Lagarde : "Vous ne serez pas déçus"

Après une semaine noire sur les places boursières mondiales, les gouvernements européens vont tenter ce dimanche de redonner un peu de confiance aux investisseurs, pour redresser la barre avant la réouverture des Bourses lundi matin La ministre de l'Economie Christine Lagarde a affirmé que la communauté financière ne serait "pas déçue" des mesures "concrètes" qui seront annoncées à l'issue du sommet qui doit se tenir à l'Elysée. La réunion cherchera à "mettre du muscle sur le squelette" que constitue la déclaration de principes adoptées par le G7, ainsi qu'à "développer, aller au-delà et exécuter" ce plan, a ajouté Christine Lagarde.

La ministre a précisé que les gouvernements devaient présenter des mesures de lutte contre l'assèchement du crédit, des plans de soutien au secteur financier, mais aussi à l'économie réelle. La ministre avait déclaré un peu plus tôt dans la soirée que l'idée de garantir les prêts interbancaires pour faire face à la crise serait débattue lors du sommet. Cette garantie des prêts interbancaires - les prêts que s'accordent les banques entre elle - est au centre du plan de sauvetage que l'Allemagne pourrait adopter dans les prochains jours.

"Eviter des effets de distorsion"

Ce plan de soutien bancaire, s'inspirant de celui mis en place en Grande-Bretagne, pourrait garantir les prêts interbancaires à hauteur de plusieurs centaines de milliards d'euros - 300 ou 400 milliards, selon un expert cité par le quotidien économique Handelsblatt. "Il y aura certainement un débat", a-t-elle indiqué Mais elle a ajouté qu'une garantie de ce type pouvait présenter des inconvénients. "Les garanties, selon qu'elles s'appliquent à certains prêts, certaines émissions de créances, certains prêts interbancaires ou aux dépôts bancaires, ont de multiples dimensions et nous devons les étudier au cas pas cas pour déterminer si elles ont un caractère de distorsion de concurrence", a souligné Christine Lagarde.

Les ministres des Finances et les banquiers centraux du G7, a-t-elle relevé, se sont engagés à faire en sorte que "toutes les mesures prises par un Etat membre devraient s'appliquer à éviter des effets de distorsion pour d'autres Etats membres". Réunis à Washington, les pays du G7 ont promis vendredi de prendre les mesures nécessaires pour restaurer la liquidité sur les marchés mais n'ont pas retenu la proposition britannique de garantir les prêts interbancaires que beaucoup voient comme un moyen crucial pour sortir de la crise.

A l'échelle nationale, le gouvernement français va présenter un collectif budgétaire, lors d'un Conseil des ministres extraordinaire lundi, pour intégrer dans le budget 2008 les nouvelles dépenses qu'il veut engager pour faire face à la crise, affirme Le Parisien dimanche. Ce collectif budgétaire (version actualisé du budget en cours) regrouperait "les 22 milliards pour les petites et moyennes entreprises (PME), un milliard pour la sauvegarde de Dexia (la banque franco-belge, ndlr) et 2 milliards d'euros pour sauver 35.000 logements qui étaient menacés de ne pouvoir être construits", poursuit le quotidien. Des "mesures nouvelles" pourraient également être annoncées, "dans la foulée" du sommet européen, ajoute Le Parisien.

Les pays émergents entrent dans les négociations

Le G20, qui réunit les principaux pays riches et émergents, s'est engagé samedi à "utiliser tous les outils économiques et financiers pour assurer la stabilité et le bon fonctionnement des marchés financiers". Ils se sont également engagés "à s'assurer que les actions soient étroitement communiquées, de sorte que l'action d'un pays ne se fasse pas aux dépens des autres ou de la stabilité du système dans son ensemble". Sans être annoncé, le président américain George W. Bush, qui a participé à cette réunion ministérielle, a reconnu que la crise était venue de son pays. "La thèse selon laquelle il n'y aurait pas eu de contagion ne tient plus. La crise s'étend aux pays émergents", a lancé le ministre brésilien de l'Economie, Guido Mantega dont le pays préside actuellement le G20. Il a proposé de transformer le G20 en forum pour gérer la crise financière afin de permettre aux pays émergents "de contribuer à la solution". De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) s'est dit prêt à aider les pays victimes de la crise financière, entérinant les orientations adoptées par les grands argentiers du G7. Le FMI doit être prêt à mettre "rapidement" des ressources "substantielles" à la disposition des pays touchés, a affirmé samedi l'instance politique du Fonds, à l'issue d'une réunion à Washington.