Il faut une remise à plat totale du système financier
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Il faut une remise à plat totale du système financier
Grande figure de la finance, qui a passé quarante ans à la tête de la banque Lazard, ex-ambassadeur des États-Unis en France, proche des milieux démocrates, livre ses impressions sur la crise.
http://www.lefigaro.fr/debats/2008/09/27/01005-20080927ARTFIG00174-il-faut-une-remise-a-plat-totale-du-systeme-financier-.php
De son grand bureau vitré de Park Avenue, Felix Rohatyn, celui qui a sauvé New York de la faillite dans les années 1970, figure unanimement reconnue de la finance à la tête de la banque Lazard, qui n'a jamais caché ses sympathies démocrates et francophiles - ce qui lui a valu d'être désigné ambassadeur des États-Unis en France par Bill Clinton en 1997 -, jette un regard à la fois inquiet et légèrement désabusé sur la crise financière qui affecte Wall Street. Ce sage de la finance américaine, véritable successeur d'André Meyer, le conseiller des Agnelli ou des Kennedy, reste consulté sur tous les problèmes du moment. Il reçoit les confidences des grands de ce monde. Et pour Le Figaro, il a accepté de livrer ses confidences sur la crise boursière du moment.
LE FIGARO - À l'heure où nous parlons, la classe politique américaine négocie pour finaliser le plan Paulson. Les démocrates ont-ils raison de demander des garanties supplémentaires ?
Felix ROHATYN - Il y a une chose dont je suis sûr, parce que je suis à la fois proche des démocrates et que je baigne dans la finance, c'est que le parti de Barack Obama ne veut surtout pas que le système boursier explose en vol. Bien sûr le plan préparé dans l'urgence par Henry Paulson et Ben Bernanke mérite d'être mieux encadré. Et je comprendrais très bien par exemple que les institutions qui seront sauvées par ce plan aient à rendre des comptes aux pouvoirs publics, concernant les rémunérations et les avantages consentis aux dirigeants. C'est une revendication tout à fait légitime du camp démocrate, mais aussi de l'opinion me semble-t-il. Et je pense qu'elle est en l'état acceptable par le Congrès.
Au-delà du plan Paulson, tout un débat s'ouvre sur la manière dont fonctionne la finance mondiale. Nicolas Sarkozy a appelé, il y a quelques jours, à la convocation d'une grande conférence internationale sur ce sujet. Qu'en pensez-vous ?
Je pense que votre président a tout à fait raison. Pourquoi ? Parce que la mondialisation a conduit l'économie mondiale à prendre la forme d'une véritable «économie de papier».
De la même manière que l'OMC établit des règles pour les échanges mondiaux de marchandises, il paraît normal que l'on établisse des règles pour les échanges financiers. Échanges qui représentent, je vous le rappelle, 286 000 milliards de dollars ne serait-ce que sur les produits dérivés, soit six fois le montant de la richesse mondiale. Compte tenu de ces sommes en jeu, compte tenu de l'absence de régulation mondiale, compte tenu bien sûr du climat actuel sur les marchés, le moment est venu de remettre à plat le système financier mondial.
En France, certains comparent ce qui se passe aujourd'hui à ce qui est advenu dans les années 1930. Qu'en pensez-vous ?
En revanche, nous avons un problème terrible aux États-Unis, ce sont nos infrastructures, qui ont été laissées à l'abandon par les derniers gouvernements. Rendez-vous compte que 30 % des 570 000 ponts que l'on trouve aux États-Unis ne sont pas sûrs. C'est impensable pour la première puissance mondiale. Il y a là un potentiel de rebond pour l'économie semblable à celui que Roosevelt a mis en œuvre dans les années 1930 pour sortir les États-Unis de la crise. Et si les contribuables peuvent supporter le plan présenté par Henry Paulson, ils peuvent appuyer encore plus facilement un grand plan de rénovation de nos infrastructures.
Toute cette crise est-elle une aubaine pour la candidature de Barack Obama ?
Cette crise n'est une aubaine pour personne. Il faut juste tirer les constats de notre économie telle qu'elle est aujourd'hui. Dans une démocratie normale où règne l'économie de marché, il faut de la transparence, de l'équité et un partage raisonnable de la richesse créée. Or aujourd'hui nous avons tout le contraire.
Il faut donc repenser la distribution de richesse, prendre notre parti que les États-Unis ne sont plus le centre du monde et qu'ils doivent jouer avec des partenaires comme la Russie ou la Chine. Quant aux autres pays occidentaux, ils ne sont pas dans une meilleure position. Autant dire que cette crise n'est bonne pour personne. D'autant que le plus dur est peut-être encore à venir. Mais oui, je pense que Barack Obama est l'homme qui peut vraiment mener les changements dont les États-Unis ont besoin.
http://www.lefigaro.fr/debats/2008/09/27/01005-20080927ARTFIG00174-il-faut-une-remise-a-plat-totale-du-systeme-financier-.php
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