Tempête: début de polémique sur la fragilité des réseaux électriques

La tempête, qui a privé d'électricité 1,7 million de foyers samedi, a fait naître un début de polémique, des collectivités déplorant la reconstruction "à l'identique" des réseaux après les intempéries de 1999, un événement dont ERDF estime pourtant avoir tiré les enseignements.

"Après la tempête de 1999, ERDF a reconstruit les réseaux à l'identique, alors que nous plaidions pour l'enfouissement car nous avions vu que les réseaux aériens étaient fragiles", a dénoncé la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR).

Interrogé par l'AFP, le directeur général adjoint d'ERDF (Electricité Réseau Distribution France), Bernard Lassus, a souligné qu'après cet événement, son groupe "s'était engagé à enfouir 95% des nouvelles lignes": "c'est ce que nous avons fait", a-t-il affirmé.

"En 2008, nous avons enfoui 3.000 kilomètres de réseaux moyenne tension. Dans les années qui viennent, nous allons intensifier nos efforts et progressivement passer à 5.000 kilomètres par an, vers 2012", a-t-il détaillé. "Tout cela peut paraître long, mais ce sont des investissements lourds".

Un enfouissement de l'ensemble des lignes (1,3 million de kilomètres) "reviendrait à peu près à 100 milliards d'euros", selon lui.

Or, "notre rémunération se fait au travers de la facture des clients" qui ne pourraient supporter un tel surcoût. "C'est pour cela que nous nous focalisons surtout sur les lignes neuves", a-t-il ajouté.

L'enfouissement ne fait d'ailleurs pas l'unanimité. "Ce n'est pas la solution miracle" car "les travaux peuvent causer des dégâts écologiques", estime France Nature Environnement qui plaide pour "moins de ligne, mais une production plus décentralisée et adaptée au territoire".

Outre cette problématique, la FNCCR reproche à ERDF d'avoir baissé "très fortement" ses investissements dans les années 2000, provoquant ainsi une "dégradation sérieuse de la qualité".

"Dans les années 1990, on était à plus de 2,5 milliards d'euros par an. Au milieu des années 2000, on se situait vers 1,5 milliard. Depuis 2007, les investissements repartent légèrement à la hausse mais cette augmentation n'est pas à la hauteur des besoins et est loin de compenser la diminution des années précédentes", juge la Fédération.

Pour elle, "la sensibilité du réseau aux intempéries est désormais connue", puisqu'"entre 1,5 et 2,5 millions de foyers subissent des coupures chaque année".

Reconnaissant cette baisse des investissements, ERDF dit en avoir "tiré les conséquences" et désormais accroître les sommes consacrées.

"En 2008, nous avons investi 500 millions d'euros pour la qualité du réseau. En 2009, nous allons augmenter ce chiffre de 20% et en 2010 de 40%", soit "deux milliards d'euros en trois ans", a affirmé M. Lassus.

Selon lui, ERDF a aussi amélioré son organisation, avec la création des Fire (Forces d'intervention rapide), qui permettent de mobiliser des agents en cas d'incidents comme cela a été le cas samedi.

ERDF "tronçonne" également désormais ses lignes: "quand l'une est affectée par un aléa, tous les clients de la ligne ne sont pas touchés, mais simplement ceux du tronçon endommagé". "On a cherché à tirer le maximum d'enseignements de 1999".

De son côté, RTE, qui gère le transport de l'électricité et donc les lignes haute et très haute tension, a affirmé avoir engagé depuis 2001 un vaste programme de sécurisation. Ce plan, qui prévoit un investissement de l'ordre de 100 millions d'euros par an, devrait être achevé en 2017.