 2017, les travaux devront débuter cinq ans auparavant, en 2012. Selon EDF, acteur majoritaire de ce projet, «il faut partir sur au moins 2 500 personnes au plus fort du chantier». Une fois le réacteur entré en service, trois cents emplois environ seront pérennisés.

Tout le défi pour les acteurs économiques locaux consiste désormais à capter une partie de cette manne. C'est le rôle de la chambre de commerce et d'industrie de Dieppe, «mobilisée depuis des années pour obtenir l'EPR».


«Une chance inouïe»

«Toutes les conditions techniques étaient réunies pour que Penly ait ce réacteur de troisième génération, souligne Éveline Duhamel, la présidente de la CCI. C'est une chance inouïe pour notre département.» Comme ce fut le cas pour la construction des deux réacteurs de l'actuelle centrale à la fin des années 1980, la CCI «va se mobiliser pour impliquer les PME locales». Comment ? «Nous allons beaucoup travailler avec EDF pour expliquer et préparer nos entreprises à l'arrivée de cet immense chantier» , souligne Éveline Duhamel.

Comme à chaque grand projet - ce qui fut le cas au Havre avec la construction de Port 2000 - une cellule régionale des marchés va être activée par la chambre régionale de commerce et d'industrie. Le but est de jouer le rôle d'interface entre le donneur d'ordre et les sous-traitants. «Nous savons que nous ne serons pas les sous-traitants directs d'EDF, mais nous pouvons arriver au deuxième ou troisième rang», explique un chef d'équipe d'une petite entreprise de bâtiment et travaux publics de la région dieppoise.

Au-delà du seul bassin d'emploi de Dieppe, la construction de l'EPR apporte un nouvel espoir à l'ensemble du tissu économique d'une région frappée de plein fouet par une double crise, celle de l'automobile et celle de l'industrie verrière. «À Dieppe, note Éveline Duhamel, l'usine Renault, qui fabrique des voitures de sport, est confrontée à longues périodes de chômage technique. Derrière, tous les sous-traitants souffrent énormément.»«L'EPR est une compensation extraordinaire pour la région», estime pour sa part le maire communiste de Dieppe, Sébastien Jumel. En Haute-Normandie, quelque 16 000 emplois de l'industrie - sans parler des conséquences que pourrait entraîner à moyen terme une baisse continue des trafics maritimes - sont sur la sellette.